Cuivre : est-il possible de s’en passer ?
Agriculture biologique le 08/02/2018 à 11:25
Utilisé dans les différents types d’agriculture, notamment en production biologique, le cuivre permet de contrôler diverses maladies fongiques ou bactériennes. Employé en concentration excessive, il a des impacts négatifs « sur la croissance et le développement de la plupart des plantes, sur les communautés microbiennes et la faune des sols » (Inra). Ces effets ont motivé des restrictions réglementaires d’usage (plafonnement des doses applicables par hectare et par an), allant jusqu’à son interdiction dans certains pays (Pays-Bas et Danemark). L’Institut technique de l’agriculture biologique et l’Inra ont donc commandité une expertise scientifique collective.
Ce 16 janvier 2018, s’est tenu, à Paris, le colloque de restitution sur les solutions techniques alternatives à l’usage de cuivre en agriculture. Cette expertise scientifique collective a été commanditée par l’Itab et l’Inra suite à l’augmentation des restrictions règlementaires liées à l’usage du cuivre contre plusieurs maladies fongiques ou bactériennes.
Cette expertise a permis de réaliser une synthèse des différentes alternatives au cuivre possibles grâce à toutes les connaissances scientifiques et techniques disponibles actuellement. D’une part, on peut créer des « variétés résistantes à partir des ressources génétiques de l’espèce cultivée ou apparentée ». Dans ce cas, la question de leur durabilité se pose et il faut prendre en compte l’effet négatif éventuel des résistances sur les différentes composantes d’une variété (rendement, qualités gustatives, valeur alimentaire). D’autre part, la stimulation des défenses naturelles des plantes peut bloquer la colonisation de ses tissus lors de l’infection. « Mais l’usage de ces produits au champ révèle souvent un manque d’efficacité » et des résultats irréguliers. Des substances à activité biocide (le soufre ou plusieurs huiles essentielles) peuvent agir directement sur les pathogènes.
Un autre levier est possible pour lutter contre les infections, la mise en œuvre de pratiques agronomiques alternatives : dispositifs physiques (bâches de protection, filets anti-grêle ou anti-insectes) ou techniques culturales (« diversification spatiale et temporelle des variétés utilisées dans les parcelles »).
Toutes ces solutions techniques doivent être combinées pour protéger les cultures au sein des systèmes de production et de protection intégrée. Pour avancer sur ces différentes alternatives au cuivre, l’Inra souhaite développer les expérimentations pour les principales cultures concernées (pommiers, vignes et pommes de terre).
Pour le moment, le principal levier est la réduction des doses. En effet, « l’expertise montre qu’une diminution de moitié des quantités de cuivre appliquées atteindrait, dans certaines conditions, une efficacité identique ou très comparable à celle obtenue avec une utilisation à pleines doses. »