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« Pousser tous les curseurs de l’hygiène et de la nutrition pour réduire les phytos »


TNC le 21/03/2025 à 09:32
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« Une plante bien nourrie sera plus forte face aux différents stress », assure François Delobel, animateur technique chez TMCE. (© TNC)

Une quinzaine d’agriculteurs se sont rassemblés le 18 mars, chez David Briere dans l’Eure, pour un tour de plaine organisé par TMCE.

Les agriculteurs réunis pour le tour de plaine TMCE étaient moitié moins ce 18 mars par rapport à d’habitude dans le secteur de Bézu-la-Forêt (Eure), compte-tenu du beau temps et des travaux à effectuer dans les champs. « Mais on a une règle, on n’annule jamais un tour de plaine, organisé aux moments-clés de la campagne », indique Damien Le Balch, technico-commercial de l’entreprise.

L’objectif de l’après-midi était de balayer les différents points d’attention de l’itinéraire technique, et notamment la fertilisation. « C’est l’un des piliers du concept TMCE. On essaye de pousser tous les curseurs de l’hygiène et de la nutrition des plantes, pour limiter le recours aux produits phytosanitaires au strict nécessaire », rappelle François Delobel, animateur technique chez TMCE, depuis plus de 20 ans, également agriculteur dans le Cambrésis. L’idée est de « gérer la cause d’un problème, plutôt que sa conséquence ».

Fertiliser mieux pour traiter moins

Chaque parcelle visitée sert ainsi de support pour inviter les agriculteurs à la réflexion et identifier des pistes de solutions, en fonction du contexte de leur exploitation. Et le tour démarre par une parcelle de colza, « qui commence à décoller, les boutons sont à peine visibles ». François Delobel estime la floraison à début avril : « ce sera 15 jours plus tard que l’an dernier et c’est une très bonne nouvelle, avec la longueur des journées qui augmente ! », observe l’expert.

« D’ici les 15 prochains jours, le principal point d’attention à avoir concerne le charançon de la tige. Il faut surveiller les captures avec la montée des températures, sachant que la période de vigilance s’arrête à partir du stade boutons séparés. »

Edouard Caffin, technico-commercial TMCE, vérifie si la tige principale du colza est bien saine et exempte d’attaques de ravageurs. (© Terre-net Média)

« Attention aussi à la pression graminées dans les bordures ou zones clairsemées, suite aux dégâts de limaces notamment », précise l’animateur.

Le groupe se dirige ensuite dans la parcelle juste en face : un blé de betteraves semé à la mi-novembre dans des conditions compliquées. Des comptages réalisés le matin même du tour de plaine ont permis de confirmer l’hétérogénéité de la parcelle : entre 140 et 220 pieds/m², et seulement 30 pieds/m² dans les zones de creux, pour une densité de semis de 300 gr/m² au départ.

Édouard Caffin, technicien TMCE du secteur, a alors proposé à l’agriculteur un test de houe rotative, en simple passage ou double croisé. « Si l’idée peut faire peur au départ, l’objectif est d’enlever la croûte et favoriser la minéralisation du sol. Les échanges gazeux vont s’accélérer et la terre va se réchauffer plus vite. Ce sera peut-être le rouleau cambridge qui prendra le relai ensuite », indique François Delobel. Un suivi de l’essai sera réalisé au fil de la campagne.

François Delobel rappelle aussi « l’importance de fractionner la fertilisation, d’autant plus dans le cas de blés qui patinent. Attention à ne pas gaspiller l’azote et ne pas sous-estimer les pertes atmosphériques. La parcelle est sinon globalement saine aujourd’hui, avec un rapport C/N équilibré, contrairement à l’année 2024 et son manque d’ensoleillement. »

Autre point de vigilance : « les repousses de betteraves ont-elles survécu au désherbage d’automne de la céréale ? Si oui et si ce n’est pas fait, il faut penser à intervenir pour gérer au mieux les réservoirs viraux et réduire ainsi le risque jaunisse. »

Respecter les équilibres

Le groupe passe ensuite dans la parcelle voisine, qui accueillera d’ailleurs des betteraves sucrières cette campagne. L’occasion d’échanger sur la préparation des terres dans un sol à 8°C au 18 mars. L’animateur technique réalise un passage de bêche, « un outil indispensable » comme il le rappelle, perpendiculaire au sens de travail. L’objectif : chercher à identifier les possibles défauts, passages de roues ou dents d’outil mal réglées et ainsi anticiper les possibles soucis à venir avec le semoir de précision. À ce sujet, François Delobel souligne également « l’importance de dégonfler ses roues et de maintenir une vitesse adaptée pour le travail du sol et le semis ».

Un passage de rouleau cambridge venait d’être effectué dans cette future parcelle de betteraves sucrières. (© Terre-net Média)

Le tour de plaine se termine par la visite d’une parcelle de luzerne destinée à l’usine de déshydratation à proximité, en première campagne. « Dans les doublures de paille, on observe des galeries de mulot, c’est un vrai souci pour cette culture qui va rester 3 années de suite en place », note François Delobel, qui rappelle la nécessité de bien étaler la paille dans ces zones avant l’installation de la luzerne. Face aux mourons et aux coquelicots présents, il préconise aussi un passage de herse étrille ou d’une herse lourde, le désherbage chimique n’étant plus possible.

Les nodosités blanches de cette jeune luzerne ne sont pas encore en fonctionnement. (© Terre-net Média)

Hubert Mercier, polyculteur-éleveur laitier à Bosquentin (Eure) avec son fils, est entré dans le concept TMCE il y a 7 ans, avec « la volonté de réduire son recours aux intrants. Ce qui me plaît, c’est le raisonnement agronomique. Si on a peur, on peut traiter pour tout ! Mais là, on travaille sur d’autres leviers en amont : fertilisation, travail du sol, choix des couverts… ». Lors de ce tour de plaine, les deux agriculteurs ont notamment été intéressés par la démonstration de houe rotative. « On compte tester dès cette année sur une parcelle de betteraves fourragères, de 4 ha, semée à la mi-novembre et qui a reçu 35 mm deux jours plus tard. On va aussi aller vérifier les repousses de betteraves dans les blés. »

Les agriculteurs observent aujourd’hui la différence sur la structure de leurs sols et ont pu réduire au moins de moitié les doses de fongicides utilisées. « On évite aussi les traitements de semences en escourgeon et en blé tendre (sauf pour les blés sur blés). Ces derniers sont remplacés par un mélange de vinaigre blanc et de fertilisant minéral liquide TMF à 0,5 l/q chacun. On ne fait pas forcément d’économie, mais cela participe encore à mettre le moins possible de produits phytosanitaires dans le sol. » C’est un levier de plus pour respecter les équilibres du sol.