Fondamentaux et leviers agronomiques pour une stratégie fongi céréales optimisée
TNC le 24/12/2018 à 06:02
Depuis trois ans, Alexandre Fauvaux, agriculteur dans le sud de l’Oise, s’est lancé dans une démarche de réduction des produits phytosanitaires sur son exploitation. L’agriculteur a abandonné le recours à un programme systématique. Pour gérer le risque maladies, il utilise les fondamentaux : une observation régulière ainsi que des traitements au bon moment et dans des conditions adéquates. Il multiplie aussi les leviers agronomiques : utilisation de mélanges variétaux, réduction de la densité de semis... Témoignage.
Alexandre Fauvaux est installé depuis 2002 près de Mouy (Oise) où il cultive blé, colza, escourgeon, betteraves, et pommes de terre fécule, il élève également des vaches charolaises. L’agriculteur a entamé une réflexion globale sur son exploitation pour réduire le recours aux produits phytos depuis près de trois ans, quand il a eu terminé de payer la reprise de son exploitation. Le meilleur niveau de trésorerie lui permet d’avoir « plus de souplesse » ; bien que « les trois dernières années ne soient pas les meilleures avec les conditions climatiques compliquées », confie l’agriculteur. Le choix de réduction des phytos a aussi été motivé par Innovagr’eau, groupe de travail auquel Alexandre Fauvaux participe dans le cadre du bassin de captage Grenelle proche de son exploitation, en lien avec la chambre d’agriculture de l’Oise. L’objectif : limiter les infiltrations de phytos et de fertilisants dans les nappes phréatiques.
Le mélange variétal pour « diluer le risque maladies »
Le choix variétal constitue le premier point de la gestion du risque maladies pour Alexandre Fauvaux. « J’utilise des mélanges variétaux pour diminuer la sensibilité aux maladies : plus on utilise de variétés, plus on dilue le risque ! », explique l’agriculteur. Ainsi il a utilisé un mélange de cinq variétés l’année dernière et sept pour les semis 2018. Chaque mélange est utilisé sur l’ensemble du parcellaire de blé, seul le traitement de semences diffère. Les critères pris en compte sont « la variété BPMF, la résistance aux maladies (septoriose, rouille jaune…) mais aussi la résistance à la verse, etc ». Ce levier lui permet de limiter le recours aux fongicides, ainsi Alexandre Fauvaux ne suit plus de programme systématique. Il peut aussi réduire les doses utilisées, tout en assurant une bonne productivité (en blé, les rendements tournent autour de 80 à 90 qx/ha).
L’agriculteur profite des commandes de morte saison uniquement pour le T2. Pour le reste, il adapte le programme en fonction des conditions de l’année et s’approvisionne en cours de campagne, si nécessaire. Avec un printemps très arrosé l’année dernière, il a réalisé deux traitements : le premier vers le stade 2 nœuds avec Fezan plus (chlorothalonil 166 g/l + tébuconazole 60 g/l) à 1,5 l/ha et le deuxième au stade dernière feuille étalée : Librax (fluxapyroxad 62,5 g/l + metconazole 45 g/l) à 0,6 l/ha. Contrairement au T2, le T1 est facultatif pour l’agriculteur. Il en a eu recours l’année dernière « surtout pour assurer face à la forte pression septoriose », maladie récurrente dans le secteur. Concernant le T3, il n’en a pas réalisé depuis trois ans, mais ne se l’interdit pas « en cas de pression trop importante ou en précédent maïs (fusariose) ». L’agriculteur réfléchit aussi à ne plus utiliser de SDHI et revenir avec d’autres matières actives. Il se pose des questions vis-à-vis de « leur impact sur la vie du sol ».
L’observation reste « la base »
Pour des traitements efficaces, Alexandre Fauvaux rappelle aussi l’importante d’assurer les applications dans de bonnes conditions : « absence de pluie et de vent, forte hygrométrie, donc plutôt le matin ou le soir ». Pour l’agriculteur, l’observation reste essentielle dans la gestion des maladies : « c’est la base ! », ajoute-il. « Il faut régulièrement réaliser des tours de plaine pour suivre l’évolution des cultures et des maladies ». Concernant les OAD, l’agriculteur n’en utilise pas pour le moment, mais y réfléchit pour la suite.
Depuis trois ans, Alexandre Fauvaux travaille aussi à la réduction des densités de semis en céréales, pour se rapprocher des densités utilisées en cultures intégrées. En blé, il sème désormais à 200-220 grains/m² (au lieu de 220-240 grains/m²). « Cette diminution permet de limiter la contamination par les maladies », précise l’agriculteur. Il ne peut toutefois pas descendre plus bas en densité car il a aussi retardé la date de semis (vers la fin octobre, au lieu de mi-octobre) pour une meilleure gestion des adventices notamment.