Les OAD, alliés d’une stratégie fongicides céréales optimisée
TNC le 07/12/2020 à 08:40
Installé depuis octobre 2019, Jean Harent travaille à réduire l’utilisation des intrants sur l’exploitation familiale, dont les fongicides. Pour positionner les applications, l’agriculteur s’appuie sur des outils d’aide à la décision. Il insiste toutefois sur l’importance de combiner ces outils avec les différents leviers agronomiques à sa disposition.
Le choix variétal constitue un levier agronomique primordial dans la lutte contre les maladies des céréales à paille. « Je cherche à croiser productivité et tolérance aux maladies (septoriose et rouille jaune surtout dans le secteur). Il faut aussi qu’elles soient rustiques », explique ainsi Jean Harent, installé sur la commune de Sauvillers-Mongival, dans la Somme. Parmi les dix variétés utilisées : « KWS Extase, Chevignon, Garfield, Fructidor… ». En ce qui concerne la date de semis, l’agriculteur essaye de ne pas démarrer avant le 15 octobre. Arvalis-Institut du végétal met également en avant l’intérêt d’allonger les rotations. Pour les parcelles de blé sur blé, l’agriculteur note alors l’importance de « placer un couvert entre les deux cultures, pour réduire la pression piétin-verse notamment. Cette année, il est composé de sarrasin, trèfle et phacélie », ajoute-t-il.
« Le lien entre la stratégie établie et ce qui se passe au champ »
Pour la construction de son programme fongicide, Jean Harent se base généralement sur deux traitements, « en faisant attention à l’alternance des modes d’action et à l’équilibre efficacité/environnement/économie ». Compte-tenu d’une faible pression maladies durant la campagne 2019-2020, l’agriculteur a effectué un seul passage : Librax (0,6 l/ha) + Amistar (0,2 l/ha), entre dernière feuille pointante et dernière feuille étalée selon les parcelles. Et l’impasse du T1 s’est révélée pertinente en 2020, avec une moyenne de rendement de 88 q/ha, contre 85 q/ha habituellement. Pour cela, Jean Harent s’est appuyé sur l’usage d’un outil d’aide à la décision (OAD) : Xarvio field manager de BASF, qui définit le risque maladie à la parcelle, en fonction des données agronomiques et météo (stations Météus sur son exploitation).
Plusieurs OAD de ce type sont à disposition des agriculteurs comme Avizio de Syngenta, Septo-Lis d’Arvalis, Opti-Protect des Chambres d’agriculture… Ils permettent un « positionnement optimal des applications fongicides ». Si seulement un quart des agriculteurs les utilisent aujourd’hui dans ce cadre (selon un sondage Terre-net), l’agriculteur les considère « incontournables ». Ils font « le lien entre la stratégie établie et ce qui se passe au champ ». Bien sûr, ces outils ne remplacent pas l’observation. « Avec 160 ha de blé, des dates de semis qui s’étalent du 15 octobre au 25 novembre et différents types de sols, c’est surtout un moyen de sécuriser les observations et aussi de hiérarchiser les parcelles à aller voir en priorité avec le technicien ».
Si les OAD présentent un intérêt pour décider d’une impasse, l’agriculteur se dit aussi « plus serein en cas de forte pression maladies. On évite ainsi d’intervenir trop tôt – et c’est inefficace- ou trop tard – et il y a tout de même un impact sur le rendement. » Un constat important « dans un contexte où on cherche à limiter notre empreinte sur l’environnement et à réduire les charges opérationnelles.
Autre solution de protection fongicide intégrée souvent mise en avant : le biocontrôle. S’il n’en a pas encore testé sur son exploitation, Jean Harent s’y intéresse. L’utilisation du soufre au T1 (lorsque ce dernier est nécessaire) a progressé depuis quelques années en France (250 000 ha en 2020). Le phosphonate de potassium est également testé depuis plusieurs années par Arvalis et offre des résultats intéressants selon l’institut technique. Mais son homologation se fait attendre : elle devrait arriver dans les mois à venir, pour un usage en 2022. Et qu’en est-il d’un programme 100 % biocontrôle ? En cas de faible pression maladies, les résultats peuvent se rapprocher d’un programme conventionnel. Mais le tout biocontrôle semble encore manquer d’intérêt pour le moment, en raison du nombre plus élevé de passages et du coût élevé des produits.