63 % des agriculteurs concernés par le manque d’eau, 15 départements en alerte
TNC le 10/05/2022 à 18:10
Soleil, chaleur et absence de précipitations vont encore marquer les jours à venir, amplifiant davantage la sécheresse en France. Au 10 mai, selon un sondage réalisé sur Terre-net, 63 % des agriculteurs étaient concernés par le manque d'eau sur leurs parcelles. 15 départements sont déjà en situation de restriction d'usage de l'eau.
La présence d’un anticyclone sur la France apporte soleil et chaleur en ce début de semaine sur le pays. Après un changement de masse d’air jeudi, qui donnera quelques averses orageuses surtout de l’Aquitaine à la frontière allemande jusqu’au Lyonnais, le soleil et la chaleur seront de retour dès vendredi et samedi. « La suite pourrait donner un nouveau coup de chaud sur l’ensemble de la France entre dimanche et le début de semaine prochaine, possiblement plus intense et durable que celui de cette semaine », prévient MeteoNews.
Coup de chaud plus intense et durable la semaine prochaine (MeteoNews)
Le déficit hydrique est d’environ 33 % depuis le début d’année selon MeteoNews, et la recharge des nappes phréatiques a été de courte durée cet hiver. La sécheresse, en profondeur et en surface, devient préoccupante dans de nombreuses régions.
« Aucune dégradation pluvieuse d’envergure n’est en vue, au moins jusqu’au 17 mai sur la France », indique La Chaîne météo qui poursuit : « dans le nord-ouest, aucune goutte ne semble prévue avant la fin de ce mois de mai, selon certains modèles météo. »
La #sécheresse devient préoccupante dans de nombreuses régions. Le déficit hydrique atteint -40 % depuis le début de l’année. Les quelques pluies sous orage cette semaine ne seront pas suffisantes pour améliorer la situation, car trop sporadiques et faibles en quantité. pic.twitter.com/zmo41PLmt9
— La Chaîne Météo (@lachainemeteo) May 9, 2022
Inquiétude sur le potentiel de rendement des céréales
Alors que les blés sont en pleine période de montaison et de remplissage des grains, leur potentiel de rendement pourrait être remis en cause. La carte de Serge Zaka, agro-météorologue, sur l’indice de sécheresse des sols au 18 mai montre une situation exceptionnelle sur la partie nord de la France :
Le zonage des passages orageux n’est pas encore bien définit. Une chose est sure : très peu de pluie attendu des Pays de la Loire au Luxembourg.
Le potentiel de rendement a déjà entamé sa lente baisse. Il devrait accélérer sa chute dès à présent sur les zones les plus impactées.
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) May 8, 2022
90 % des agriculteurs inquiets
L’inquiétude des agriculteurs grandit donc en même temps que s’élèvent les températures. Selon un sondage réalisé sur Terre-net entre le 3 et le 10 mai 2022 auprès de 2 068 agriculteurs, 63 % sont déjà concernés par un manque d’eau, 27 % pas encore mais s’inquiètent de l’absence de pluies. Seuls 8,2 % estiment que les précipitations sont dans la norme et 1,7 qu’ils en ont trop eu.
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Réponses issues d’un sondage publié sur Terre-net.fr entre le 3 et le 10 mai 2022 (2 068 votants). Ces résultats sont indicatifs (l’échantillon n’a pas été redressé).
Julien Lep, agriculteur dans le Sarthe, constate déjà des ronds jaunes dans ses orges en sols légers. Côté blé, il ne voit pas encore de problème :
Le blé en sols un peu plus profond tien encore le coup. A voir comment ils réagiront au grosse chaleur semaine prochaine.?? pic.twitter.com/LMj83HstbP
— Julien Lep (@julienlep72) May 7, 2022
Quentin B, en Haute-Marne, est lui aussi préoccupé par l’état de ses blés et de son lin :
#Sables, les quintaux s’envolent de jours en jours… Pas sûr que ce soit l’#Extase à la #Moisson2022… ?? #FrAgTwpic.twitter.com/yW4wli6mKI
— Quentin B ?????????? (@bigard_q) May 8, 2022
Le #LinSemence ?????? prendrait bien un petit coup d’arrosoir… on garde espoir pour vendredi… même si ça fait loin… ?????? #FrAgTwpic.twitter.com/mlBGEXC1jB
— Quentin B ?????????? (@bigard_q) May 8, 2022
François Pétorin, en Charente-Maritime, et Jean-Baptiste Rassillard, dans les Deux-Sèvres, s’inquiètent, photos à l’appui, pour leurs céréales d’automne ainsi que pour la levée des cultures de printemps. D’autant plus que ces départements sont soumis à des arrêtés de restriction de l’usage de l’eau, limitant l’irrigation des cultures :
Surtout les céréales d’automne (blé tendre, blé dur, colzas et les derniers semis de printemps en Sud Deux-Sèvres pic.twitter.com/gPmq1j2ILD
— François PÉTORIN (@FPetorin) May 9, 2022
#bonjour#WednesdayMotivation#photooftheday#photography
Aussitôt commencé, Aussitôt fini l #irrigation !????
Déjà en coupure de printemps !!
Il va falloir avancer +vite et+fort sur le stockage de l’eau !!!@J_Denormandie@Agri_Gouv@Prefet79@DenisMousseau3@emma_ducrospic.twitter.com/3jLP7q7ofd— François PÉTORIN (@FPetorin) May 4, 2022
Pas mieux à la maison et toujours pas d’eau ?? annoncée les prochaines semaines ???? pic.twitter.com/zxnTSJKa7l
— Rasillard Jean-Baptiste (@rasillard) May 9, 2022
Car en effet, au 10 mai, 15 départements sont soumis à des mesures de restriction de l'eau et de l'irrigation selon le site Propluvia. 48 arrêtés préfectoraux sont en cours sur le territoire français. Le Loiret et les Bouches-du-Rhône sont en situation de crise localisée, ce qui implique un arrêt des prélèvements d'eau non prioritaires, y compris à des fins agricoles dans certaines zones. 6 départements (Ain, Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Var, Vienne) sont en alerte renforcée avec une réduction des prélèvements d'eau à des fins agricoles supérieure ou égale à 50 % (ou interdiction supérieure ou égale à 3,5 jours par semaine).
Légende de la carte : le niveau de restriction indiqué ci-dessus est le niveau maximal arrêté sur une partie (localisée) ou sur l'ensemble (intégrale) du département. D'autres arrêtés de niveau inférieur sont susceptibles d'avoir été également pris. Pour connaître les secteurs du département effectivement concernés par les restrictions, consultez le site Propluvia qui recense les arrêtés.
Face à cette situation, le gouvernement tente d'anticiper au maximum les effets de la sécheresse. Il a réuni le 9 mai les agences de l’eau, puis les représentants agricoles, pour mettre en place au plus vite un plan d’action. Il prévoit notamment de déplafonner les dépenses des agences de l’eau de 100 M€ pour financer des projets qui pourraient faciliter l’accès à l’eau, de prendre rapidement un décret sur les volumes prélevables ou encore de faciliter l’accès aux éleveurs à certaines surfaces en herbe.