L’agriculture recrute
AFP le 27/02/2019 à 16:12
Les métiers agricoles manquent de bras et les professionnels profitent du Salon de l'agriculture pour le faire savoir, se faire connaître, et pour recruter.
Un « job-dating » sur le stand du syndicat agricole FNSEA, une convention entre le Centre interprofessionnel du lait et l’organisme d’information sur les formations Onisep pour améliorer la connaissance des métiers de la filière auprès de l’éducation nationale, ou le lancement d’une campagne de communication de l’enseignement agricole sur Snapchat : les initiatives se succèdent Porte de Versailles, montrant l’importance du sujet pour l’avenir de la filière.
« Le secteur a besoin de main d’œuvre de tout ordre, plus ou moins qualifiée », assure Jérôme Volle, président de la commission emploi de la FNSEA, lors d’une conférence de presse. Sur les 474 000 exploitations agricoles que compte la France, 132 000 emploient des salariés, ce qui représente 261 000 emplois équivalent temps plein, selon l’Observatoire FNSEA emploi-formation que vient de lancer le syndicat.
En 2016, près d’un million de nouveaux CDD ont été signés, concernant le plus souvent des emplois saisonniers le temps de la récolte, et environ 32 000 nouveaux CDI, selon la Mutualité sociale agricole (MSA). Mais il y a également chaque année « 70 000 postes que l’agriculture a des difficultés à pourvoir, dont 10 000 CDI et 60 000 CDD », assure Mickaël Jacquemin, président de l’Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture (Anefa). « Les emplois de saisonniers sont finalement pourvus, mais par des travailleurs étrangers », et pour pallier les 10 000 CDI manquant, les exploitants « gèrent la décroissance de leur entreprise car ils manquent de bras, ou de têtes. Parfois, ce sont des projets de développement qui n’émergent pas », ajoute-t-il.
Apprendre les gestes
Bien sûr la demande d’emploi dépend de la conjoncture agricole et du revenu des exploitants, mais elle reste le signe d’une nouvelle manière d’aborder le métier d’agriculteur. « L’agriculture a beaucoup vécu sur la main d’œuvre familiale, aujourd’hui il y a une mutation qui est en train de se jouer. Il faut être attractif et faire découvrir les métiers. Ça joue aussi sur la formation, car quand vous n’avez pas grandi dans une exploitation, il faut apprendre les gestes », souligne Jérôme Volle.
L’Anefa a par exemple une convention de partenariat avec Pôle Emploi pour que les métiers agricoles soient mieux connus des agents et qu’ils puissent les proposer aux personnes en recherche. Il existe même un système de stage de trois semaines pour qu’une personne en recherche d’emploi apprenne à connaître le métier avent de se lancer dans une formation. Il faut également faire la promotion de ces métiers dès le collège, « car quand les classes d’un lycée agricole ne sont pas pleines, en septembre, on sait qu’on va manquer de candidats trois ans plus tard », assure Mickaël Jacquemin.
L’Anefa s’occupe d’aider les entreprises agricoles à pourvoir les emplois salariés dans la production agricole car « il y a énormément d’offres à pourvoir, sur tout le territoire », mais avant « tout se faisait de bouche à oreille ». « Aujourd’hui il faut les encourager à publier des offres formatées », explique Jérôme Jacquemin.
Selon lui, sur les 90 métiers que compte aujourd’hui l’agriculture, les demandes les plus fortes sont pour l’élevage, de plus en plus spécialisé, qui nécessite donc énormément de compétence et de rigueur, mais aussi chez les tractoristes et pour le travail du sol. « Il y en a pour tous les niveaux de formation : vachers, porchers, mais aussi des cadres en ressources humaines, et du personnel administratif », assure pour sa part Jérôme Volle. Quand on évoque les freins que peuvent représenter l’image de pénibilité ou le niveau de salaire, les professionnels expliquent que comme partout les conditions de travail ont beaucoup changé. « Il y a eu des progrès considérable pour la pénibilité avec la mécanisation. Par exemple, aujourd’hui les tracteurs sont insonorisées, climatisés et hermétiques à la poussière », assure Mickaël Jacquemin. Les syndicats ont su négocier de bonnes conditions dans les conventions collectives, assure-t-il, et pour les salaires : « dans un métier en tension, l’employeur est obligé de faire un effort ».