Campagne 2024 : Saint Louis Sucre estime le rendement moyen à 77,4 t/ha 16°
TNC le 08/11/2024 à 18:00
En pleine campagne betteravière, Saint Louis Sucre a ouvert les portes de son usine de Roye, dans la Somme. L’occasion de livrer un premier point sur la récolte en cours.
À date, la filiale française du groupe Süduckerévalue « un rendement racine de 75,1 t/ha, soit 77,4 t/ha à 16° pour la campagne betteravière 2024. Un résultat proche de 2022, mais inférieur de 5 % à la moyenne quinquennale », souligne Thomas Nuytten, directeur betteravier de Saint Louis Sucre.
« Après des semis retardés d’environ 3 semaines en raison des intempéries au printemps, les betteraves n’ont pas pu rattraper leur retard en poids racine à cause d’un été peu ensoleillé. »
Des conditions météo propices aux maladies
« De plus, le fort taux d’hygrométrie et les températures modérées de la campagne ont été particulièrement propices au développement de la cercosporiose, qui s’est installée dès le mois d’août. La totalité des parcelles est aujourd’hui impactée malgré une protection fongicide ajustée », indique le directeur betteravier. Il estime, en moyenne, une perte d’un point à un point et demi de richesse en lien avec la pression maladie.
« Même les variétés « Cerco + », moins sensibles, sont concernées. Elles ont notamment été touchées par le rhizoctone brun et/ou le mildiou, entraînant une fragilité globale de la betterave. »
Les nombreuses précipitations en Normandie et en Picardie ont également compliqué la récolte des betteraves. En ce début de campagne, la tare terre est importante », note Thomas Nuytten. C’est un sujet important pour le groupe, qui travaille à la réduire (tare terre divisée par 3 depuis 2000).
Un marché du sucre de plus en plus volatil
Sur le plan de la rémunération, Saint Louis Sucre rappelle établir un contrat annuel avec ses producteurs, avec un prix minimum garanti (32 €/t à 16° betteraves entières pour 2024) et un complément négocié lors de la Commission de répartition des valeurs rassemblant huit représentants des planteurs. Le prix est indexé sur celui du sucre de référence de l’Union européenne zone 2 sur la période octobre 2024-février 2025.
« Le marché du sucre a toujours été volatil, mais on remarque depuis quelque temps une accélération de ses oscillations, note François Verhaeghe, président de Saint Louis Sucre. Suite à de très bons niveaux, le prix mondial a atteint en août son plus bas depuis deux ans. Puis après une remontée fin septembre, le marché semble entrer dans une phase de consolidation. »
On peut noter qu’au niveau mondial, « la canne représente 79 % de la production de sucre (contre 63 % en 1990), avec comme principaux acteurs le Brésil, la Thaïlande et l’Inde. »
En ce qui concerne la production de betteraves sucrières, les premières estimations de rendements sont plutôt bonnes pour l’Union européenne et estimées supérieures à la moyenne 5 ans, exceptées en France et en Belgique.
Au niveau de l’Union européenne, le président de Saint Louis Sucre regrette « le poids des réglementations concernant les pratiques industrielles et agricoles, qui sont de plus en plus contraignantes et de moins en moins homogènes. Onze États membres disposent notamment d’aides couplées à la betterave, pour les zones en difficulté ».
Sur le marché européen, François Verhaeghe rappelle aussi l’attente de la filière quant à la suite du moratoire sur les importations ukrainiennes de sucre. En avril dernier, le Parlement européen avait approuvé la prolongation pour un an de la libéralisation des échanges avec l’Ukraine, validant également des mesures de protection pour le secteur agricole (volaille, œufs, sucre, avoine, maïs, miel…). « Le contingent de 260 000 t de sucre pour un an, fixé à partir de juin 2024, a été atteint dès la mi-juillet. Qu’en sera-t-il pour la suite ? À partir de juin 2025 ? »
D’autres éléments peuvent également peser sur le marché du sucre comme les négociations autour de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, ainsi que la question de la taxation sur les sucres et les produits sucrés discutée au Parlement français.