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Le monde du vin réuni au salon Wine Paris, sous la menace de taxes douanières


AFP le 08/02/2025 à 10:15

Plus de 5 000 exposants seront présents la semaine prochaine au salon professionnel Wine Paris, qui veut transformer la capitale française en « épicentre mondial de la filière des vins et spiritueux », alors que le risque de nouvelles taxes douanières plane sur le secteur.

Entre exportateurs, restaurateurs, cavistes et autres sommeliers, quelque 50 000 visiteurs sont attendus pour cette 6e édition de Wine Paris, événement d’ampleur pour le marché qui se tient du 10 au 12 février porte de Versailles.

« On a doublé la taille du salon en trois éditions. C’est vraiment devenu une référence au niveau mondial, on est le plus grand salon mondial » pour les vins et spiritueux, met en avant Rodolphe Lameyse, directeur général de l’organisateur Vinexposium.

Vins tranquilles ou effervescents, champagnes, eaux-de-vie, liqueurs mais aussi boissons sans alcool: 5 300 exposants – soit une progression de 29 % par rapport à l’édition précédente – venus de 54 pays mettront en valeur leur production et leur terroir.

Du côté des vins, les stands du Vieux Continent (France, Italie, Espagne notamment) côtoieront ceux du « Nouveau Monde » (Australie, Amérique du sud, Chine ou encore Nouvelle-Zélande). Et les spiritueux ne seront pas en reste, avec 300 producteurs de vodka, brandy, calvados, rhum ou encore tequila. Les exposants français seront notamment bien représentés, avec 48 maisons de cognac, 23 d’armagnac ou 10 de whisky.

« Au-delà de l’activité économique » qui se concrétisera dans les allées du salon, exposants et visiteurs « viennent surtout prendre attache et aussi prendre le pouls mondial de la filière. Quelles vont être les futures annonces possibles de l’administration Trump ? Quelle va être la réponse de l’Europe ? Quelle va être l’attitude de la Chine ? Il y a beaucoup d’enjeux qui vont au-delà du simple commerce et qui feront l’actualité de ces trois jours d’événements », résume Rodolphe Lameyse à l’AFP.

Après la rafale de taxes américaines sur les produits canadiens, mexicains et chinois, l’Europe craint des annonces de même nature la concernant de la part de l’administration Trump, et qui auraient de fortes chances de concerner les vins et spiritueux, un marché très dépendant des exportations.

Tendances bio et sans alcool

Lors de son premier mandat à la Maison Blanche, Donald Trump avait imposé une surtaxe de 25 % sur certains vins européens dans le cadre d’un long différend entre l’Europe et les Etats-Unis sur les aides publiques à l’aéronautique.

Et la Chine impose déjà depuis octobre dernier aux importateurs de brandys européens (dont le cognac représente 95 % du total) de déposer une caution ou une lettre de garantie bancaire auprès des douanes chinoises, dans le cadre d’une enquête anti-dumping.

« Les vins et spiritueux français sont le troisième contributeur dans l’équilibre du commerce extérieur », rappelle Rodolphe Lameyse.

Cette menace de nouvelles taxes s’ajoute à un contexte considéré déjà complexe par le secteur, en raison des conséquences du changement climatique, de récoltes aux rendements faibles ou encore d’une baisse de la consommation de vin.

« La filière a les atouts pour répondre aux défis qui lui sont posés, encore faut-il que d’un point de vue géo-économique mais également politique on puisse laisser les uns et les autres travailler en paix », ajoute M. Lameyse en référence à « l’absence stable de gouvernement » en France « qui n’est pas capable de prendre des lois » ou a peiné à voter un budget, « ce qui diffère d’autant plus les mesures qui vont en soutien à la viticulture » et « entrave l’économie d’une filière » selon lui.

En termes de tendances, la place occupée dans Wine Paris par les boissons sans alcool ou faiblement alcoolisées connaît « une très grosse croissance » : « c’est la réponse à une attente de la jeune génération qui souhaite avoir des produits moins alcoolisés. Et cela démontre aussi que l’innovation peut exister dans une filière de tradition où on a tendance à penser un peu à tort qu’elle est figée dans le passé, ce qui n’est pas vrai du tout », met avant M. Lameyse.

Le bio sera également largement présent sur le salon, 36 % des exposants ayant déclaré « au moins une méthode de production bio: biodynamie, agriculture naturelle, certification environnementale, viticulture responsable, vegan ou sans ajout de sulfites », indiquent les organisateurs de Wine Paris.