« Tirer le plus grand bénéfice de l’hétérogénéité des sols »
TNC le 04/10/2021 à 09:00
Créée en décembre 2016, la société be Api continue de faire avancer la modulation intraparcellaire. Fertilisation, densité de semis, matière organique... : elle propose aux coopératives et aux agriculteurs engagés les moyens nécessaires pour apporter la bonne dose au bon endroit. Lors de la campagne 2020-2021, ce sont près de 220 000 ha qui ont été couverts en France par les services be Api.
Le 21 septembre dernier, be Api avait organisé une journée thématique sur la modulation de la matière organique, en lien avec la coopérative Agora, au domaine de Sandricourt, situé à Amblainville dans l’Oise. L’occasion pour agriculteurs et techniciens d’échanger sur le sujet. Gérant du domaine depuis quatre ans, Thibaut Constant a notamment expliqué toute sa démarche vers la modulation intraparcellaire.
Apporter la bonne dose au bon endroit, en organique aussi
« Le domaine compte environ 680 ha de cultures, dont 130 ha de champs de cassis et groseilles et 550 ha de grandes cultures, avec une très grande hétérogénéité de sols », présente Thibaut Constant. À son arrivée, il s’est donc directement attaché à « connaître les sols de l’exploitation » et s’est lancé, pour cela, avec be Api et la coopérative Agora pour toute la partie grandes cultures il y a trois ans.
Le diagnostic potentiel du sol démarre par une analyse de la conductivité électrique et à partir du zonage établi, ce sont au total 200 fosses pédologiques qui ont été réalisées. Elles ont toutes été caractérisées par Claire Turillon, experte agriculture de précision et fertilité des sols, pour une évaluation approfondie. « Cela permet d’identifier les différents types de sols présents (cranettes, limons crayeux superficiels, limons profonds, limons hydromorphes…) et les risques potentiels dans chaque zone : battance, blocage… », explique l’experte. Pour le diagnostic fertilité, le service be Api s’appuie sur l’analyse des images aériennes anciennes de l’IGN pour déterminer comment s’est constituée la parcelle au fil des années, puis elle est complétée par un plan de prélèvement d’échantillons pour analyse de sol, décidé en concertation avec l’agriculteur.
[Direct ??]
Intervention #témoignage de Thibaut Constant
Démarche #BeApi sur la SCEA de Sandricourt sur 700 HA https://t.co/4Cy8p8UYjM— BeApi?????????????????????? (@beApi_Coop) September 21, 2021
Avec les données recueillies et l’accompagnement de sa coopérative, Thibaut Constant s’est ainsi lancé dans la modulation intraparcellaire des apports de semences (pour colza, maïs grain et une partie des blés) et de N, P et K. Objectif : « essayer de tirer le plus grand bénéfice de l’hétérogénéité des sols », souligne Eloi Martin, nouveau directeur de l’exploitation. Disposant d’une ressource en fumier limitée, Thibaut Constant a également souhaité « optimiser les apports de produits résiduaires organiques (Pro) ». « C’est plus complexe dans ce cas, car cela met en jeu plusieurs éléments », note Claire Turillon. Pour raisonner les apports cette année, experts et agriculteurs ont alors pris en compte la teneur en matière organique du sol et les teneurs en P et K. De façon à déterminer les zones où les impasses étaient possibles, celles où il fallait prévoir un apport et celles où c’était obligatoire. Pour cette année, il s’agissait de fumier de cheval, mais les agriculteurs prévoient de s’orienter vers d’autres Pro.
220 000 ha modulés avec be Api en 2020-2021
Thierry Darbin, directeur de be Api, a également profité de cette journée pour dresser un rapide bilan de la campagne 2020-2021 : « environ 220 000 ha ont été modulés avec be Api, soit 35 000 ha de plus par rapport à la campagne précédente ». À terme, l’entreprise vise le rythme de 40 000 ha supplémentaires par an. Pour cela, elle peut compter aujourd’hui sur 28 coopératives engagées, dont 2 depuis cette année : Agrial et la coopérative de Boisseaux. « Créé en 2016, be Api a aujourd’hui fait la preuve du concept, technique et économique, à travers une cinquantaine de sites expérimentaux par an et la satisfaction des agriculteurs utilisateurs », précise Thierry Darbin. « La modulation intraparcellaire permet de valoriser les investissements agronomiques et informatiques. »
Un développement confirmé par un sondage publié fin septembre sur Terre-net : 14,8 % des agriculteurs auraient recours à la modulation intra-parcellaire sur leur exploitation. Ils étaient plutôt autour 10 % si on se réfère à un sondage de janvier 2018.