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« Construire sa machine et la voir évoluer dans les champs, c’est une fierté »


TNC le 17/12/2024 à 04:48
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Au total, une soixantaine d'élèves de l'Institut Polytechnique UniLaSalle profitent de l'atelier de mécanique AgriTec. (© TNC)

À l’Institut Polytechnique UniLaSalle de Beauvais, les spécialistes du machinisme de demain bénéficient d’un atelier dernier cri de 180 m² pour s’entraîner et concevoir des outils qui intéressent les plus grands constructeurs.

Entourée de son équipe, elle ne peut s’empêcher de mettre un coup de graisseur ou de clé pour bichonner son « bébé ». « C’est une grande fierté de construire sa machine et de la voir évoluer dans les champs », sourit Juliette Defoor, 22 ans. L’ingénieure en herbe, en 5e année à l’Institut Polytechnique UniLaSalle à Beauvais, a transformé un vieux déchaumeur en semoir SD. 117 heures de recherches, de soudures et d’essais plus tard, l’engin est opérationnel. « L’objectif, c’est aussi de fournir le budget et un guide de réalisation pour éviter les erreurs », ajoute-t-elle.

Pour construire ce semoir, Juliette et ses camarades ont bénéficié de l’atelier de mécanique AgriTec d’UniLaSalle, inauguré en 2023. Construit avec le concours de mécènes, réunis sous la forme d’une chaire d’enseignement et de recherche (Kuhn, la Fondation d’entreprise Michelin et Agco), et de la région Haut-de-France, cet espace, implanté au cœur de la ferme de l’établissement, permet aux étudiants de mener à bien leurs projets, avec tout le confort et l’équipement nécessaire. À l’entrée de l’atelier trône un vieux Massey Ferguson que les élèves en première année de bachelor AgriTec vont retaper pour se faire la main.

Les étudiants ont notamment transformé un vieux déchaumeur en semoir SD. (© Terre-net Média)

À l’intérieur, c’est une charrue monoroue qui occupe l’espace. Luc Henrio, 23 ans, en 5e année du cursus ingénieur, et ses acolytes ont motorisé l’outil. « Nous avons instrumenté le tracteur et la charrue. Le but est de soulager les tracteurs, voire de diminuer leur puissance, pour économiser du GNR, préserver les sols et gagner du temps », explique le jeune homme. Partenaire du projet, Kuhn a « des clients potentiels pour cette charrue », avance Luc.

Juliette et Luc ont déjà signé un contrat de professionnalisation. « Notre cursus plaît aux employeurs. Ce que nous faisons est très concret. Mener toutes les étapes d’un projet de A à Z apporte beaucoup et nous rend opérationnels très vite », commente Luc. Les réalisations des étudiants répondent à des besoins précis formulés par la ferme et la plateforme d’expérimentation d’UniLaSalle. En 2023, les élèves en dernière année de bachelor ont par exemple équipé une moissonneuse-batteuse d’un système de pesée embarqué.

L’atelier est ouvert aux apprentis en bachelor AgriTec (sur 3 ans, après le Bac, sur dossier via Parcoursup, ou BTS) ou aux étudiants lors de leurs deux dernières années du cycle ingénieur, en spécialisation agrotechnologies, soit plus d’une soixantaine d’élèves au total, tous en apprentissage. « La demande est forte, reconnaît Paul Pannetier, responsable de l’atelier et de la première année du bachelor. En bachelor, c’est un mois d’enseignement et un mois en entreprise, des périodes volontairement longues pour pousser les apprentissages et la pratique ».

Comprendre et anticiper les besoins du terrain

Comme Paul Pannetier, Nikita Fedotoff, responsable du bachelor et enseignante en agronomie, a fait ses études à UniLaSalle. « Un attachement fort s’est créé avec cet établissement. Revenir pour accompagner les étudiants aussi bien que je l’ai été, c’est une marque de gratitude », confie-t-elle. Les apprentis d’aujourd’hui reviendront peut-être enseigner d’ici quelques années. D’autres deviendront chefs produits, formateurs, commerciaux, employés au sein des services SAV…

« Nous formons des agronomes capables de comprendre, mais aussi d’anticiper, les besoins du terrain et d’établir un cahier des charges, résume Andrii Yatskul, enseignant-chercheur en génie des agroéquipements, chez UniLaSalle depuis 9 ans après être passé chez Kuhn, Isagri et Claas. Répondre aux attentes, voir sa machine travailler, servir les agriculteurs, c’est très gratifiant ! »