« Sans le robot de traite, c’était la fin du lait sur la ferme »
TNC le 14/02/2025 à 05:27
Dans l’Eure, Tanguy Bidaud a fait en sorte de conserver l’atelier d’élevage sur l’exploitation de sa belle famille. Pour ce faire, il est parvenu à associer haut niveau d’étable à un niveau d’astreinte raisonnable grâce à la traite robotisée.
Lorsque Tanguy Bidaud s’est installé avec sa compagne sur la ferme de sa belle famille, il fallait trancher la question de la production laitière. Soit arrêter, soit agrandir. « Il y avait déjà une étable, à 350 ou 400 000 l, et des regards portés sur la grande culture », se remémore le jeune installé. Mais Tanguy aime l’élevage ! « J’avais envie de pérenniser l’activité, mais je savais que je serais seul sur le projet ». Il allait falloir l’assumer.
L’éleveur a donc pensé son installation autour de ce contexte. L’objectif : mettre en place un atelier laitier rentable, compatible avec les travaux de plaine et la vie de famille. Rapidement, le robot de traite s’est imposé. « Lorsqu’il faut aller chercher les enfants à 17 h 30 à l’école, difficile d’installer une salle de traite ». En bref, l’éleveur cherchait à faire du lait avec une soixantaine de vaches laitières à la traite, et entre 35 et 40 h semaine d’astreinte. Aujourd’hui, « avec les bonnes personnes, ça fonctionne. On tourne autour des 40 h semaine sur l’élevage, hors production de fourrage », explique l’agriculteur, accompagné d’un salarié sur l’élevage laitier. « J’aurais peut-être pu m’installer sans robot, mais il n’y aurait plus de production laitière ».
Un nouveau bâtiment dans un hangar à paille
Il peut compter sur un bâtiment fonctionnel, l’installation ayant permis de remettre le système d’élevage à plat. « Nous avons décidé de faire la nouvelle stabulation dans un bâtiment de stockage qui se prêtait bien à l’exercice ». L’agriculteur avait donc carte blanche sur 1 000 m² pour faire émerger sa stabulation. Compter ainsi 75 places en logettes pour les vaches, et une quarantaine pour les génisses. « Il n’y avait pas de place pour davantage, et de toute manière, c’était déjà assez challengeant de porter un projet de 60 vaches seul ! »
Compter ainsi 950 000 € d’investissement tout compris pour l’atelier laitier, « des cornadis aux ventilos, en passant par les silos », sourit Tanguy. Le but étant d’avoir rapidement un outil fonctionnel pour pouvoir monter en production. « Les chiffres sont tout de suite très importants, mais je pense qu’il faut avoir des ordres de grandeur en tête, et 950 000 € en 2019 pour un potentiel de 900 000 l ne me semblaient pas déconnants ».
![](https://cdn1.regie-agricole.com/ulf/CMS_Content/2/articles/878415/_VacheslaitiEresenstabulation-480x270.jpg)
Un objectif à 900 000 l de lait avec 65 vaches
Et pour Tanguy, le robot n’est pas qu’une question de temps de travail. « Je ne m’attendais pas à ce que cela me challenge à ce point sur la gestion de troupeau », souffle l’éleveur. « Le robot permet d’avoir accès rapidement à de la donnée, et donc d’avoir un retour rapide sur ses pratiques ». Une manière de sans cesse chercher à optimiser sa production. « Je ne suis pas né dans une ferme, alors avoir des chiffres, c’est peut-être une manière de compenser ces connaissances que des fils d’agriculteur peuvent avoir de manière innée. Aujourd’hui, je ne me vois pas être producteur de lait sans traite robotisée ».
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Actuellement à 800 000 l de lait sur sa stalle, il espère bien à terme atteindre les 900 000 l. « On entend parfois dire qu’une vache est rentable à 3 000 l ou à 13 000. J’aime assez cette idée, il faut aller au bout des systèmes ». Pour y parvenir, l’éleveur triture les chiffres. Ici, on raisonne à la marge sur coût alimentaire. Tanguy mise sur une ration base maïs, avec enrubanné et pulpe surpressée pensée pour une production de 29 l, et une complémentation à l’auge. Un système qui lui permet d’atteindre une marge sur coût alimentaire de 10,15 € par jour et par vache laitière.
J’ai encore plein de marges de manœuvre
Mais l’éleveur aime à analyser les chiffres plus finement. « Je suis autour des 13,50 € sur les 20 à 200 jours. Ce sont elles qui ont la ration la plus chère, car elles sont davantage complémentées. Mais elles rapportent aussi davantage ». Plutôt que le raisonnement aux 1 000 l, l’analyse de la marge sur coût alimentaire par groupe d’animaux permet de voir la rentabilité de l’aliment acheté. « C’était un gros élément d’arbitrage pendant la guerre en Ukraine. On voyait que le prix du concentré était multiplié par deux, mais le prix du lait a aussi augmenté. Même si certaines factures paraissaient salées, elles valaient le coup », estime Tanguy.
Avec quatre années d’activité derrière lui, l’agriculteur est satisfait de son système. « Ça tourne, et je me réjouis d’avoir encore des marges de progrès ». Avant d’agrandir l’étable, il compte optimiser tous les rouages de son système.