La vente de produits phytos en hausse « conjoncturelle » de 8 % en 2018
AFP le 07/01/2020 à 15:50
Les ventes de produits phytopharmaceutiques aux distributeurs ont augmenté de 8 % en 2018, une hausse qui « s'explique essentiellement par une anticipation des achats par les agriculteurs » avant une hausse des taxes en 2019, selon l'association des producteurs et vendeurs de produits phytosanitaires (UIPP).
L’UIPP indique mardi dans un communiqué que 68 000 tonnes de produits destinés au traitement des plantes (fongicides, herbicides, et insecticides pour l’agriculture conventionnelle, mais aussi souffre et cuivre pour l’agriculture biologique) ont été vendues aux coopératives et au négoce agricole.
« Nous pensons que la hausse de 8 % de la quantité de substances vendues par rapport à 2017 est due à un effet conjoncturel », la hausse de la redevance pour pollution diffuse (RPD) entrée en vigueur le 1er janvier 2019, a expliqué à l’AFP Eugénia Pommaret, directrice générale de l’UIPP. Ce phénomène avait déjà été observé lors des précédentes augmentations de la RPD en 2008 et 2015, a-t-elle ajouté.
Pour expliquer cette hausse, Eugénia Pommaret a également rappelé que l’utilisation des produits phytopharmaceutiques dépendait des conditions météorologiques et donc de la pression des maladies et des ravageurs.
Malgré ces hausses, en 20 ans, les quantités de matières actives utilisées ont baissé de « plus de 40 % », passant d’environ 120 000 tonnes achetées par les distributeurs en 1999 à 68 000 tonnes en 2018, indique l’UIPP. L’UIPP note également « une augmentation constante de la part des produits de biocontrôle en volume », passée de 13,4 % en 2010 à 23,7 % en 2017, selon les chiffres de la DGAL (direction générale de l’alimentation, qui dépend du ministère de l’agriculture).
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Selon des chiffres européens Eurostat de 2016, la France se plaçait en deuxième position derrière l’Espagne, et devant l’Italie, en matière de ventes de pesticides. Elle se retrouvait en revanche dans la moyenne en ce qui concerne la consommation de pesticides par hectare.
« Je pense qu’on ne peut pas imputer une telle augmentation simplement aux stocks qui ont été faits avant l’introduction d’une augmentation », a pour sa part déclaré à l’AFP François Veillerette, directeur de l’association Générations Futures. La hausse montre selon lui que le plan EcoPhyto censé réduire l’usage des produits phytosanitaires est « un échec total ». Après 10 ans d’un système non contraignant, « il faut que l’État mette en place un système rénové et plus contraignant (…) avec une obligation de respecter une évolution dans le temps et un système de bonus-malus », assure-t-il. « Un plan de réduction qui conduit à une augmentation, ça devient tragicomique ! », a ajouté François Veillerette.