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Bayer prépare la fin du flufenacet, avec son projet AcloDuo


TNC le 28/02/2025 à 17:10
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Bayer entend proposer un nouvel herbicide sur blé tendre et orge d'hiver pour l'automne 2026. (© Stéphane Leitenberger/Adobe Stock)

En marge du Salon de l’agriculture, Bayer a réuni une centaine de décideurs techniques de la distribution agricole autour du défi du désherbage des céréales à paille. L’occasion de présenter ses innovations à venir en la matière.

« L’automne 2025 pourrait être potentiellement la dernière campagne pour le flufenacet, matière active utilisée aujourd’hui sur environ 40 % des surfaces de céréales à paille dans l’Hexagone », rappelle Magalie Devavry, responsable technique herbicides céréales à l’occasion du colloque HerbiPro.

Dans ce contexte, « le besoin d’innovation n’a jamais été aussi pressant », indique sa collègue, Alice Nolli, chef marché herbicides céréales.

Un nouvel herbicide à venir pour l’automne 2026

À ce sujet, la firme est actuellement dans l’attente d’une décision de l’Anses et espère pouvoir proposer à l’automne 2026 un nouvel herbicide pour les céréales à paille. Encore sous le nom de code « AcloDuo », Bayer y voit « la pièce maîtresse du désherbage de demain sur blé tendre et orge d’hiver ».

« Jusqu’alors, nous étions présents avec Mateno (flufenacet, diflufénican et aclonifène), uniquement sur blé tendre. Nous cherchions une solution plus souple », note Magalie Devavry

Le futur herbicide, composé d’aclonifène (500 g/l) et de diflufénican (100 g/l), a vocation à gérer le désherbage contre les graminées et les dicotylédones. Même si les recommandations restent encore à travailler, Bayer est plutôt parti sur « une utilisation en pré-levée de cet herbicide d’automne pour garantir son efficacité, complété par une autre matière active en post-levée si nécessaire ».

Spectres d’efficacité du projet AcloDuo. (© Bayer )

« Bien sûr, la chimie ne résoudra pas tous les problèmes et cela sera d’autant plus vrai, avec la diminution des matières actives et une pression graminées exacerbée. A travers les plateformes et évènements Herbinnov, Culture Champs ou plus récemment HerbiPro, Bayer continue d’explorer et de marteler l’importance des leviers agronomiques : décalage de la date de semis, faux-semis, labour, désherbage mécanique, etc. », indique Magalie Devavry

Le levier variétal est aussi étudié, avec notamment l’effet couvrant des plants. « Bayer vise une inscription de variété de blé hybride pour la fin de la décennie en Europe de l’Ouest. La firme y voit plusieurs atouts à considérer dans la stratégie de désherbage, comme une meilleure adaptation au semis tardif, une meilleure vigueur à la levée, une moindre régression de talles ou encore une biomasse (aérienne et racinaire) supérieure. La tolérance au chlortoluron du blé tendre est également un critère de sélection incontournable. »

L’IA au service de la recherche

Comme pour dans d’autres secteurs, l’intelligence artificielle (IA) a également transformé la recherche Bayer : « 80 % de ce qu’on fait en laboratoire pour la protection des cultures n’existait pas il y a 5 ans », indique Mélanie Héroult, directrice Weed control research, Bayer Global. La firme a ainsi développé la méthode CropKey. « Avant, on avait une banque de clés, les molécules. On les essayait une à une pour trouver celle qui convienne à la serrure, la protéine ciblée. Aujourd’hui, on part plutôt de cette protéine et on développe la clé sur mesure ».

« Un grand nombre de paramètres est pris en compte dès les premières étapes de recherche, dont la sécurité et la durabilité des molécules ». Bayer a actuellement une trentaine de molécules issues de la méthode CropKey à l’étude et envisage la commercialisation de son premier herbicide nouvelle génération en 2030. C’est le premier nouveau mode d’action en post-levée sur de grandes superficies depuis 30 ans. »