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Diversification, fertilisation… Le Gaec de la Poste concilie écologie et performance


TNC le 06/12/2024 à 17:47
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(© TNC)

Polyculteur-éleveur en pays Rémois, au Gaec de la Poste, Mathieu Robert cherche à limiter l’empreinte de ses pratiques sur l’environnement, tout en conservant la même efficacité économique.

« En tant qu’agriculteurs, nous sommes les premiers écologistes du système de production, c’est à nous de trouver des solutions pour améliorer nos pratiques », estime Mathieu Robert, polyculteur-éleveur à Lavannes (51), en Champagne crayeuse.

Installé en 2008 sur le Gaec familial avec un oncle, un frère et un cousin, Mathieu Robert a à cœur de mettre en place un système de production vertueux.

« L’exploitation s’est développée autour de la betterave et des céréales, puis de la luzerne qui est une production locale », explique-t-il.

Un atelier d’engraissement de 900 places est également présent sur la ferme, une activité d’élevage qui est désormais rare dans le coin : « Nous achetons des broutards de 8 à 12 mois, nous les engraissons jusqu’à 900-1000 kg avec de la pulpe de betterave, aucun maïs ne leur est donné. Cet atelier d’élevage nous permet d’avoir du fumier pour la fertilisation de nos cultures et désormais aussi pour l’unité de méthanisation. »

Interaction entre toutes les productions

Depuis 2022, le Gaec est engagé dans une unité de méthanisation collective, Méthabaz, implantée à une dizaine de kilomètres de Lavannes et alimentée quasi à 100 % avec des coproduits locaux (pulpes, drêche de pomme de terre, féculerie, lisier et fumier, etc.).

« Ce projet de méthanisation nous permet aujourd’hui, de fermer notre cycle vertueux de production : les betteraves nous apportent des pulpes pour engraisser nos taurillons. Leur fumier entre dans la méthanisation, qui nous fournit ensuite du digestat pour nos cultures et notamment la betterave », se réjouit Mathieu Robert, satisfait de cette synergie entre les différentes productions de l’exploitation.

Réduction de la dépendance à la solution azotée

Attentif à la vie de ses sols, Mathieu Robert cherche à améliorer ses pratiques de fertilisation. « Nous sommes convaincus depuis longtemps de l’intérêt d’utiliser des produits organiques et de limiter le recours aux engrais azotés. Cela fait 40 ans qu’on utilise le fumier sur notre ferme. Bien sûr on utilise aussi de la solution azotée, de l’ammonitrate et des engrais simples (potasse, phosphore, magnésie). »

« Mais depuis deux ans, avec la méthanisation, nous récupérons le digestat. Avant on épandait 3 000 t de fumier par an, aujourd’hui c’est entre 5 000 et 6 000 t de digestat. On a donc réduit notre recours à l’azote, au phosphore et à la potasse. Mais le digestat, c’est tout de même plus complexe à piloter, car il évolue en permanence dans les sols. »

Améliorer la vie du sol

Pour mieux comprendre les impacts de ses pratiques de fertilisation organique et minérale sur le fonctionnement et la vie de ses parcelles mais aussi pour minimiser l’empreinte carbone de ses cultures, le Gaec de la Poste s’est lancé dans l’expérimentation d’inhibiteurs d’uréase et de nitrification BASF sur son blé tendre en 2024. Avec toujours en ligne de mire l’optimisation du potentiel de ses cultures.

Les résultats présentés en octobre par la firme ont montré une réduction de la volatilisation ammoniacale d’environ 26,5 % avec l’ajout de l’inhibiteur d’uréase Limus Perform et moins de perte par lessivage de l’azote (- 11 à – 30 %) avec l’inhibiteur de nitrification Vizura. Et cela sans remettre en cause les rendements des cultures.

« Cette année, sur la parcelle de blé ayant fait l’objet d’un essai BASF, j’ai épandu 60 unités d’azote sous forme de solution azotée, contre 180 unités les années précédentes, et j’ai complété par du digestat (120 u), sans perte de rendement », explique Mathieu Robert.

« Notre exploitation doit être viable écologiquement mais aussi économiquement, donc oui améliorons nos pratiques mais gardons toujours en tête l’efficacité économique. » Ce leitmotiv devrait continuer à guider le Gaec de la Poste dans les prochaines années.