Noémie veut défendre un métier auquel elle croit « dur comme fer »
TNC le 06/01/2020 à 14:02
Installée en Haute-Savoie sur une exploitation qui produit du lait de chèvre et des fromages, Noémie a été élue Miss France Agricole le 15 décembre. Cette éleveuse passionnée depuis toujours entend mettre à profit la visibilité donnée par le titre pour défendre un métier auquel elle croit mais qui manque de reconnaissance et de respect auprès du grand public.
Élue Miss France Agricole 2020 le 15 décembre, Noémie Collet n’entend pas faire de son titre une simple décoration. Âgée de 30 ans, cette mère de deux enfants est éleveuse de chèvres et produit du fromage en Haute-Savoie, sur l’exploitation familiale. Si son installation et les débuts de son activité n’ont pas toujours été faciles, elle est fière de son parcours et entend mettre à profit son expérience et la visibilité du titre de Miss Agri pour faire passer des messages aux élus et au grand public quant à la situation actuelle du monde agricole.
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TNC : Qu’est-ce qui vous a poussée à participer au concours Miss France Agricole ?
Noémie Collet : J’avais une revanche personnelle à prendre, après un parcours compliqué, au niveau de mon exploitation, pour faire ma place et être considérée. Pendant longtemps, on n’a pas voulu m’accorder de crédibilité : en tant que femme, installée en chèvres, au milieu d’un secteur où il n’y a que des vaches… !
Il y a beaucoup de choses à dire sur l’agriculture, et aujourd’hui, grâce au titre de miss Agri, qui donne une certaine visibilité, je peux les exprimer à une plus grande échelle.
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TNC : À quels sujets pensez-vous, plus particulièrement ?
NC : Je pense au malaise dans lequel se trouve actuellement le monde paysan, le monde agricole… Quand on connait les taux de suicide, c’est évident que quelque chose ne va pas. Bien sûr, je ne vais pas changer le monde, mais je pense que le titre de miss Agri donne à mon message un peu plus de portée vers le grand public. Je souhaite aussi parler de la place des femmes dans l’agriculture.
Je veux me battre pour ce métier, car pour moi c’est plus qu’une vocation, j’y crois dur comme fer. Mais je trouve que la notion de respect envers les agriculteurs manque vraiment, même si je suis dans une région d’élevage, installée en bio, on n’est pas vraiment confronté à l’agribashing et au débat sur les pesticides.
TNC : Il est donc important de dialoguer davantage avec le grand public ?
NC : On se rend compte que le grand public définit très mal les priorités économiques pour le territoire, comme le montre l’exemple du loup. Cette problématique est infernale pour le monde rural, c’est invivable ! On a déjà des difficultés à transmettre, mais le loup va finir d’achever le système. Je ne sais pas pourquoi cet animal fait autant rêver, il a sûrement des qualités, mais derrière cette problématique, c’est tout un volet économique de l’agriculture qui est mis en danger. On ne peut pas à la fois vouloir protéger le loup et manger local. Il y a une notion de priorité à revoir dans l’urgence.
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TNC : Quels sont vos projets pour les mois qui viennent ?
NC : Je vais déjà profiter des trois jours au Salon (NDLR : de l’agriculture, qui se déroule à Paris fin février) pour faire passer des messages et dire ce qu’il y a à dire. J’ai été sollicitée par ma région pour remettre des récompenses aux éleveurs en présence d’élus, je vais bien préparer mon discours !
J’aimerais aussi, si c’est possible, en profiter pour mettre en place des actions caritatives. Cela me tient à cœur de venir en aide aux agricultrices qui doivent faire face à des arrêts de longue durée, par exemple. La chance de Miss Agri, c’est que l’on a une marge de manœuvre, il n’y a rien de tracé. C’est à moi d’ouvrir les portes !