Comment sécuriser l’échange de données numériques en agriculture ?
TNC le 13/07/2020 à 11:15
Si les agriculteurs se sont rapidement approprié les outils numériques dans le cadre de leur travail quotidien, la question de l’utilisation des données qu’ils fournissent, et de leur valorisation, devient de plus en plus prégnante à mesure que les flux se multiplient et s’intensifient. Y’a-t-il aujourd’hui des garde-fous pour garantir un usage transparent de ces données ?
Avec 80 vaches laitières, Étienne Fourmont produit du lait, mais aussi un nombre important de données qu’il utilise dans le cadre de la traite, pour mieux connaître l’état de santé de ses animaux, la qualité du lait… Issues de la ferme, ces données peuvent ensuite être utilisées au niveau du centre de la gestion, puis de la filière pour faire des moyennes régionales ou nationales, ou par différents organismes. « Ces données sont exploitées à fond, mais pas forcément par moi », avoue l’éleveur, qui participait le 9 juillet à un débat en ligne dans le cadre du LFDay 2020.
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Il existe en effet un manque de transparence de ces données. « Il a peut-être signé un contrat autorisant l’utilisation de ses données, mais ce contrat ne prévoit pas qu’il soit informé », notamment en cas d’usage différent de ce qui est convenu, explique Henri Bies-Péré, vice-président de la FNSEA. Sur l’initiative du syndicat majoritaire, une charte destinée à assurer la sécurité juridique du consentement aux échanges de données agricoles a vu le jour il y a deux ans : Data-agri.
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Pour revoir le débat du 9 juillet :
Pour une meilleure valorisation des données
Pour Henri Bies-Péré, il y a en effet « trop de danger dans cette transmission et cette exploitation des données. Par exemple, en cas de rachat d’une start-up par une entreprise plus grosse. Ce qu’on a voulu faire avec cette charte, ce n’est pas de verrouiller l’accès ou la circulation des données », c’est plutôt de faire appliquer une obligation de transparence.
Une transparence dans l’intérêt de tous, y compris pour l’entreprise, qui rassure les agriculteurs, obtient leur confiance et donc davantage de données à exploiter. Ces données sont « une richesse pour toute la production agricole française, mais je sens bien que je n’en n’ai pas le contrôle, pas le retour. Ce serait juste d’avoir un retour », indique Étienne Fourmont.
« Une donnée individuelle dans une seule exploitation, c’est difficile de lui donner une valeur », reconnait Henri Bies-Péré. En revanche, quand de la valeur ajoutée est dégagée en aval grâce à la transparence sur le circuit de fabrication du produit (transparence de plus en plus plébiscitée par les consommateurs), « on peut tracer l’agriculteur à l’origine de ces données et lui renvoyer de la valeur ajoutée », estime le vice-président de la FNSEA.
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Sécurisation informatique et standardisation
D’un point de vue juridique, « on est déjà sur un cadre législatif le plus protecteur au sein de l’Union européenne. La question pratique, c’est quel outil technologique utiliser pour sécuriser les acteurs », rappelle Sébastien Picardat, directeur d’API-Agro. Sa société a lancé en début d’année AgDataHub, qui a pour objectif de créer une base regroupant toutes les données agricoles françaises (données géographiques, de pratiques agricoles et d’IoT) pour faciliter leurs échanges entre acteurs publics et privés.
Enfin, la standardisation des données (pour utiliser les données avec des matériels de marque différente, par exemple), pourra encore apporter un pas de plus dans la transparence et la sécurisation, mais il s’agit « d’un travail de longue haleine », précise Sébastien Picardat. C’est l’un des objectifs menés par le projet Numagri, qui s’appuie sur l’expertise de GS1, organisation mondiale de standardisation, créateur notamment du code barre.