Un bâtiment tunnel isolé pour les génisses
TNC le 21/07/2021 à 06:03
Loger ses génisses dans un tunnel isolé et bardé de filets brise-vents, c’est la solution que testera la ferme expérimentale des Trinottières pour concilier performances et bien-être, en été comme en hiver.
Les fermes expérimentales des chambres d’agriculture sont le support d’essais qui permettent de tester puis de diffuser de nouvelles pratiques. À la ferme des Trinottières, dans le Maine-et-Loire, on s’intéresse, entre autres, à l’élevage des génisses, que ce soit pour la conduite alimentaire comme le logement. « Un bon logement est important pour limiter les problèmes alimentaires et respiratoires, diminuer la mortalité et gagner en croissance », souligne David Plouzin, conseiller spécialisé génisses laitières.
Il y a quelques années, la ferme des Trinottières avait déjà innové avec sa nurserie équipée de cases individuelles. Ce printemps, c’est un nouveau bâtiment post-sevrage qui a vu le jour. Afin de tester une formule alternative aux bâtiments traditionnels, c’est un tunnel qui a été monté. Avec ses 12,8 m de large, il pourra accueillir 48 génisses dans 6 cases de 8. Ces cases collectives répondent à l’obligation d’un logement collectif pour les veaux de plus de 8 semaines. « C’est l’âge auquel nous sevrons, précise David Plouzin. Dans l’ouest, le sevrage est plus tardif, souvent vers 11 semaines. Nous ferons prochainement un essai pour comparer les intérêts et les limites d’un sevrage précoce face à un sevrage tardif ».
Concilier bien-être et performances
Le tunnel est recouvert d’une bâche noire sur le dessus et de filets beiges sur les côtés pour une bonne insertion paysagère. Autour des cases, il y a deux couloirs, un petit avec des cornadis réglables en hauteur pour la distribution du concentré et un plus grand, de 5 m de large. « Le grand couloir permet de passer en tracteur pour distribuer la ration et facilite le paillage », souligne David Plouzin.
Une zone de pesée a été aménagée en bout de bâtiment. « Un suivi régulier de la croissance est nécessaire, rappelle le spécialiste de l’élevage des génisses. Il faut pouvoir le faire facilement, en bloquant les génisses pour un suivi au ruban ou par un accès facile et sécurisé vers la bascule. » La gestion de l’hygiène est un autre point clé. « Nous avons prévu un trottoir de 1,45 m sur lequel on pourra contenir les génisses pour curer facilement et régulièrement. Un curage mensuel devrait limiter les problèmes de coccidioses », estime David Plouzin. Également pour le bien-être et la santé des génisses, toutes les tubulures métalliques, des cornadis comme de la structure, ont été reliées à la terre pour éviter les courants parasites.
Un bâtiment pensé pour l’été comme l’hiver
Si pendant longtemps, on ne pensait qu’aux contraintes hivernales dans le raisonnement de son bâtiment, la gestion des périodes chaudes impose aussi des choix. « Les périodes de stress thermique ont un impact sur la croissance des génisses, indique David Plouzin. Dès que la température augmente, l’ingestion baisse, avec d’inévitables conséquences sur la croissance, qui peut descendre à 400 g en période chaude au lieu des 800 g moyens. »
Dans ce nouveau bâtiment, l’isolation sera assurée par 8 cm de laine de verre. Côté aération, les longs pans sont en filets brise-vent. Comme le tunnel fait 6 m de haut, il n’y a pas de problème de condensation malgré l’absence d’ouverture en faitage. « Il n’y a pas d’effet cheminée mais une ventilation transverse efficace et la possibilité d’ouvrir en grand les portails en pignons, qui devraient donner des conditions estivales intéressantes », souligne David Plouzin. Pour valider que ces conditions ombragées et ventilées sont plus adaptées que le plein air, seront comparées, dès l’été prochain, les ingestions, le bien-être et les croissances de deux lots de génisses, l’un élevé en bâtiment, l’autre dehors.
Le tunnel revient au même prix qu’un bâtiment classique.
Au niveau financier, « ce bâtiment en tunnel revient au même prix qu’un bâtiment classique, reconnaît l’expert. On peut contenir les coûts en faisant de l’auto-construction, si on dispose de suffisamment de main-d’œuvre. » À la ferme des Trinottières, le bâtiment de 48 places est revenu à 2 000 €/place. Cet investissement a été aidé par le Conseil régional des Pays de la Loire. Sans les contraintes liées à la formation et à l’expérimentation, un agriculteur peut limiter le coût à 1 500 €/place.
Prenez date :
La ferme expérimentale vous invite à découvrir son nouveau bâtiment et ses installations le vendredi 1er octobre de 10h à 17h, à Montreuil-sur-Loire (49). Inscriptions à partir du 1er août sur le site de la chambre d’agriculture.