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Dans son usine de Troyes

Avec Cosmos, Michelin révolutionne la fabrication de ses pneus agricoles


TNC le 21/06/2024 à 04:30
michelin

Confectionneur de pneumatiques, Matthias Lachot participe à la mise en place de la nouvelle chaîne de production du site Michelin, baptisée Cosmos, visant à améliorer les conditions de travail des salariés. (© TNC)

Dans son usine troyenne, qui produit 40 % de ses pneus agricoles, Michelin rode sa machine Cosmos. Grâce à une plus grande robotisation, cette chaîne de production révolutionne le process de fabrication et va surtout faciliter le travail des ouvriers confectionneurs. Objectif : rendre beaucoup plus attractif un métier pour lequel il est difficile de recruter.

Les innovations industrielles sont le plus souvent motivées par la réduction des coûts, ou l’amélioration de la productivité. Et pourtant. Dans son usine de Troyes, qui produit 40 % des pneus agricoles du groupe, c’est une tout autre motivation qui incite Michelin à innover.

La marque au Bibendum vient d’inaugurer sa machine Cosmos, qui devrait révolutionner le travail quotidien des 750 salariés du site. « À l’instar des produits que nous proposons au monde agricole, Cosmos illustre bien l’ADN et l’engagement de Michelin pour l’innovation. Mais le principal objectif de la machine, c’est d’offrir de meilleures conditions de travail aux salariés », a présenté Petar Nikolic, devant une poignée de journalistes lundi 17 juin.

Malgré les palans et tous les dispositifs pour limiter la manipulation de charges lourdes, confectionner un pneu agraire pouvant peser plus de 400 kilos reste difficile. Surtout quand certains équipements sont aussi vieux que l’usine, qui a soufflé ses 60 bougies en 2023. Précentrage et centrage de la bande composite, pose de la bande de roulement, transfert vers la cuisson : de nombreuses étapes de la production d’un pneu sont encore manuelles.

Un process davantage robotisé

Avec l’unité de production Cosmos, Michelin en automatise une grande partie : les bandes et les composants du pneu sont automatiquement centrés sur les circuits de distribution. La pose de la bande de roulement, dernière étape avant la cuisson, est désormais faite par un robot, « comme une imprimante 3D ».

« La relation au travail des salariés a changé », explique Caroline Coudert, la DRH du site. La bonne ergonomie du poste de travail est essentielle et c’est bien l’attractivité du métier qui est au cœur de ce projet ».

Faire monter les salariés en compétences

Pour l’entreprise, « le robot ne remplace pas les salariés, insiste Océane Prieur. Mais il va les faire évoluer en compétences ». L’équipe projet a d’ailleurs intégré des « confectionneurs » — ouvriers sur les chaînes de montage – pour que la machine réponde au mieux à l’amélioration de leurs conditions de travail. « Avec Cosmos, notre métier change complètement. Au lieu de manipuler un pneu et ses composants, on pilotera et supervisera le travail de la machine. C’est plutôt stimulant », raconte Matthias Lachot, confectionneur depuis 5 ans chez Michelin. « Un projet au service de la qualité de nos produits », rappelle Petar Nikolic. Cosmos permettra aussi à Michelin de disposer de chaînes de montage adaptées aux matériaux qui composeront les pneus de demain. Le tout avec un meilleur bilan environnemental : « On va pouvoir réduire la consommation de solvants de 20 % sur le site », explique Océane Prieur, qui a piloté le projet Cosmos.

Un déploiement progressif d’ici début 2025

Le rodage de la machine, ultime étape avant de pouvoir commercialiser les pneus fabriqués avec, a démarré début avril. Le prototype industriel « a sorti son premier pneu le 11 avril » et, entre d’innombrables réglages, produit seulement 4 pneus par semaine. Jusqu’à fin 2024, la machine sera testée sur la production de trois dimensions différentes, de 24 à 48 pouces. Michelin prévoit une exploitation de son Cosmos en « trois huit » début 2025. Avant de le cloner dans l’usine à et ses deux autres européens.

En parallèle, Michelin poursuit la restructuration de sa production. Le mélangeage, première étape consistant à mélanger les ingrédients des différentes parties d’un pneu, est progressivement transféré sur son site de Montceau-les-mines. Ce transfert d’activité, qui a nécessité le reclassement d’une centaine de salariés, sera bouclé dans quelques mois. À Troyes, les 750 salariés se concentrent désormais sur la confection des pneus agricoles. 220 000 pneus sont sortis de l’usine en 2022.