Sol basaltique pour arômes uniques : le caractère explosif des vins volcaniques
AFP le 12/02/2025 à 15:15
Des vignes qui prennent racine sur d'anciennes coulées de lave ou entre des pierres basaltiques : les vins issus de terroirs volcaniques offrent une minéralité intense et des arômes uniques, mettant en avant de petits domaines français et étrangers présents au salon Wine Paris.
Cristina Varchetta vient d’Italie, près de Naples, et représente le vignoble développé par son arrière-grand-père sur les pentes d’un des cratères de la zone volcanique des champs phlégréens, moins connus que leur imposant voisin le Vésuve.
« Cette terre autour du cratère Astroni », volcan endormi, « était autrefois un terrain de chasse privé des Bourbons, et est aujourd’hui une réserve naturelle », explique à l’AFP la directrice de la communication du domaine Astroni, un des dix-huit vignobles implantés à proximité de volcans à être présents sur le salon du vin Wine Paris (10-12 février) parmi quelque 5 300 exposants.
L’appellation d’origine contrôlée des vins des champs phlégréens « est toute petite, seulement 150 hectares. Les caractéristiques de nos vins sont la fraîcheur, la minéralité et la salinité. Le sol est en effet riche en sels minéraux dont le potassium, qui se transforme en sel dans le verre », détaille Mme Varchetta.
La production de vin blanc du domaine Astroni, issu du cépage autochtone Falanghina, « se boit en apéritif ou accompagne des plats simples de poisson, comme des pâtes aux palourdes », tandis que le rouge, tiré du cépage également local Piedirosso, « sera parfait avec des plats à base de tomates, comme la pizza tout simplement », conseille-t-elle.
Elle estime que « les vins volcaniques intéressent et génèrent une curiosité de la part des distributeurs comme des consommateurs car ils mettent en valeur un territoire particulier ».
« On ne peut pas dire qu’un vin volcanique se reconnaît immédiatement à la dégustation, par exemple en disant qu’ils ont tous un goût fumé, cela n’a pas de sens », explique Konstantin Baum, expert en vins et titulaire du prestigieux diplôme de « Master of Wine » délivré à Londres depuis 1953.
Arômes souffrés, pierreux et poivrés
« Il est vrai, certes, que les sols volcaniques sont souvent bien drainés et que leur couleur est plus foncée, ce qui génère un micro-climat plus chaud.
Mais le sol n’est qu’un facteur parmi d’autres, même si parfois il a un poids un peu plus lourd », résume-t-il.
A Wine Paris, il a animé une masterclass sur les vins volcaniques de Hongrie, expliquant comment les sols volcaniques peuvent « façonner le caractère » des vins des régions de Tokaj et du lac Balaton. Il a présenté notamment un vin du domaine Sauska dont il a évoqué « les notes souffrées et la grande fraîcheur ».
En France, c’est dans la grande chaîne volcanique des Puys, en Auvergne, que le domaine Desprat Saint-Verny cultive ses vignes depuis cinq générations.
« Les terroirs volcaniques sont plutôt rares dans le monde du vin, et on est aussi le seul vignoble au monde à avoir ce qu’on appelle les quatre géologies volcaniques présentes en même temps dans le sol: le basalte, la pouzzolane, la pierre ponce et la pépérite », souligne Léa Desprat, directrice commerciale.
Les gammes de vin baptisées Fusion, Eruption et Magma « ont beaucoup de minéralité, avec ce côté pierreux et aussi très frais car on est un peu en altitude. Nos blancs et rosés ont aussi la même salinité qu’un vignoble de bord de mer, tandis que les rouges ont des caractéristiques épicées, poivrées, fumées », décrit-elle.
En Arménie, c’est dans la région de Vayots Dzor, à proximité du volcan éteint Vayots Sar, que le père de Lilit Ghazaryan a décidé de planter ses vignes en 2014 « car il a estimé que le sol y était le meilleur, tout comme le climat et l’altitude » de ces terres situées entre 1 200 et 1 500 mètres au-dessus de la mer, explique la dirigeante du domaine Qotot.
A la minéralité typique des vins volcaniques s’ajoutent « des arômes de baies » pour les rouges issus du cépage arménien Areni, tandis que les blancs tirés du cépage Voskehat « sont très frais et fruités, avec des goûts de pomme verte, poire et pêche », décrit Lilit Ghazaryan, qui espère que le domaine à la production annuelle de 25 000 bouteilles va trouver de nouveaux marchés d’exportation après la France, l’Allemagne et la Russie.