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« Les enchères m’ont permis de m’équiper en machines à moindre coût »


TNC le 20/09/2024 à 05:02
EricGuillou

Eric Guillou est un habitué des enchères de machines agricoles depuis plus de 25 ans. (© DR)

Éric Guillou, propriétaire d’une ETA dans les Côtes-d’Armor, et Jean-Jacques Guerois, éleveur dans le Maine-et-Loire, sont des habitués des ventes aux enchères de machines agricoles. Ils racontent leur expérience… et leurs bonnes affaires.

« Il fallait être à moitié fou pour y aller ! » s’exclame Éric Guillou, propriétaire d’une ETA dans les Côtes-d’Armor. Il s’est lancé dans les enchères de machines agricoles il y a plus de 25 ans. Il découvre alors, dans le magazine Matériel Agricole, une publicité pour Ritchie Bros, l’un des leaders mondiaux du secteur.

« Ils n’avaient pas de site en France. Tout se passait à Moerdijk, aux Pays-Bas. On avait pris la route et roulé toute la nuit sur un coup de tête. Tout était en anglais, je n’y comprenais pas grand-chose, et les paiements en dollars. C’était encore l’époque du Franc ! Il fallait tout convertir. C’était folklorique », se rappelle le chef d’entreprise.

Viser large

De « sacrés souvenirs » mais aussi de belles économies. « Il n’y avait presque que des marchands, qui revendaient ensuite, et peu de Français. Cela nous a permis de nous lancer dans le TP à moindre coût. Les transporteurs avaient tous un bureau sur place, c’était simple pour les livraisons, raconte Éric Guillou. On y allait une à deux fois par an. L’hiver, ça caillait. C’était de 8h30 à 21h30 non-stop. À la fin, il ne restait que les courageux… et des bonnes affaires ! »

Très vite, il vise plus large et écume les autres ventes européennes de Ritchie Bros. En Allemagne pour l’agricole – « Les première ventes se déroulaient dans un vieux corps de ferme » -, en Angleterre où il dégotte, un coup inoubliable, « une pelle neuve à moitié prix ». Un autre temps : « On avait le droit de creuser avec les pelles pour les tester. On faisait des trous dans la cour ! »

« Se fixer un plafond »

Ses conseils : « Il faut se fixer un plafond à ne pas dépasser, si c’est au-dessus c’est tant pis, et viser plus d’une machine. Si on part pour un seul modèle, c’est sûr et certain, on va le payer cher. J’ai vu des gens s’enflammer… Il faut rester à l’affût, ouvrir son éventail et anticiper sur ses besoins à plus long terme ».

S’il regrette « le charme et l’adrénaline des ventes physiques », il reconnaît que les ventes sur Internet, en supprimant les longs déplacements, sont « plus pratiques ». « C’était complétement différent avant. À force, je connaissais la musique des enchères. Je savais, au son de la voix du commissaire, quand il fallait lever. C’était comme une chanson. Et iI y a un côté ludique, c’est évident. Mais quand le cadran s’affolait, j’arrêtais ».

Éric continue de garder un œil sur les ventes. Il achète notamment un ou deux tracteurs par an. Sa dernière pépite : « un tracteur fourche Valtra, 700 heures, tout équipé, RTK, prise de force avant… à très bon prix ».

« Les enchères, c’est moins risqué que la Bourse ! »

Jean-Jacques Guillou jongle entre les différents sites de ventes aux enchères. (© DR)

Jean-Jacques Guerois élève des porcs et gère 230 hectares de cultures dans le Maine-et-Loire. Et c’est aussi un expert des enchères de machines agricoles. « J’ai commencé il y a une dizaine d’années. Au départ, j’achetais et je revendais. La recherche de la bonne affaire, cela devient à moitié addictif quand même. Mais si on gère bien, c’est moins risqué que la bourse ! »

Il pense notamment à une tonne à lisier Joskin ou un déchaumeur Carrier de Väderstad dont il s’est servi pendant quelques mois, avant de s’en séparer avec une belle plus-value à la clef. « Je mets en vente sur Agriaffaires. Si cela ne bouge pas au bout d’un mois, ça part aux enchères. J’atteins souvent le prix que je souhaitais. Et surtout, une fois que c’est vendu aux enchères, je suis tranquille, j’en entends plus parler, personne ne m’appelle après pour un boulon mal vissé… »

L’éleveur jongle entre les pays et les sites de ventes aux enchères. Récemment, il a acheté deux bineuses chez Ritchie Bros en Angleterre avant d’en revendre une chez Ritchie Bros… en Allemagne. « Cela m’a payé tous les frais de transport », sourit-il.

Pour l’Angleterre, la patience est de mise

Avec le Brexit, l’Angleterre est d’ailleurs une terre de bonnes affaires. « Toutes les formalités administratives sont très compliquées maintenant, cela a fait fuir beaucoup d’acheteurs. Mais si on est patient et qu’on a les bons réseaux, ça vaut le coup », explique-t-il.

Il surveille aussi les sites nordiques, comme Klaravik : « On y trouve des machines plus spécifiques. J’y ai trouvé une ramasseuse à cailloux. De mémoire, je n’en ai jamais vu chez Ritchie Bros ». Il se laisse parfois tenter par des pneus agricoles « pour les monter, pas les revendre, ça ne vaut pas le coup » et se méfie des « pulvés » qui « décotent très vite ».

S’il achète moins qu’à ses débuts, Jean-Jacques Guerois reste toujours attentif aux ventes, vise deux à trois caissons à lisier par an et, quand il ne participe pas, aime jeter un coup d’œil aux prix : « Je peux vite dire qui a fait une bonne affaire ou pas ! »