Menaces d’inflation sur les produits alimentaires ?
André NEVEU, membre de l'Académie d'Agriculture de France le 07/12/2021 à 07:36
Alors que les récoltes mondiales des années 2020 et 2021 sont considérées comme normales, les prix des produits agricoles et alimentaires ont fortement progressé. Comment expliquer ces augmentations ? On fait le point avec l'Académie d'agriculture de France.
La pandémie de Covid-19 à l’origine d’une inflation soutenue des produis agricoles
En 2020 et en 2021, le volume des récoltes des principales productions agricoles a été peu affecté par la pandémie. En revanche, les transports ont connu de nombreux dysfonctionnements qui peinent à se résorber au moment de la reprise économique générale.
Or dès l’été 2020, les prix agricoles et alimentaires ont fortement augmenté. Cette hausse s’est poursuivie pendant toute l’année suivante, et à l’automne 2021, la Banque mondiale évaluait l’augmentation des prix agricoles à 20 %, tandis que la FAO estimait celle sur l’ensemble des produits alimentaires à près de 33 % en un an.
Au-delà des réels problèmes d’acheminement des denrées, plusieurs explications ont été évoquées :
- À l’été 2020, des achats de précaution de la part de plusieurs pays gros importateurs de céréales, afin de sécuriser leurs approvisionnements.
- Des freins à l’exportation, sous forme de taxes en Argentine et en Russie.
- Une forte croissance des achats de la Chine dans tous les compartiments de la production agricole.
- La hausse des prix du pétrole en 2021 qui impacte les prix des matières premières utilisées pour la production de biocarburants (sucre, maïs, colza, huile de palme…).
- L’intérêt croissant des investisseurs institutionnels pour les matières premières, en particulier pour les produits agricoles.
Conséquence de tout cela : une grande nervosité des professionnels qui interviennent sur les marchés de matières première, nervosité créant des tensions sur les prix.
La menace d’un dérèglement climatique sévère dans des régions de grande production
Même si en 2021 cette menace s’est avérée exagérée, les inquiétudes des professionnels ne sont pas infondées.
Ainsi, en 2021, le dôme de chaleur qui a frappé la région de Vancouver (Canada), s’est accompagné d’une sécheresse dans l’Est des grandes plaines de ce pays, ainsi qu’aux Etats-Unis ; les rendements des cultures y ont souvent baissé de 30 %, notamment ceux du blé dur, du canola et des lentilles, toutes productions qui, en temps normal, sont largement exportées sur le marché mondial. Une augmentation des prix de ces productions s’est alors immédiatement produite, ce qui est logique ; ce qui l’est moins, c’est que cette augmentation s’est élargie rapidement au blé tendre et au maïs, dont les récoltes mondiales ont été normales. Puis, le sucre, les oléagineux, le lait et les viandes ont à leur tour subi une forte hausse de leurs prix. D’où l’augmentation générale des prix agricoles et alimentaires dans le monde.
On peut imaginer la panique qui se serait emparée des marchés agricoles si – à la différence de ces deux années – un accident climatique sévère avait frappé une grande zone de production agricole. Car alors, l’approvisionnement des marchés mondiaux, pour plusieurs grandes productions, n’aurait pu être satisfait ; il s’en serait suivi une réelle pénurie sur les marchés internationaux, et une hausse incontrôlée des prix.
Accédez à l’intégralité de la publication en téléchargement ci-dessous.
https://www.academie-agriculture.fr/
Pour approfondir le sujet consultez aussi