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Bientôt une année de stress permanent autour des conditions météo


TNC le 16/10/2024 à 18:00
Labour

Pour Benoît Piétrement, « il est encore un peu tôt pour s'alarmer du retard des semis d'automne, mais il devient tout de même urgent de pouvoir profiter de plusieurs jours sans pluie ». (© Antoine Peucelle)

« On le sait : la météo est importante pour le métier d’agriculteur, mais c’est d’autant plus vrai depuis presque un an », indique Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer à l’ouverture de la conférence de presse du mois d’octobre.

L’agriculteur de la Marne le rappelle : « dans mon secteur, les pluies ont démarré le 18 octobre 2023 et depuis, on se dit toujours que le temps sera meilleur la semaine suivante. Cela a des conséquences actuellement sur nos travaux de récolte ».

« Au sein de ma coopérative, les résultats en tournesol notamment sont, pour le moment, très hétérogènes et très dépendants de la date de semis. Les parcelles semées les plus tardivement ont, en effet, du mal à mûrir et certaines ne seront même pas récoltables. »

« C’est doublement douloureux car une bonne part est concernée par des re-semis. Maintenant on va attendre d’avoir les résultats complets, mais on peut d’ores et déjà dire que ce sera plutôt décevant », explique Benoît Piétrement.

6 % des parcelles de maïs grain récoltées au 7 octobre

En maïs grain, si le potentiel de rendement reste prometteur, Céré’Obs comptabilise seulement « 6 % des parcelles récoltées au 7 octobre 2024 contre 50 % à la même date en 2023 et 42 % sur la moyenne quinquennale. Un retard accumulé tout au long du cycle de développement, avec des semis tardifs, des maïs peu poussant, des rayonnements parfois faibles et un mois de septembre peu favorable », précise Abir Mahajba, responsable de l’observatoire pour FranceAgriMer.

(© Céré’Obs/FranceAgriMer)

La spécialiste ne note « pas d’impact significatif de la tempête Kirk sur l’Ouest, hormis un léger phénomène de verse ». Mais « cela reste toujours difficile à dire au niveau national », ajoute Benoit Piètrement.

Il se dit « plutôt inquiet vis-à-vis des dates de récolte, avec des maïs qui ont, eux aussi, du mal à mûrir et de potentiels risques sanitaires à venir. Même si ce n’est pas encore le cas. Le taux d’humidité des grains nécessitera, par contre, un séchage important. J’espère donc vraiment que la pluie va s’arrêter la semaine prochaine, mais ça fait un an qu’on le dit ».

« Il devient urgent de pouvoir profiter de plusieurs jours sans pluie »

Autre conséquence des conditions météo humides : les semis d’automne prennent également du retard. Céré’Obs note 12 % des surfaces d’orge emblavées (contre 22 % en 2023 et 16 % sur la moyenne quinquennale), ainsi que 6 % en blé tendre (contre 13 % en 2023 et 9 % sur la moyenne 5 ans).

Pour le président du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer, « il est encore un peu tôt pour s’alarmer. Dans mon secteur, on conseille de ne pas semer les céréales à paille avant le 15 octobre. De mon côté, je n’ai encore rien semé comme les sols sont gorgés d’eau. Ce n’est pas la catastrophe, mais il devient tout de même urgent de pouvoir profiter de plusieurs jours de sec à la suite afin d’intervenir dans de bonnes conditions et de ne pas limiter le potentiel des cultures ».

Ce contexte humide favorise, en plus, la pression limaces et implique pour certains de revoir leurs pratiques de travail de sol. C’est le cas notamment de Bruno Cardot, installé dans l’Aisne, qui a fait le choix de ressortir la charrue pour semer du blé tendre derrière betteraves et ainsi étaler les travaux :

« La situation actuelle est relativement déprimante avec une moisson déjà compliquée, des prix qui sont ce qu’ils sont et ce stress permanent autour des conditions météo », estime Benoît Piétrement.