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La publication d’une liste de « navires destructeurs » suscite l’ire de pêcheurs


AFP le 28/03/2025 à 13:30

« Diffamation », « indécent » : la publication, par l'ONG Bloom, d'une liste de 4 500 « navires destructeurs » accusés de pratiquer le chalutage dans des aires marines protégées (AMP), a provoqué la colère des pêcheurs français, a-t-on appris vendredi.

« Nous ne nous laisserons pas déstabiliser par ces campagnes de dénigrement », a réagi Olivier Le Nézet, président du comité national des pêches, qui a regretté, dans un message transmis à l’AFP, des « attaques incessantes qui empêchent toute approche constructive ». « Si certains chalutiers pêchent bien dans des AMP, c’est qu’ils y sont autorisés ! », a-t-il rappelé, en dénonçant le fait que des navires soient ainsi « jetés en pâture de façon totalement arbitraire ».

En publiant cette « liste rouge des navires destructeurs », dont près de 600 navires français, Bloom demande à la grande distribution « d’adopter une politique de tolérance zéro face au chalutage dans les aires marines protégées ». « Le chalut est l’une des pires techniques de pêche qui existe, et les scientifiques sont clairs : si les aires marines protégées sont essentielles pour protéger l’océan, il y a urgence à véritablement les protéger en y interdisant le chalutage », estime l’association fondée par Claire Nouvian.

Dans un communiqué diffusé jeudi, l’Union français des pêcheurs artisans (UFPA) a vu dans cette liste « une atteinte flagrante portée à la légitimité de la pêche artisanale française ». « Il s’agit là d’une dénonciation calomnieuse portant préjudice moral et financier à l’ensemble de la filière pêche artisanale française, attaquable au pénal ! », a ajouté l’UFPA.

« Ça suffit de se faire cracher dessus », « une ligne rouge a été franchie avec cette liste », « c’est la fin de la pêche artisanale que veut Bloom » : de nombreux pêcheurs expriment leur mécontentement depuis jeudi sur une boucle WhatsApp créée par l’UFPA.

« C’est pas très subtil. A part exciter les gens, ça ne fait pas avancer grand chose », a aussi regretté auprès de l’AFP Thomas Le Gall, ligneur à Audierne (Finistère) et président de l’association Pêche avenir Cap Sizun.

Cette polémique intervient alors que l’interdiction de certaines pratiques de pêche dans les AMP refait surface à quelques jours de la tenue du sommet « SOS Océan ! » à Paris les 30 et 31 mars, et avant la 3e Conférence des Nations Unies sur l’océan (Unoc 3) prévue en juin à Nice.

La France se targue de protéger 33,7 % de ses espaces maritimes mais seuls 1,6 % bénéficient d’une protection stricte, selon une étude.