Coût de production : la traite robotisée est-elle vraiment plus chère ?
TNC le 11/02/2025 à 05:13
Sur les 9 dernières années, les exploitations en traite conventionnelle du réseau Inosys ont dégagé quasiment le même niveau de revenu que les structures robotisées. Les dernières années plaident même en faveur de la technologie. En cause : de hauts niveaux de productivité portés par une conjoncture favorable. Mais attention à ne pas se faire rattraper par le prix des concentrés.
Avoir un robot de traite est de plus en plus banal. En un peu moins de 10 ans, le nombre d’éleveurs équipé a doublé au sein du réseau Inosys pour atteindre les 20 % d’exploitations en 2022. Mais cet investissement conséquent est-il gage de rentabilité ? D’après les données des réseaux d’élevage Inosys, les résultats des exploitations robotisées talonnent celles des structures en traite conventionnelle, et présentent des coûts de production aux 1 000 l très légèrement supérieurs.
40 % de lait en plus par UMO avec le robot
Car si les robots coûtent cher, ils permettent de faire d’importantes économies sur la main-d’œuvre. Un différentiel de 140 000 litres de lait par UMO s’observe entre les systèmes en traite conventionnelle et les systèmes robot. « En produisant 40 % de lait en plus par UMO, les charges liées au poste main-d’œuvre sont diluées et compensent les surcoûts », souligne le rapport.
Ce gain de productivité permet de compenser la hausse des charges sur le poste bâtiment. Si bien que les élevages robotisés affichent des charges de structure à la vache « seulement » supérieures de 100 € par rapport aux autres exploitations. « Le poste bâtiment très élevé s’explique par des robots souvent récents, et intégrés fréquemment dans des projets de modernisation plus larges. La part de bâtiment déjà amorti est vraisemblablement plus importante dans les autres systèmes », décrypte le rapport.
Un meilleur coût de production aux 1 000 l
Mais les élevages robotisés produisent aussi davantage de lait : compter 500 l de plus par vache en moyenne. Ils ont aussi un petit peu plus de vaches (100 en moyenne en système robot, contre 95 en traite traditionnelle parmi les éleveurs Inosys). La productivité et la taille des cheptels permettent de diluer les charges, avec un coût de production aux 1 000 l inférieur. « Seul le poste bâtiment concentre les surcoûts et demeure élevé, même ramené en €/1 000 l », détaillent les experts. « La très forte productivité de la main-d’œuvre joue un effet multiplicateur majeur, qui conduit à un très bon niveau de rémunération en 2022, un peu plus élevé qu’en système de traite conventionnelle ». Ainsi en 2022, les éleveurs du réseau en traite robotisée parvenaient à obtenir une rémunération de l’ordre de 3,6 Smic/UMO, contre 2,8 pour les autres.
Un système assez dépendant des intrants
Ces résultats sont à prendre avec recul : dans tout système, des disparités existent. Le pôle concentré apparaît comme un élément à surveiller. Si les éleveurs avec robot produisent en moyenne 500 l de plus, attention à ne pas payer trop cher ces derniers kilos de lait. « Chaque litre de lait supplémentaire coûte 670 g », de concentré, pointe du doigt le rapport. Et le coût alimentaire est assez disparate d’une exploitation robotisée à l’autre. 50 €/1 000 l séparent le coût alimentaire des structures les plus économes des plus dispendieuses. Attention donc au prix du correcteur azoté. « En exacerbant la recherche de productivité par l’investissement et des consommations d’intrants plus importantes, ces exploitations ont profité de la conjoncture de ces dernières années. Par contre, en période plus difficile (2015-2016), l’impact économique de marges très réduites a été particulièrement lourd », avertissent les experts. En pleine crise du lait de 2016, les éleveurs en traite conventionnelle du réseau Inosys parvenaient à générer 1,5 Smic/UMO, contre un peu moins de 0,5 en système robot.
Mais le temps lisse les effets conjoncturels. Sur 9 ans, le revenu moyen des éleveurs laitiers Inosys en traite robotisée est de 2 Smic, contre 2,1 pour les éleveurs en traite conventionnelle. Le robot permet de dégager des gains de productivité notables, qui permettent d’amortir la technologie. Ces dernières années, la conjoncture haussière s’est avérée payante pour les éleveurs robotisés, mais la traite traditionnelle peut prétendre au même niveau de performance économique, avec de moindres investissements matériels, mais davantage de main-d’œuvre.