« Grâce au système Nénufar, on produit de l’électricité à moindre frais »
TNC le 24/07/2020 à 06:05
Le système Nénufar permet de récupérer les gaz émis par la fosse à lisier. En Bretagne, la famille Cadio, qui élève 150 vaches laitières, a décidé d’utiliser cette ressource pour alimenter un moteur de cogénération. Et de nombreux avantages se dégagent de ce récupérateur de biogaz : une fosse couverte des eaux de pluie, une production d'énergie rentable avec des frais limités et peu de travail de plus.
Depuis l’automne 2019, le Gaec de Pécane, situé à Bréhan dans le Morbihan (56), a mis en route un moteur de cogénération alimenté par le gaz produit sur l’exploitation. Pourtant, aucun dôme vert imposant n’est visible sur l’exploitation de Rémi Cadio et ses parents Christophe et Armelle.
Pour comprendre d’où vient le gaz qui alimente le moteur, il faut s’approcher de la fosse à lisier derrière la stabulation. Là, une bâche de couverture spécifique recueille le gaz et le transfert jusqu’au moteur de marque Fauché Energie. C’est l’entreprise Nénufar qui a installé le dispositif de récupération du gaz et d’acheminement jusqu’au moteur. Selon les mots des fondateurs de la société, il ne s’agit pas ici de « méthanisation » au sens strict, mais de « récupération passive de biogaz. »
1h à 1h30 de travail par semaine, c’est tout !
Ce qui a poussé les exploitants à se tourner vers cette technologie, c’est la simplicité de fonctionnement. « La méthanisation nous intéressait mais on ne voulait pas augmenter la charge de travail » explique Rémi Cadio.
Alors que l’installation tourne depuis plus de six mois, cet aspect du contrat est rempli. Le jeune agriculteur estime qu’il consacre entre 1h et 1h30 par semaine à la maintenance et au fonctionnement du système Nénufar. « À partir du moment où j’entends le moteur tourner dans la journée, je sais que je n’ai pas besoin d’aller voir » affirme le breton. La vérification du filtre à charbons actifs et la réorientation des trois broyeurs pour casser la croûte qui se forme à la surface restent des taches hebdomadaires incontournables.
Un système qui s’adapte à la quantité d’intrant
Contrairement à une installation de méthanisation classique, le système Nénufar a la particularité de s’adapter aux volumes d’intrants qui arrivent dans la cuve. En conséquence, il ne fonctionne pas 24h/24. « Quand la pression sous la bâche atteint une limite basse, le gaz n’est plus extrait pour que la couverture ne touche pas le lisier. Là on est au-dessus, le moteur devrait tourner pour les 15 heures à venir », explique Rémi Cadio devant le panneau de contrôle.
Pour optimiser la production de gaz, les racleurs automatiques ont été programmés pour passer sept fois dans la journée. La société Nénufar explique que plus le lisier est frais et plus il est méthanogène.
Pour que l’installation soit rentable, elle doit tourner 12 h/jour. Sur le Gaec de Pécane, avec les températures importantes de la période estivale qui favorisent la méthanisation, l’installation est proche des 20 h/jour depuis deux mois. « On a eu des soucis au début, se souvient Rémi Cadio, en février, le vent a vidé le gaz en appuyant sur la bâche plusieurs fois. On a érigé un talus de terre autour de la cuve pour la protéger ». Les exploitants attendent d’avoir les données sur un an d’utilisation pour faire le bilan du temps de fonctionnement quotidien du moteur.
Une rentabilité au rendez-vous
En terme économique, l’installation Nénufar, associée au moteur Fauché, devrait être rentabilisée en 7 ans. « L’investissement représente 260 000 €, dont 80 000 € de subventions de la région. En une heure de fonctionnement, nous produisions 36 kWh revendus au tarif de 22,03 centimes du kWh. À raison de 17h de fonctionnement au quotidien, le calcul est vite fait », analyse Christophe Cadio.
D’autant plus que la chaleur produite par le moteur alimente l’habitation de la maison et sert d’appoint pour le chauffage des poulaillers. Le faible niveau d’investissement a été permis par un raccordement au réseau électrique à bas coût. « Avec une production de 36 kWh, Enedis n’a pas besoin d’installer de réseau spécifique. En plus, nous avons positionné le moteur au pied du pylône électrique car il est plus facile de transporter du gaz que de l’électricité », détaille l’éleveur breton.
Pour produire le gaz qui est pompé jusqu’au moteur, la cuve de 4 500 m3 est alimentée via un canal par le lisier des 150 vaches laitières de la ferme. « Avec un système comme le nôtre qui comprend un parcours extérieur accessible aux animaux, il ne faut pas moins de vaches », affirme Rémi Cadio.
Côté épandage, l’utilisation du gaz ne pose pas de problème. « On a conçu un puits de pompage à côté de la cuve en concertation avec l’entrepreneur pour qu’il puisse travailler dans de bonnes conditions », indique l’éleveur. Pour lui, la bâche est un avantage car elle évite qu’une trop grande quantité d’eau de pluie se mêle au lisier. « On a été parmi les seuls du secteur à pouvoir choisir notre date d’épandage en fonction de son utilité et pas parce que la cuve était pleine », se félicite l’exploitant.