Dans l’Eure, cette ferme de 160 ha vend du jambon… et des timbres !
AFP le 22/12/2024 à 12:05
« Je fais d'une pierre deux coups, j'achète des timbres et de bons produits » : cliente hebdomadaire de la ferme du Louvier à Bâlines (Eure), Annie Duchossoy choisit méticuleusement son jambon à quelques mètres d'un meuble aux couleurs de La Poste.
La retraitée de 68 ans réside à une quinzaine de kilomètres de cet élevage porcin équipé d’une boutique de vente directe qui propose les produits de 80 producteurs et… des services postaux depuis début novembre.
« Je viens ici faire mes courses toutes les semaines car tous les produits sont très bons, locaux, et l’accueil est excellent », explique Mme Duchossoy, « le point poste est une bonne idée, l’amplitude horaire me convient mieux qu’à la poste et je fais donc d’une pierre deux coups : me ravitailler et acheter des timbres ou envoyer un colis ».
Derrière elle, à l’entrée de la boutique, des présentoirs, un écran et une balance siglés La Poste reposent sur un guichet où sont rangés des enveloppes et papillons de recommandés.
Le groupe La Poste a ouvert ce type de point relais dans trois fermes de l’Eure du réseau « Bienvenue à la ferme » (qui met l’accent sur l’accueil et la vente directe de produits fermiers) au Plessis-Grohan, à Vexin-sur-Epte et à Bâlines.
« On a eu énormément de colis pour Noël, nos clients peuvent aussi envoyer directement nos paniers garnis, deux sont partis hier, mais ce qu’on vend le plus c’est le timbre » explique Patricia Auffret, 52 ans.
Créée à deux en 2001, la boutique de vente directe de la ferme du Louvier emploie aujourd’hui 15 personnes.
Créer un flux de clients
Le mari de Patricia, Max fait de l’engraissage de porcs (600 à 700) en plein air, et cultive des céréales pour nourrir les bêtes, blé, orge et pois, sur 160 ha.
« On a commencé par vendre notre charcuterie, puis du cidre, du miel, du maraîchage, aujourd’hui on propose 80 producteurs, essentiellement locaux, de l’entrée au dessert » liste fièrement la commerçante.
« On a une petite rémunération sur les ventes de produits postaux mais l’idée c’est surtout de créer du flux ».
La sonnette de l’entrée résonne souvent mais le point poste installé le 6 novembre n’est pas pris d’assaut : seul un client achètera deux carnets de timbres ce jour-là.
« On voit entre 200 et 400 clients hebdomadaire, mais la fréquentation du point Poste est encore assez faible, deux à trois transactions par jour » chiffre Patricia Auffret.
En revanche le « pick up », un bloc de casiers en libre service alimenté par la factrice où retirer ses colis 24/24 dans la cour de la ferme marche « hyper bien », commente l’agricultrice-guichetière.
Un an pour valider
« Une formatrice de La Poste est venue une après-midi pour nous former sur les différents colis, recommandés, timbres, enveloppes et Smartéo, un petit téléphone qui permet d’affranchir les colis » retrace Charline Groult, 28 ans, assistante de direction et guichetière en cas de besoin.
Pour Frédéric Bonté, directeur maillage pour La Poste en Normandie, « grâce à ces points poste à la ferme, les clients restent à la poste et c’est le principal ».
« De par notre mission de service public, La Poste a l’obligation de proposer un service postal à moins de 20 minutes ou 5 km de 90 % de la population française », rappelle M. Bonté. « Ces points relais viennent en complément et en remplacement des bureaux traditionnels, qui parfois ne sont pas assez utilisés, quand on ferme un bureau, on ouvre un point de service ».
« Le challenge est de trouver un lieu d’activité avec une grosse amplitude horaire et qui ait un statut juridique qui permette de vendre autre chose que des produits agricoles » ajoute le directeur.
« On se donne un an » pour valider l’ouverture de ces points relais, conclut M. Bonté.