Accéder au contenu principal
Paroles d'enfants d'éleveurs (2/2)

À la fois « fiers » et « mal à l’aise » face au métier de leurs parents


TNC le 17/06/2020 à 11:16
fiches_paroles-d-enfants-d-eleveurs-sur-le-metier-de-leurs-parents2

Comme Faustine, Éden et Mathis, Marius, Lucilien et Chloé sont enfants d'éleveurs, producteurs de Beaufort dans les Alpes. Non pas cette fois dans la vallée du Beaufortain mais dans celles de la Maurienne et de la Tarentaise. Mais là n'est pas leur seule différence : s'ils apprécient la liberté des grands espaces et donnent des coups de main à leurs parents, ils semblent moins enclins à prendre leur relève.

Marius, 8 ans, à Tessens : « Je me sens parfois en décalage »

Malgré son jeune âge, Marius a pleinement conscience des contraintes du métier d’éleveur. (©Happy Com)

Au Gaec du Framboisier, on est producteur de Beaufort de génération en génération. Sonia, la mère de Marius, a repris en 2009 avec son frère Damien l’élevage de Tarines de ses parents et grands-parents. Pas sûr cependant que la lignée se poursuive avec son fils… Malgré son jeune âge, Marius a pleinement conscience des contraintes du métier d’éleveur. Quand il sera plus grand, il n’envisage pas d’exercer une profession où il est si « difficile de partir en vacances » !

Pas sûr que la lignée de producteurs de Beaufort se poursuive…

À l’école, il ne vit pas non plus très bien les préjugés sur l’agriculture. « Je me sens parfois en décalage », avoue-t-il. Néanmoins, il prend plaisir à présenter les petits veaux aux comices agricoles et à suivre l’été sa mère dans les alpages où, avec sa sœur, il peut courir et jouer en toute liberté. Une liberté qu’il trouve aussi sur la ferme : il y vagabonde à sa guise et aime côtoyer les animaux ; il construit aussi des cabanes, son passe-temps favori. 

Lucilien, 12 ans, à Aigueblanche : « Mal à l’aise à l’école ou avec les copains »

Ce que Lucilien préfère : donner des prénoms aux veaux.  (©Happy Com)

Lucilien ne se voit pas éleveur plus tard, mais son petit frère Marius…

Comme Marius, Lucilien apprécie les moments uniques partagés en famille sur la ferme et dans les alpages. Comme lui aussi, il est « mal à l’aise à l’école ou avec ses copains quand on évoque le métier de  mes (ses)  parents, souvent mal considéré ». Et il ne se voit pas non plus éleveur plus tard. Néanmoins, il aide son père, Cyril, et sa mère, Alexandrine, « à nourrir les vaches ». Peu d’espoir également du côté de sa grande sœur Léonice. Même si elle participe à la traite, aux foins et aux vêlages, des instants de complicité familiale importants pour elle, la jeune fille, inscrite en fac de langues, se destine à un autre avenir.

Tout n’est pas encore perdu pour autant pour Alexandrine et Damien, qui se sont installés il y a seulement deux ans pour changer de vie, en lui redonnant du sens et en se rapprochant de la nature. Le petit frère Marius a dernièrement assisté à son premier vêlage, qui l’a beaucoup ému. « C’était vraiment beau ! », confie-t-il. Lucilien, lui, préfère donner des prénoms aux veaux. Surtout que dans cet élevage, ils doivent être en lien avec ceux des mères et respecter chaque année une thématique. En la matière, l’adolescent ne manque pas d’imagination…

Lire aussi l’article à propos de Clara et Amandine, jeunes et passionnées de concours animaux : « Montrer aux gens que les éleveurs aiment leurs bêtes ! »

Chloé, 8 ans, à Montaimont : « J’admire ce métier mais préfère l’escalade »

Chloé a découvert les grands espaces grâce au métier d’éleveur de son père. (©Happy Com)

Même si elle adore ce fromage, surtout en fondue, Chloé ne semble pas vouloir devenir productrice de Beaufort pour l’instant, à l’image de Marius et Lucilien. Elle parle toutefois sans réserve de la profession de son père qu’elle admire et qui lui a fait découvrir les grands espaces. D’ailleurs, elle attend tous les ans impatiemment l’été en estive et rêve d’être monitrice d’escalade. Dans cette famille encore, la relève pourrait venir de la plus jeune génération : sa petite sœur de quatre ans, Éline, semble en effet plus attirée par l’élevage.

La relève pourrait là aussi venir de la plus jeune génération.

Le père des deux fillettes, Frédéric, s’est lui aussi installé en hors cadre familial par amour de la montagne, où il passait régulièrement ses vacances. La montée en alpages lui procure inlassablement la même joie. « Ma première nuit au chalet est toujours magique : je prends le temps de savourer la nature, d’admirer le coucher du soleil et d’observer la montagne, qui n’est jamais tout à fait la même. »