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Agriculteur et ouvrier, Michaël a un pied à l’usine, l’autre dans les champs


TNC le 13/02/2025 à 05:00

Michaël Pouplard, en charge du montage des roues chez Grégoire Besson, est aussi exploitant agricole à la tête de 80 hectares. Portrait.

Un ensilage, seul à bord d’un tracteur 461 Renault sans cabine, une remorque 4 tonnes à l’arrière, quand il était âgé d’une douzaine d’années, reste gravé dans sa mémoire et résonne comme un résumé de sa vie : un pied dans les machines, l’autre dans les champs. À bientôt 52 ans, Michaël Pouplard n’a pas dévié de ses rêves d’enfant. Ouvrier chez Grégoire Besson, il est aussi agriculteur en production de céréales.

Le constructeur, célèbre pour ses charrues, fait partie de son identité. Son cartable sur le dos, de retour de l’école, Michaël voyageait en regardant les camions, chargés d’imposantes semi-portées, sortir de l’usine, nichée au cœur de son village natal, Montigné-sur-Moine dans le Maine-et-Loire. Un de ses oncles travaillait au chargement. Grégoire Besson utilisait aussi les terres de ses parents, Annick et Noël, installés en polyculture-élevage, pour faire des essais.

Une première grasse matinée à 45 ans

Michaël grandit à la ferme avec « peu de vacances ». Quand il part, c’est chez ses grands-parents à… 20 km de là. Son truc, ce sont les tracteurs, une passion chevillée au corps. « Quand on est jeune, c’est dur de résister, sourit-il. Les machines, c’est carrément une des raisons pour lesquelles j’ai repris l’exploitation familiale ».

L’année 2015 marque un tournant. L’agriculteur arrête le lait, un choix « dur » mais « réfléchi » pris sans regret. Il se refuse à de lourds investissements, usé par les crises d’un secteur dont il ne supporte plus le fonctionnement. « C’est l’acheteur qui fait le prix. À la longue, cela m’a dégouté. J’ai payé 14 amendes en 16 ans parce que j’avais dépassé mon quota » déplore-t-il. Une amertume tempérée par la découverte, à 45 ans, « des grasses matinées et des week-ends libres ». « Quand on y a goûté, impossible de revenir en arrière ! » clame Michaël.

« Beaucoup de dialogue et de transparence »

Il passe à 120 hectares et prend un travail à côté. Un temps prestataire de service chez un collègue qui fait de la volaille, il devient ensuite, pendant deux ans et demi… assistant funéraire. Mais l’appel de la clé à molette et des boulons est le plus fort. En février 2020, il entend parler de recrutements chez Grégoire Besson. Il refait son CV en vitesse, le dépose et est embauché dès le lendemain.

Posté au montage des roues, il passe d’abord une année en intérim, pour vérifier la compatibilité de ses deux emplois du temps. « Je suis aux 35 heures. Il me fallait des horaires adaptées. Tout s’est fait naturellement, avec beaucoup de dialogue et de transparence. Mon responsable d’équipe est fils d’agriculteur. Il sait ce que c’est. Je n’ai jamais eu aucun conflit, je les remercie », confie-t-il.

Des journées bien remplies

Plusieurs employés de Grégoire Besson sont dans le même cas que Michaël. « Notre responsable de la R&D et celui de notre secteur Ukraine-Russie sont aussi exploitants agricoles. Ils nous apportent une vision du terrain », explique Marc Besson, responsable du marketing et 8e génération de Besson au sein de l’entreprise.

La journée type de Michaël démarre à 7h30 et finit à 16 heures. Puis il prend la direction de sa ferme, réduite à 80 hectares, située à un kilomètre de l’atelier. Il apprécie la vie en entreprise : « Avec les collègues, on parle de tout. Entre agriculteurs, il faut reconnaître qu’on ne parle que d’agriculture ».

La passion de la mécanique en héritage

En monter toute la journée ne le lasse pas des machines, loin de là ! Sur son exploitation, il retrouve ses deux tracteurs estampillés John Deere dont il apprécie « le confort et l’esthétique ». Passionné de nouvelles technologie, il possède un semoir et un distributeur d’engrais Isobus avec GPS. Pour moissonner, il fait appel à une ETA et « le reste, c’est en Cuma ». Côté travail du sol, Michaël s’adapte : « Je suis ouvert à tout. J’étais en TCS, j’ai fait du semis direct et cette année j’ai passé la charrue ». Une Grégoire Besson : « Sans être chauvin, c’est celle qui laboure le mieux ».

Dans ce quotidien bien rempli, Michaël peut compter sur sa femme, Véronique, professeur des écoles, et ses deux fils Evan, 18 ans, et Mathis, 20 ans qui, le fruit ne tombant jamais loin de l’arbre, adorent la mécanique. « Ils ont de vieilles Honda Civic qu’ils bricolent », raconte leur père. Une vie de famille parfois « pas simple à organiser » mais source d’émotions et de fierté : cet été, les jeunes Pouplard ont déchaumé les terres de l’exploitation, un moment fort pour Michaël. Avec du matériel Grégoire Besson bien sûr !