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La compétitivité du pois protéagineux à la loupe


TNC le 09/12/2024 à 07:00
Pois

L'institut technique a mesuré la marge brute du pois dans les principaux bassins de production pour la comparer à celles d'autres grandes cultures. (© Stéphane Leitenberger)

Dans une étude publiée en novembre, Terres Inovia s’est penché sur la compétitivité du pois protéagineux à l'échelle des différents bassins de production afin de « quantifier au mieux les marges de progrès pour cette légumineuse à graine, dans un contexte d’instabilité croissante des rendements des grandes cultures et de volatilité marquée des marchés ».

« Dans le cadre du Plan protéines qui a comme objectif de doubler la sole de légumineuses à graines à l’horizon 2030, il est apparu opportun de construire une vision globale et actualisée de la rentabilité dupois protéagineux, première légumineuse à graines produite en France avec le soja », explique Vincent Lecomte, chargé d’études agro-économiques de Terres Inovia.

Pour cela, l’institut technique a mesuré la marge brute du pois (incluant l’aide couplée spécifique aux différentes légumineuses à graines) dans les principaux bassins de production (Centre, Est, Sud, Hauts-de-France, Poitou-Charentes/Vendée, Pays de la Loire/Bretagne/Normandie) pour la comparer à celles d’autres grandes cultures.

Quels sont les résultats ?

Il en ressort « une rentabilité annuelle moyenne insuffisante dans le contexte de prix et de rendements 2019-23 et de charges opérationnelles 2024 ».

« Quel que soit le bassin considéré, les prix et les rendements d’équivalence du pois protéagineux en marge annuelle sont, en effet, nettement supérieurs aux prix et aux rendements moyens obtenus par cette espèce », résume Vincent Lecomte.

« En intégrant les bénéfices comme précédent à une céréale à paille (blé tendre) et à l’échelle de la rotation, la rentabilité annuelle de la culture est significativement améliorée mais reste insuffisante. »

Rendements d’équivalence du pois protéagineux intégrant les effets de précédent et à la rotation. (© Terres Inovia)

« L’effet positif du pois à la rotation équivaut précisément à + 0,9 t/ha pour le pois destiné à l’alimentation humaine (AH) et + 1,0 t/ha pour celui destiné à l’alimentation animale (AA), ce qui est très significatif. Malgré cela, les rendements d’équivalence du pois restent supérieurs aux rendements moyens corrigés de référence. »

« Selon les bassins et le débouchés, les écarts entre rendement d’équivalence et rendement moyen sont compris entre 0,3 et 1,4 t/ha, pour une moyenne nationale de 0,7 t/ha avec le débouché AH et de 1,0 t/ha avec le débouché AA, le plus important en termes de tonnages. »

Prix d’équivalence intégrant les effets de précédent et à la rotation. (© Terres Inovia)

Du côté des prix, « l’effet positif du pois à la rotation équivaut à + 61 €/t (bassin Hauts de France) et + 89 €/t (bassin Sud), ce qui est très significatif. Malgré cela, les prix d’équivalence du pois restent également supérieurs aux prix indicatifs corrigés de référence. Selon le débouché et le bassin, l’écart varie entre 21 et 86 €/t. La moyenne nationale s’établit à 52 €/t en débouché AH et à 64 €/t en débouché AA. »

À noter : si les conclusions sont les mêmes pour chacun des bassins, « des différences existent entre eux avec une compétitivité qui serait en tendance plus élevée dans des contextes agropédoclimatiques plus contraints (exemple des zones intermédiaires) ».

Terres Inovia entend proposer cette étude comme base de raisonnement pour identifier des objectifs concernant :

– « La progression nécessaire des rendements, via les leviers génétiques, agronomiques, sociotechniques et organisationnels (conseil, mesures de gestion du risque, etc.) » ;

– « L’éventuelle augmentation des prix payés aux producteurs de pois via un surcroît de création de valeur et/ou d’une évolution du partage de la valeur et des risques dans cette filière ».

Différents travaux sont d’ailleurs engagés sur ces sujets, dans le cadre du projet en cours Cap Protéines + (2024-27).