Les fromagères hautes productrices de l’EARL du Petit Ramard (69)
TNC le 26/12/2019 à 05:57
Qui a dit que l’on ne pouvait pas faire du lait de qualité avec des Prim’holsteins très hautes productrices ? L’EARL du Petit Ramard à Condrieu dans le Rhône prouve le contraire. Cet élevage qui transforme les deux tiers de sa production a été élu « Meilleur éleveur Prim’holstein 2019 » et remporte également le titre de la Vache de l’année avec Galaxie !
Dans la vallée du Rhône (69), au cœur des vignobles de Condrieu et de Côte Rotie, Marc Bouchet et son neveu Quentin Velut n’ont pas choisi l’élevage en fûts de chêne mais bien celui de Prim’holsteins aux qualités laitières dignes d’un grand cru ! Bien qu’ils ne traient que 36 vaches, les associés de l’EARL du Petit Ramard obtiennent le titre de « Meilleur éleveur 2019 » au concours en ligne de la Vache de l’année organisé par Prim’holstein France, derrière le Gaec Cabon (29) déjà récompensé en 2017.
Pour une première inscription au concours, l’élevage du Petit Ramard réalise un superbe doublet en obtenant le titre de Vache de l’année avec Galaxie (Shottle x Rionel Ad), qui âgée de seulement huit ans et cinq lactations, a déjà produit plus de 66 tonnes de lait avec d’excellents taux (44,1 TB, 34,1 TP) et sans cellules (46 000).
La génétique c’est de l’histoire longue et l’amélioration du troupeau se construit de générations en générations d’éleveurs… mais pas toujours ! Marc et son neveu Quentin ont repris l’élevage du Petit Ramard il y a peine six ans et obtiennent déjà le sacre de meilleur éleveur.
Après une quinzaine d’années comme éleveur-fromager dans le massif des Bauges en Savoie, Marc Bouchet cherche une exploitation pour se ré-installer. Il rachète en 2013 la ferme du Petit Ramard, telle quelle à un couple partant en retraite. Il est rejoint un an plus tard par Quentin, parti apprendre le métier en Nouvelle-Zélande.
L’EARL comptait auparavant un couple et trois salariés pour la transformation et la vente. Aujourd’hui, cette petite ferme de 36 laitières et 60 hectares fait travailler neuf personnes à plein temps, dont sept pour la fromagerie et deux sur le troupeau et les cultures. Plus de 300 000 litres sont transformés en une large gamme de produits laitiers valorisés à plus d’1 €/l et 170 000 litres partent en laiterie (Agrial) à 365 €/t, grâce à une qualité de lait irréprochable (super A).
Six vaches à plus de 100 000 kg
En 2013, les associés reprennent un troupeau à 9 800 litres de moyenne avec des animaux à gros potentiel comme le prouvent les cinq vaches sélectionnées au concours, déjà présentes à leur arrivée sur la ferme. À force de rigueur et en augmentant l’ingestion, Quentin est parvenu à une moyenne de 12 490 litres/vache (sur 305 jours) à 39,6 g de TB, 31,9 g de TP et une moyenne cellulaire de 70 000 !
« Faire cracher du lait, ça m’a toujours plu », avoue Quentin, dont déjà six de ses vaches ont dépassé la barre des 100 000 kg de lait, comme Apie la doyenne, qui du haut de ses 14 ans et 19 filles dans le troupeau, dépasse les 132 000 litres. Les plus grosses productrices sont à plus de 17 tonnes de lait en 305 jours. En ce moment, après l’ouverture du nouveau silo, les vaches produisent 40 litres par jour à 42,4 de TB et 33,5 de TP.
Des souches Nord-américaines solides
« Pourtant je ne sélectionne pas sur le lait et les taux, mes objectifs de sélection sont avant tout axés sur la morphologie », fait remarquer le jeune éleveur passionné de concours. « Je cherche des vaches avec une grosse capacité d’ingestion, de la largeur de poitrail et de bassin avec une mamelle solide. À la fin, je regarde les index cellules et les pattes. »
Quentin s’approvisionne en doses de taureaux nord-américains, comme Dormann, High Octane, Silvio, Sidekick chez Semex (Canada) ou Tatoo et Mc Cutchen chez Bovec (USA). « J’aime bien aussi mettre de très vieux taureaux utilisés il y a plus de vingt ans comme Windbrook, Talent, Damion ou Gibson, c’était de la génétique très solide qui apporte vraiment beaucoup. La génomique, ça va trop vite pour moi. Parce qu’additionner des chiffres sur des chiffres ça ne marche pas à tous les coups, alors qu’avec des montages sur des familles profondes, je suis bien plus sûr du résultat que je vais obtenir. »
« Je ne regarde pas les index laitiers comme l’Isu ou l’Inel », concède Quentin Velut. D’ailleurs, les index du troupeau ne sont pas exceptionnels (116 points d’Isu, Inel + 1, – 0,5 TP, + 0,2 TB, lait + 149, Cel + 0,4), mais l’effet troupeau affiche + 4 000 litres de lait, ce qui fait qu’elles expriment très bien au-delà leur potentiel théorique ! « Ainsi, les quelques vaches indexées à + 1 000 litres en lait parviennent à dépasser les 18 000 litres par lactation. Après je ne cherche pas à monter beaucoup plus haut en lait car je risque de baisser en taux et il faudrait passer à trois traites par jour. »
Quentin insémine lui-même, un geste qu’il a appris en Nouvelle-Zélande où il inséminait jusqu’à 200 vaches par jour en pleine saison de reproduction ! Il met environ la moitié de semences conventionnelles, un quart de semences sexées femelles et le dernier quart en Charolais Excellence. Une vingtaine de génisses sont élevées chaque année, « mais il en faudrait moitié moins, car je n’ai pas la place et les vaches qui restent dans le troupeau produisent de nombreuses années. Je vends des génisses mais le marché n’est pas très porteur par rapport à la qualité des animaux. »
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« Inséminer quand la vache est prête »
Bien que la production laitière soit élevée, ses résultats de reproduction sont bons avec 58 % de réussite en 1ère IA, 1,5 dose par IA fécondante et seulement 6 % de vaches à 3 IA et plus.
Comme dans la plupart des élevages qui misent sur le volume de lait, l’intervalle vêlage-vêlage est long : 441 jours. « Tous les risques chez la vache laitière se concentrent autour du vêlage, donc je cherche à en faire le moins souvent possible et faire durer la lactation pour augmenter les taux et réduire le nombre de jours improductifs au cours de sa carrière. Je connais chaque vache par cœur et en la fouillant je sais à quelle chaleur elle est prête à être inséminée ou s’il faut mieux attendre la chaleur suivante. Et pour connaître la période de première IA, je double le nombre de litres de lait au pic. Par exemple, avec un pic à 60 litres/jour, j’attends au moins 120 jours avant d’inséminer. »
Quentin est sorti pour la première fois en concours récemment avec Lausanne (Atwood x Shottle) au National Holstein de St Étienne où elle arrive troisième de section en primipare et meilleure mamelle. Depuis le jeune éleveur participe aux concours départementaux et au Sommet de l’élevage avec Bonenza (Atom x Storm) qui remporte deux fois d’affilée le titre de meilleure laitière en 2018 et 2019 !