La pénurie de conditionnement masque l’effondrement du principal débouché
TNC le 05/05/2020 à 14:32
Si les Français peinent, depuis quelques semaines, à trouver de la farine dans les magasins, il n’y a cependant pas de pénurie en France, a rappelé l’Association nationale de la meunerie française. Le manque s’explique par les difficultés à conditionner en petite quantité. Parallèlement, les meuniers doivent faire face à l’effondrement de la demande des boulangeries et des industries.
Ces dernières semaines, les Français confinés et aux fourneaux plus qu’à l’accoutumée se sont plaints de ne pas trouver de farine dans leurs magasins habituels, ou d’être limités dans les quantités qu’ils pouvaient acheter. Alors qu’en parallèle, les exports français de blé se portent bien, cette apparente pénurie domestique a alimenté quelques controverses.
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Or, « la production de blé français est en moyenne deux fois supérieure aux besoins du marché français, ce qui laisse une grande marge de manœuvre pour satisfaire les besoins de clients étrangers », rappelle Passion céréales, association d’information et de communication gérée par l’interprofession céréalière.
Entre #exportations de #blé records et problème d’approvisionnement en farine en GMS, de fausses interprétations circulent. Les exportations de #céréales pénalisent-elles le marché 🇫🇷 ? Pour comprendre et démêler le vrai du faux, suivez la flèche !⬇️
— Passion Céréales (@PassionCereales) May 2, 2020
Une pénurie de conditionnement
En effet, la pénurie ne concerne pas la farine en elle-même : « l’explosion conjoncturelle et exceptionnelle de la demande des consommateurs pour la farine en paquets de 1 kg a mis en évidence une situation paradoxale : un conditionnement rare alors que les meuniers français ont su réagir et adapter leurs outils industriels à leur capacité maximale avec des stocks de farine suffisants pour couvrir la demande », explique l’Association nationale de la meunerie française (ANMF) dans un communiqué diffusé le 4 mai.
Plus de farine dans les rayons… Pourtant partout en France, les moulins tournent à plein régime.
— Brut FR (@brutofficiel) April 21, 2020
Chez @BellotMinoterie dans les Deux-Sèvres, on sort 22 fois plus de paquets de 1 kg qu’avant le confinement. Et voilà comment ils se sont adaptés. pic.twitter.com/xLZQmwaXXi
En temps normal, le marché de la farine en GMS représente 190 000 tonnes, soit seulement 5 % de la farine vendue en France. Avec le confinement, les Français prennent l’essentiel de leurs repas à domicile et cuisinent davantage, par nécessité mais également pour s’occuper, ce qui a multiplié la demande en farine de deux à cinq fois, précise l’ANMF.
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Et la logistique peine à suivre. Ainsi, l’Allemagne, principal pourvoyeur de sachet de 1 kg, privilégie désormais son marché intérieur.
Au rayon farine, en ce moment, c’est exotique. Les difficultés logistiques poussent les distributeurs à acheter tout ce qu’ils trouvent pour remplir le rayon. Ca fait voyager. pic.twitter.com/rtVZ4Dou4S
— Emmanuelle Ducros (@emma_ducros) April 25, 2020
Et si les meuniers français se mobilisent pour répondre à la demande, « les lignes d’ensachage françaises en paquets de 1 kg destinés à la grande distribution ne sont néanmoins plus suffisantes pour répondre à la demande actuelle. De plus, le ralentissement des transports et des conditions de travail consécutifs à la crise du covid 19 impactent directement les approvisionnements », déplore l’ANMF.
Pour l’association, la pénurie apparente dans les GMS ne doit pas occulter la réalité économique de la filière, qui connait l’effondrement de ses principaux débouchés : la boulangerie artisanale, où les consommateurs se rendent beaucoup moins, et l’industrie agroalimentaire. Une demande en farine qui représente normalement 90 % de la farine vendue, précise l’ANMF.