Après la crise Covid, le secteur amidonnier « en phase de redémarrage »
TNC le 30/09/2020 à 15:42
Impactée par le confinement, la filière amidon renoue avec le dynamisme mais demande aux pouvoirs publics un accompagnement pour assurer l’avenir, notamment en matière de relance du fret ferroviaire, de soutien aux solutions moins émettrices de GES, et de développement des protéines végétales.
Qualifiée de « secteur essentiel » par le gouvernement, la filière amidon a encaissé le choc de la crise sanitaire, au prix de surcoûts et d’ajustements, et entame aujourd’hui « une phase de redémarrage plus ou moins rapide », a indiqué Thomas Gauthier, délégué général de l’Usipa, le 30 septembre.
Pour répondre aux attentes du « monde d’après », les amidonniers ont cependant besoin d’un accompagnement sur plusieurs points. Ainsi, dans un secteur où 50 % des matières agricoles sont livrées par le train, « l’Usipa souhaite la relance du fret ferroviaire », alors que la moitié des lignes du réseau capillaire sont en danger à moins de cinq ans. Le sujet est d’autant plus important que le rail est le moyen de transport le moins émissif.
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Et l’enjeu environnemental fait partie des préoccupations de l’Usipa, qui souligne que l’amidonnerie a réduit de 20 % en 13 ans ses émissions de CO2. Une étude réalisée avec l’Ademe a permis de dégager de nouvelles pistes de solutions, comme les chaudières biomasse, le biogaz, mais « ces solutions ne sont envisageables que si elles sont accompagnées », rappelle l’Usipa.
Une filière qui tire les matières premières agricoles françaises
Avec 650 000 hectares de surfaces agricoles concernées en France, l’amidonnerie représente 15 000 exploitations de grandes cultures, utilisant chaque année environ 6 Mt de matières premières agricoles, a rappelé de son côté Marie-Laure Empinet, présidente de l’Usipa.
« L’usage amidonnier est structurant pour la production agricole française puisque les amidonniers ne se fournissent quasiment uniquement qu’avec des matières premières agricoles françaises », précise Thomas Gauthier. La filière utilise 18 % du blé non exporté, 30 % du maïs, et 30 % des pommes de terre.
Ces dernières années, le blé a par ailleurs pris le dessus sur le maïs qui était prédominant dans l’approvisionnement. Le blé possède moins d’amidon, mais génère un coproduit intéressant, le gluten de blé. De plus, l’Europe est traditionnellement productrice de blé, quand le maïs a tendance à y devenir insuffisant, ce qui pousse les amidonniers à s’orienter vers le blé, précise la présidente de l’Usipa. Le gluten constitue de plus un marché en croissance de 13 % depuis 2012, dominé notamment par la nutrition animale (58 % des volumes).
Enfin, « les protéines végétales sont le cœur de croissance de notre activité, représentant 43 % de potentiel de croissance entre 2010 et 2030 », indique Thomas Gauthier. L’Usipa s’inquiète cependant de la faiblesse du montant consacré à ce sujet dans le plan de relance – 100 M€ – car « pour développer les cultures et assurer leur transformation, cela reste bien peu pour l’ensemble des acteurs concernés ».
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