Simplifier la distribution des concentrés pour gagner du temps
TNC le 24/12/2019 à 06:12
La distribution de l'alimentation représente une grande part du temps de travail de l'éleveur. S'il faut en plus faire du cas par cas pour distribuer les concentrés, ça peut vite devenir compliqué. Passer au Dac, à une distribution automatisée pendant la traite ou simplement à la ration complète sont autant de pistes envisageables pour gagner du temps. Tout dépend de l'investissement à prévoir.
Outre ceux qui possèdent un Dac ou un système de distribution à la traite (surtout en robot), encore beaucoup d’éleveurs distribuent le concentré de façon individuelle à l’auge. Une charge de travail importante et une méthode qui se complique lorsque les troupeaux s’agrandissent. Des solutions existent pour se simplifier la tâche.
Ration complète, semi-complète ou Dac : comment se simplifier le travail ?
Pour en finir avec les aller-retours en brouette pour individualiser les concentrés aux cornadis, certains éleveurs ont investi dans des automates de distribution des concentrés à l’auge. Cela fonctionne comme un robot d’alimentation : l’automate charge les aliments et les distribue en reconnaissant les bêtes. Seul bémol : il faut disposer de cornadis et installer des auges individuelles pour éviter que les animaux ne se volent l’aliment entre eux.
Découvrez le Gaec Voidey (25) qui a investi dans l’automate de distribution des concentrés (site de Conseil élevage 25-90)
Le Dac fonctionne différemment. S’il permet d’adapter les apports aux besoins de chaque vache, il demande un certain pilotage (comme pour tout système d’individualisation). Et l’ investissement est à bien raisonner car la facture peut vite grimper (coût de la station + les colliers + les silos + les vis + l’équipement informatique + le montage…) : 19 à 30 000 € pour une soixantaine de VL suivant les équipements.
Autre solution bien moins coûteuse : la ration complète. Elle simplifie le travail au maximum et, selon les dires, sans répercussion sur les performances ou le revenu. Les vaches sont alors libres d’ingérer selon leur potentiel et cela permet d’étaler la consommation de concentrés sur la journée pour limiter le risque d’acidose. Pour éviter de distribuer trop d’aliments, les experts recommandent de caler la ration sur la moyenne de production du troupeau et non pas sur les plus productives. Il est également possible de faire plusieurs lots avec des équilibres de ration différents.
Il n’est pas obligatoire d’investir dans une mélangeuse pour mettre en place la ration complète, une désileuse ou une distributrice peuvent suffire. Il est même possible d’appliquer cette méthode en libre service en incorporant le concentré dans l’ensilage au moment du chantier ou en l’étalant sur le front d’attaque chaque jour.
La ration semi-complète est une autre alternative : il s’agit de mélanger le concentré azoté au fourrage et de n’individualiser que le concentré de production à l’auge (ou au Dac).
Distribuer le concentré pendant la traite
On se souvient des anciens alimentateurs en salle de traite où il fallait tirer une chaine pour faire tomber l’aliment. Cette distribution à la traite revient au goût du jour, notamment par l’installation en masse de robots de traite mais aussi par la modernisation des distributeurs en salle de traite avec l’automatisation.
Cela présente d’ailleurs plusieurs avantages : l’aliment attire les vaches en salle de traite. Plusieurs études prouvent aussi que l’appel de la nourriture augmente le pic d’ocytocines, permettant d’accélérer la cadence de traite (le lait est évacué plus rapidement). Le modèle PipeFeeder d’Hanskamp assure par exemple une distribution continue en petite quantité du début à la fin de la traite.
D’après les données des chambres, il faut compter 400 €/poste pour un système de distribution individualisée classique et 750 € avec cellule et vis d’alimentation.
Solution radicale : arrêter le concentré
Quelque soit le système, il est primordial de surveiller sa consommation de concentrés. Si on est parfois tenté d’en mettre plus pour produire plus, cela n’en vaut pas toujours la peine (et même rarement !). C’est pour cette raison qu’il faut régulièrement faire le point sur son coût alimentaire.
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Les conseillers de la Chambre d’agriculture de Bretagne vont même plus loin en publiant dans un article : « L’efficacité du concentré de production est limitée : au mieux 1 kg de lait/kg de concentré de production, et se fait indépendamment du potentiel de l’animal ou de son rang de lactation. Il n’est pas nécessaire de le distribuer selon la production individuelle de chaque vache. D’ailleurs, une stratégie sans concentré de production permet des performances de 6 500 à 7 500 kg de lait selon le système fourrager, le niveau génétique, la conduite d’élevage (avec 300 à 500 kg/VL/an de correcteurs azotés pour équilibrer l’ensilage de maïs). »
Les essais menés à la station de Trévarez confirment d’ailleurs : le concentré de production fait produire du lait à perte dans 90 % des cas. D’où l’importance bien calculer sa marge sur coût alimentaire !