Des cases de vêlage pour plus de sécurité et moins de stress
TNC le 01/09/2021 à 06:02
Pierre Dagneaux, éleveur de la race Blanc Bleu Belge dans le Hainaut, et Henri Guillemot, ancien éleveur de Charolaises en Saône-et- Loire nous font part de leurs expériences quant à l’aménagement des cases de vêlage. Organisation du travail, choix des cornadis, déplacements des animaux ou encore cases à césarienne : tout y passe.
La case de vêlage, un incontournable en Blanc Bleu Belge…
Chez Pierre Dagneaux, éleveur de la race Blanc Bleu Belge dans le Hainaut (Belgique), les vaches sont conduites en bandes en fonction de leur date de vêlage. À partir de 7 mois, les gestantes quittent la stabulation pour un bâtiment dédié, elles bénéficient ainsi d’une complémentation minérale spécifique pour améliorer la qualité du colostrum et d’un environnement plus calme. Chaque début de semaine, les vaches prêtes à vêler sont transférées dans les cases de préparation au vêlage, situées dans un autre bâtiment. Elles y restent une quinzaine de jours.
« Ce fonctionnement me permet d’avoir toutes les vaches à surveiller au même endroit. Les Blanc Bleu Belge sont des culardes, elles ne vêlent pas naturellement alors c’est très important d’être attentif. Auparavant, mes vaches prêtes à vêler étaient mélangées avec les autres gestantes et je ne les bougeais qu’au dernier moment pour le vétérinaire. C’était beaucoup de manipulations et de stress. Maintenant, il m’est plus facile de suivre les températures pour anticiper les vêlages et m’organiser. Parfois, j’arrive à avoir plusieurs césariennes en même temps, ou à faire du préventif pour programmer le vêlage en fin de soirée plutôt qu’au beau milieu de la nuit. C’est également plus pratique pour tirer le colostrum. »
Une ancienne étable entravée a été réaménagée pour accueillir 3 cases de préparation au vêlage au format 4 x 8 m sur aire paillée avec zone de raclage. « C’était un ancien bâtiment d’élevage bien isolé, ce qui permet d’avoir une bonne ambiance en hiver comme en été. J’ai pu y faire des cases pour une quinzaine de vaches, avec environ 5 vaches par case. Tout dépend de leur format, si ce sont des génisses, je peux en mettre plus. Quand ce sont vaches de 900 kg, forcément je les serre moins ! » La case à césarienne mesure quant à elle 3 m par 8 et est équipée de barrières à césarienne. « Elle est plus étroite, mais je n’y mets que 2 ou 3 vaches, et elles n’y restent pas longtemps. Ça permet surtout d’avoir toutes les vaches disponibles au même endroit pour le vétérinaire et de bien gérer l’aspect sanitaire. »
« Pour la conception des cases de vêlage, il faut bien anticiper les déplacements des animaux, conseille l’éleveur. Ici, elles n’ont que quelques mètres à faire pour aller à la case à césarienne. Elles restent dans le même environnement avec leurs congénères, ça permet de limiter le stress. Je trouve également important d’installer de bons cornadis pour pouvoir surveiller et manipuler les vaches sans problème avant le vêlage » ,explique l’éleveur qui effectue environ 200 vêlages par an.
…Et un plus pour les Charolaises
Henri Guillemot, jeune retraité agricole en Saône-et-Loire, compte une quarantaine de saisons de vêlage de Charolaises à son actif. L’ancien éleveur, qui était à la tête d’un troupeau de 80 têtes conduit en deux périodes de vêlages (la première en janvier et la seconde entre février et mars), a modifié l’agencement de son bâtiment au fil des années pour gagner en confort de travail. « Quand j’ai repris l’exploitation, et ce jusqu’en 1985, les vaches étaient attachées et avaient 2,5 m² chacune. À la fin de ma carrière, je faisais presque tous mes vêlages en case de vêlage, c’est dire s’il y a eu du changement ! En 1985, j’ai construit un bâtiment avec stabulation où je disposais d’un petit couloir paillé. Je me suis vite rendu compte que c’était plus pratique d’ isoler les vaches pour le vêlage dans le couloir : elles ne sont pas embêtées par les autres, ça permet le bon fonctionnement du couple mère/veau, et ça éloigne les voleurs de colostrum ! Mais je ne pouvais pas les y laisser longtemps faute d’auge et d’abreuvoir. »
L’éleveur a donc entrepris la conception, en 1995, de cases de vêlage dotées de caméras. 7 cases de 4 x 4 m ont été créées dans la continuité du bâtiment. Un cornadis individuel anti-pendaison a été soudé sur une barrière de 3 m, en prenant garde à laisser la partie gauche de l’animal libre pour pouvoir installer une barrière à césarienne. « Mon plus grand regret est que les cases mères/veaux ne soient pas contiguës à la stabulation. Je trouve qu’elles doivent pouvoir se voir et se renifler, car c’est plus facile pour éviter les bagarres au moment de la réintroduction dans le troupeau. »
« Si j’avais 20 ans, nous confie l’éleveur, pour 80 Charolaises comme les miennes, je ferais une stabulation de vêlage d’environ 32 places, et je mettrais 8 cases de vêlage dans le fond, convertibles en cases à veaux ou infirmerie grâce à un jeu de barrières. J’installerais des cornadis anti-pendaison, comme ceux que j’avais dans les cases de vêlage. Ils conviennent très bien et permettent aux vaches de se coucher sans accrocs pendant la mise bas, mais je prendrais un modèle automatique, car il faut parfois se dépêcher pour bloquer le cornadis ! J’investirais aussi dans les sondes de détection de vêlage. La case de vêlage, c’est un investissement qui se calcule sur le long terme mais qui permet de gagner en confort de travail et de bien faire démarrer les veaux » conclut l’éleveur.