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Céréales traitées enzyme + urée

Le Gaec Mathiaud engraisse 350 bovins sans acheter un kilo de tourteau


Grandes cultures le 02/04/2014 à 09:35
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Depuis deux ans, le Gaec Mathiaud utilise et commercialise le Maxammon, un produit enzymatique venu d’Irlande. Mélangée à de l’urée alimentaire, cette enzyme augmente la teneur en protéines des céréales de 35 % et double le pH du mélange. Avec cette technique, cet important élevage de l’Allier a tiré un trait sur les achats de tourteaux.

« Il y a encore deux ans, j’achetais une centaine de tonnes de tourteaux de colza chaque année ; en 2014, je n’en achèterai plus un seul », assure Christophe Mathiaud, associé en Gaec avec sa mère et son frère à Vallon-en-Sully dans l’Allier.

Avec 250 mères charolaises, 50 Aubracs et 200 places d’engraissement, les associés ont de quoi s’occuper. Selon la conjoncture de la viande, l’élevage achète une centaine de broutards pour atteindre environ 350 mâles et femelles engraissés chaque année. La surface de l’exploitation avoisine les 500 hectares, dont 200 en culture (céréales et maïs fourrage) et le reste en herbe.

« Pour nous qui cultivons beaucoup de céréales, la technique du Maxammon a nettement amélioré l’autonomie alimentaire de l’exploitation. Nous achetons seulement du maïs grain humide à la récolte que nous traitons directement au Maxammon pour l’année à venir, car le mélange se conserve très bien. La valeur en matière azotée totale (Mat) du maïs grain passe alors de 10,5 % à 15,5 % de Mat. De manière générale, le traitement augmente la matière azotée de 5 points sur céréales et de 7 points sur protéagineux. »

Le mélange « 1 tonne de céréale broyée + 5 kg Maxammon + 15 kg d’urée alimentaire + eau » est laissé pendant une quinzaine de jours sous une bâche, le temps que l’enzyme transforme l’urée en bicarbonate d’ammonium, absorbable par les micro-organismes du rumen.

« J’ai appris l’existence de ce produit par mon nutritionniste indépendant avec qui je travaille depuis que nous sommes passés en ration mélangée, il y a cinq ans » raconte Christophe Mathiaud. « Il y a deux ans, nous avons fait un premier essai avec l’entreprise irlandaise Strathclyde qui fabrique le Maxammon et les premiers résultats nous ont convaincus. Nous avons créé la Sarl Mathiaud en mai 2013 pour commercialiser le Maxammon en France, avec l’aide d’autres agriculteurs-distributeurs. Les Irlandais souhaitaient que leur produit soit distribué par des éleveurs plutôt que par les entreprises d’aliment du bétail qui commercialisent déjà des tourteaux. »

Ce premier essai a été réalisé sur deux bandes de taurillons avec un lot témoin (3,5 kg de blé non traité + tourteau de colza) et un lot avec 6,5 kg de blé traité au Maxammon et 2/3 de tourteau en moins. « Nous avons obtenu un Gmq supérieur de + 125 g/j, soit 1.725 kg/j pour le lot Maxammon contre 1,6 kg/j pour le lot témoin » précise l’éleveur. « Mais j’ai surtout observé une grosse sécurisation des rations au niveau des risques d’acidoses ruminales. Les animaux nourris au Maxammon sont plus calmes. Fini les acidoses et les veaux gonflés qu’il fallait parfois percer au trocart. »

En effet, avec le bicarbonate contenu dans l’urée alimentaire, les céréales traitées affichent un pH basique, autour de 9. Ce pouvoir tampon de la céréale améliore la digestibilité. « La différence se voit aussi dans les bouses. Après passage au tamis, nous avons trouvé 8,7 % de déchets en moins dans les bouses des animaux nourris aux céréales traitées, preuve d’une meilleure efficacité alimentaire de la ration. Prochaine étape : aller voir à l’abattoir la couleur de la viande et l’état de la panse des animaux nourris ainsi dès leur plus jeune âge. »

Aujourd’hui, les éleveurs ont supprimé les tourteaux des rations d’engraissement et incorporent 3 kg de maïs grain humide et 2 kg de blé traités au Maxammon (voir ration ci-dessous) ou bien uniquement 4,5 kg de blé traité sans maïs grain.

Le coût de la ration a diminué de 22 euros par tonne brute de mélange. Avec des hypothèses de prix du tourteau de colza à 290 €/t, de l’achat de maïs grain humide à 115 €/t et un coût d’aplatissage et de traitement au Maxammon de 35 €/t, alors la ration brute (0.96 Ufl ; 15,3 % Mat) coûte 187 €/t avec le tourteau et descend à 164,60 €/t avec du blé et du maïs traités au Maxammon (0,97 Ufl ; 15,1 % Mat).

Pour l’aplatissage et le mélange, Christophe Mathiaud fait appel à un camion-usine qui vient sur l’exploitation tous les deux mois. Une opération facturée entre 20 et 25 euros par tonne de céréale.

Coût alimentaire par Kg de croît /j : 1.65 €/j

Coût alimentaire par jour : 2.91 €/animal/j

Coût alimentaire par tonne de MS : 246.37 €/ t MS

Marge sur coût alimentaire : 1.24 €/animal/ j

Efficacité alimentaire : 6.69 Kg Msi / Kg Gmq

% de Msi / poids vif : 1.93 kg Msi/kg de poids