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Gueudet, Emil Frey France… Les concessions agricoles « s’automobilisent »


TNC le 22/10/2024 à 05:00
Primault

Les établissements Primault distribuent Claas depuis 1986. (© Primault)

Le groupe de distribution automobile Gueudet s’offre les établissements Primault, créant ainsi un « empire » Claas qui s’étend de la Somme aux Ardennes. Ce rachat illustre l’appétit des géants de la vente de voitures pour les agroéquipements.

Les établissements Primault, un groupe centenaire installé dans le machinisme agricole depuis 1919, tombent dans l’escarcelle d’un autre illustre nom de la mécanique, le groupe Gueudet, né en 1880 à Amiens avec la fabrication de vélos (et de machines à coudre !) avant de se spécialiser dans la voiture. Ce rachat confirme l’attrait des mastodontes de la distribution automobile pour les tracteurs et autres.

Depuis leur création, les deux sociétés ont fait du chemin. Primault, fort de sa centaine de salariés, distribue Claas (depuis 1986) sur la Champagne et autour (cinq concessions dans la Marne, deux dans les Ardennes et une dans l’Aisne) pour un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros. Gueudet, historiquement lié à Renault depuis 1920 (et un premier contrat qui portait sur… 4 véhicules neufs), boxe dans une autre catégorie : deuxième groupe de distribution automobile de France, 4 000 collaborateurs et un chiffre d’affaires qui avoisine les 2 milliards d’euros.

Le monde des concessions chamboulé

Le monde agricole est loin d’être une découverte pour Gueudet. Le groupe a vendu, au sortir de la Seconde guerre mondiale, des tracteurs de la marque au losange. Et a étoffé, dès le début des années 2000, sa branche agricole, avec la Motoculture de l’Oise (Oise et Seine-et-Marne), les établissements Dachy (Aisne) et Deboffe (Somme), pour créer aujourd’hui un « empire » Claas qui s’étend sur six départements.

Le machinisme agricole apparaît aujourd’hui comme une piste évidente de diversification pour les poids lourds nationaux de la distribution automobile, qui chamboulent à coups de rachats tonitruants le monde, souvent familial et ancré localement, des concessions.

En juin dernier, le premier vendeur de voitures de l’Hexagone, la filiale française d’Emil Frey, un groupe suisse spécialisé dans le commerce automobile, s’était ainsi offert Gabagri (Morbihan, Loire-Atlantique et Maine-et-Loire). Un déploiement à grande vitesse : en février, c’est la concession Bretagri, qui rayonne sur l’Ille-et-Vilaine, le Morbihan et la Mayenne, qui était tombée dans ses filets.

Une puissance financière inédite

Cette tendance n’a aucune raison de s’arrêter. « Il n’est jamais sain de faire 100 % de son chiffre d’affaires dans une seule activité. Pourquoi ce serait différent dans l’automobile ? » avait commenté en avril au journal Les Echos, Hervé Miralles, le président d’Emil Frey France.

D’autant plus que les concessions agricoles peuvent difficilement rivaliser face à une telle puissance financière : au moment de leur rachat, Gabagri pesait 75 millions d’euros de chiffre d’affaires et Bretagri 30 millions d’euros quand Emil Frey France culminait à… 5,9 milliards d’euros.