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Les « antibassines » ciblent samedi « l’agro-industrie » au port de La Rochelle


AFP le 20/07/2024 à 08:20

Après une manifestation avortée vendredi dans un champ en feu près de Poitiers, plusieurs milliers d'opposants aux réserves d'irrigation mettent le cap samedi sur le port de La Rochelle, qu'ils comptent bloquer « symboliquement » pour dénoncer les pratiques de l'agro-industrie.

Les organisateurs de la manifestation – dont le collectif Bassines Non Merci (BNM) – ont annoncé un rassemblement, à la fois « en ville et en bord de mer », dans une ambiance « de fête et de carnaval ». Les autorités ont interdit tout rassemblement à l’échelle de la commune.

Plus de 3 000 gendarmes et policiers sont mobilisés depuis le début de la semaine dans le cadre du dispositif de sécurité.

Selon les organisateurs, 200 premiers manifestants sont entrés sur le terminal agro-industriel du port de la Pallice tôt samedi matin, en « surgissant depuis le pont de l’Île-de-Ré » pour « déjouer le dispositif d’interdiction de manifester ». Avec « une dizaine de tracteurs », ils affirment avoir installé un « blocage paysan » devant les bâtiments d’un négociant en céréales.

Pendant ce temps, à Melle (Deux-Sèvres), où plusieurs milliers de personnes ont rejoint depuis mardi le Village de l’eau, des militants le quittaient « tranquillement » pour prendre la route de La Rochelle, « par petits groupes séparés de moins de dix personnes », a expliqué l’une d’elles à l’AFP, tandis que des gendarmes à cheval les regardaient passer.

Encerclement

La veille, le départ en masse des opposants aux « bassines » depuis leur campement, pour aller manifester dans la Vienne, s’était heurté à un important dispositif de sécurité, les forces de l’ordre faisant usage de gaz lacrymogène pour tenter de les disperser et multipliant contrôles et fouilles.

Au programme de la deuxième journée de mobilisation, l’« encerclement » du port vise samedi à dénoncer les grands acteurs de la filière céréalière, que les organisateurs associent à la construction des réserves d’eau contestées et à l’« accaparement » de l’eau par l’agro-industrie.

« Nous déambulerons joyeusement pour encercler le port et bloquer ces flux (…) A toutes celles et ceux qui aiment naviguer, nous vous invitons à prendre vos gilets de sauvetage et à ramener vos kayaks, paddles, et autres engins de plage pour constituer un cortège marinn! », ont lancé les organisateurs.

Dans leur viseur, les « silos géants » sur le port, autant de « gigantesques stocks spéculatifs », où les céréales sont soumises « aux fluctuations boursières ». Un lieu d’autant plus symbolique que le port agro-industriel de La Pallice est le « deuxième port exportateur de céréales du pays », argumentent-ils.

« Les bassines ne sont pas faites pour faire de la culture localement mais pour nourrir les marchés internationaux », a déclaré vendredi Julien Le Guet, l’un des porte-parole du mouvement, qui « espère » pouvoir bloquer le port « symboliquement ».

Centre-ville bouclé

Vendredi, une première manifestation de plusieurs milliers de personnes – 3 800 selon la police, 6 500 selon les organisateurs – a avorté dans la Vienne.

Les organisateurs ont renoncé à rejoindre l’unité de production de semences d’une coopérative agricole, près de Poitiers, après que des grenades lacrymogènes tirées par les gendarmes eurent déclenché un incendie dans un champ à proximité.

« On va se préserver pour demain, et demain ce sera une autre partie », a lancé un organisateur au mégaphone pour couper court à la marche.

Craignant des débordements jusqu’au centre historique de La Rochelle, très touristique en période estivale, la préfecture de Charente-Maritime a interdit de manifester dans « toute la ville » jusqu’à dimanche 6h.

« Il est hors de question de voir des violences au centre-ville de La Rochelle, un jour de forte présence de touristes. Des mesures de protection seront en place, mais nous demandons aux Rochelais de se montrer prudents tout de même, et d’éviter certains secteurs », avait déclaré jeudi le préfet de Charente-Maritime Brice Blondel.

Le « Village de l’eau » est organisé jusqu’à dimanche à Melle (Deux-Sèvres) par BNM, les mouvements écologistes Les Soulèvements de la Terre et Extinction Rébellion, l’union syndicale Solidaires et l’association altermondialiste Attac, avec la participation de 120 structures militantes.