Le chalutage de fond, une pêche coûteuse au niveau écologique et économique
AFP le 25/03/2025 à 09:23
Le chalutage de fond, une technique de pêche contestée pour son impact écologique destructeur, représente également un lourd coût économique qui pourrait atteindre jusqu'à 11 milliards d'euros par an en Europe, selon une étude publiée mardi.
Pour établir cette évaluation, les chercheurs ont passé en revue et estimé les coûts et les recettes associés à cette pratique – qui consiste à traîner des filets lestés pour racler les fonds marins – dans les eaux européennes, en prenant en compte les 27 États membres de l’Union européenne, l’Islande, la Norvège et le Royaume-Uni.
Leur modélisation a pris en compte des estimations des bénéfices des pêcheurs, des emplois créés, de la valeur du poisson consommé, du coût des prises accidentelles rejetées à la mer mais aussi du montant des aides publiques et du coût des émissions de CO2, liées à la fois au carburant consommé et au relargage du carbone contenu dans les sédiments marins.
Résultat : dans les eaux européennes, pour la période 2016-2021, la valeur nette moyenne du chalutage de fond est négative, avec un coût compris dans une fourchette allant de 330 millions d’euros à 10,77 milliards d’euros.
Le chalutage de fond, également délétère pour la biodiversité, « n’est pas seulement une aberration environnementale, c’est un échec économique », observe Enric Sala, l’un des auteurs de cette étude, cité dans un communiqué du programme Pristine Seas (mers préservées, NDLR), un programme de protection des océans de l’ONG National Geographic Society qui allie recherche, exploration et production de documentaires.
L’arrêt du recours à cette forme de pêche pourrait donc se traduire par un bénéfice économique net significatif, observent les auteurs de l’étude. « L’interdiction du chalutage de fond dans les aires marines protégées bénéficierait à la vie marine, au climat et même à l’industrie de la pêche elle-même », souligne Enric Sala.
L’Union européenne prévoit d’éliminer progressivement le chalutage profond dans les aires marines protégées d’ici 2030 mais des ONG de défense de l’environnement réclament une interdiction immédiate de cette pratique.