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Bourgogne : les « conditions indignes » des vendangeurs en procès


AFP le 17/10/2024 à 10:53

Les vendangeurs dormaient dans un camping sauvage, sans eau potable et sans percevoir de salaire : jusqu'à deux ans de prison avec sursis ont été requis, mercredi à Dijon, contre des recruteurs qui faisaient travailler dans des « conditions indignes » des saisonniers roumains.

« Ils étaient logés dans un camp de fortune, avec un seul sanitaire, et sans eau potable » : le rapport de la gendarmerie lu au tribunal correctionnel de Dijon par la présidente Aline Calandri est emblématique des conditions parfois insalubres des vendangeurs recrutés par des « agences », un système de plus en plus fréquent qui fournit par exemple la moitié des saisonniers en Champagne. Quatre d’entre eux y ont trouvé la mort lors de la récolte de 2023.

La même année à Meursault (Côte d’Or), un des plus prestigieux vignobles de Bourgogne où des « grands crus » se vendent parfois des milliers d’euros la bouteille, une quarantaine de saisonniers avaient été recrutés par un couple prestataire de service viticole bien connu à Beaune (Côte d’Or), et qui trouvait les vendangeurs par un intermédiaire roumain.

Le procureur a requis deux ans de prison avec sursis pour le mari et 18 mois pour son épouse, pour « traite d’être humain » et « hébergement indigne ». Contre l’intermédiaire, il a demandé 15 mois avec sursis.

Selon l’accusation, aucun des vendangeurs n’avait de contrat de travail et aucun salaire n’a été versé. Quand les saisonniers réclamaient leur dû, on les menaçait. « Tout le monde a peur », a dit aux enquêteurs l’un des vendangeurs, qui étaient « équipés de tours de cou floqués du nom de l’agence ». Le prestataire de services, lui, aurait amassé 76 000 euros, selon l’enquête.

« On n’a pas de possibilité d’hébergement », s’est défendue la femme cogérante de l’agence, assurant avoir payé les salaires. « J’ai écrit dès 2022 à tous les maires de grands crus pour dire qu’on devrait avoir des emplacements pour les vendangeurs », a-t-elle assuré.

Et « les campings ne nous acceptent pas », a renchéri son mari, l’autre cogérant de l’agence, assurant : « Ça me fait très mal au coeur qu’ils dorment dehors ».

Les vendangeurs « sont posés là sans qu’on leur offre la moindre possibilité de logement et on le sait. Ce couple est parfaitement conscient de la situation », a tancé le représentant du ministère public, Olivier Caracotch. « Personne ne veut héberger les vendangeurs », y compris « les domaines » qui « se déchargent sur les prestataires », a accusé Bruno Nicolle, avocat du couple dont il a réclamé la relaxe.

Le jugement a été mis en délibéré au 20 novembre.