Egalim : E.Leclerc opposé à la marge minimale de 10 % imposée aux supermarchés
AFP le 04/03/2025 à 11:45
Le distributeur E.Leclerc est opposé à une disposition des lois Egalim visant à garantir la rémunération des agriculteurs, qui oblige les supermarchés à prendre au moins 10% de marge sur les denrées alimentaires, et que le gouvernement veut prolonger, a indiqué Michel-Edouard Leclerc.
« Je suis contre, les centres Leclerc sont contre, tous les députés ont l’air de trouver ça compréhensible, moi je ne comprends rien », a déclaré mardi sur TF1 le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, leader de la grande distribution en France.
Cette disposition d’encadrement du « seuil de revente à perte » (dit SRP+10) est en vigueur depuis fin 2018 dans le cadre des lois Egalim mises en place pour tenter de protéger la rémunération des agriculteurs lors des négociations qui ont lieu chaque année entre la grande distribution et ses fournisseurs de l’agro-industrie.
Expérimentation à l’origine, le dispositif a été prolongé jusqu’au 15 avril, malgré plusieurs études d’impact critiques, émanant notamment du Sénat.
La disposition a coûté « plusieurs milliards d’euros » aux consommateurs, « sans impact sur le revenu agricole », a encore récemment regretté l’association de consommateurs UFC-Que Choisir.
Malgré cela, un consensus existe entre syndicats agricoles, industriels et grande distribution sur son maintien et le gouvernement prévoit de prolonger sa mise en place « pour trois ou quatre ans » dès le mois d’avril, a dit récemment sur Public Sénat le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola. Il a aussi précisé que la nouvelle révision des lois Egalim dans leur ensemble était attendue « avant l’été ou juste après l’été ».
« Je ne comprends pas en quoi nous obliger à vendre du jus d’orange Joker (marque du groupe allemand Eckes Granini Group, NDLR), du Coca-Cola, du Nescafé (groupe Nestlé, NDLR) ou du chocolat avec une marge de 10 % va ruisseler vers l’agriculture française, qui ne produit pas ces denrées », a déclaré Michel-Edouard Leclerc, estimant qu’il s’agit d’une « loi de lobby qui protège les grandes entreprises multinationales ».
Interrogé sur la fin des négociations commerciales avec les fournisseurs agro-industriels de la grande distribution, il a dit s’attendre à « des contentieux ».
« Pratiquement toutes les enseignes tour à tour sont sélectionnées » et écopent de sanctions, « ça fait partie de la légitimation politique des administrations », a estimé le représentant d’une enseigne dont la centrale européenne Eurelec a l’an passé été sanctionnée de 38 millions d’euros d’amende pour ne pas avoir respecté les délais des négociations avec une soixantaine de fournisseurs, après une enquête de la Répression des fraudes (DGCCRF).