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Changement climatique

Les réserves de substitution, un levier de transformation de l’agriculture


TNC le 20/06/2024 à 09:29
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(© Adobe Stock)

Dans un avis rendu cette année, l’Académie d’agriculture étudie les conditions préalables au développement des retenues d’eau, estimant que l’évolution des systèmes agricoles vers l’agroécologie doit être conditionnée à la création de ces réserves.

S’appuyant sur le cas de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), l’Académie d’agriculture a étudié les aspects hydriques et hydrologiques des réserves de substitution afin d’éclairer le débat, électrique, sur les « méga-bassines ».

L’évapotranspiration, « pas un obstacle »

Dans le marais Poitevin, la perte par évaporation représente environ 12 % du volume maximal sur l’année, et 8 % d’avril à septembre. Compte-tenu de l’apport des précipitations, soit 800 mm sur l’année dont 350 mm en avril-septembre, « les pertes « nettes » pour la période d’utilisation peuvent être estimées entre 3 % (année moyenne) et 8 % (année sèche) du volume maximal stocké dans la réserve », indique l’avis. Ainsi, « la perte par évaporation d’une réserve ne constitue pas un obstacle à la prise de décision pour sa création », estime l’Académie d’agriculture.

Un impact positif sur l’agriculture

Autre constat, dans cette région, la possibilité d’irriguer s’est traduite par une moindre baisse du nombre d’exploitations et un plus grand nombre de conversions en agriculture biologique, comparativement aux zones où l’on ne peut pas irriguer.

En parallèle, l’irrigation s’est accompagnée d’une diversification des espèces cultivées, « avec l’introduction de cultures à haute valeur ajoutée, notamment des légumes et de légumineuses, « au détriment de la sole de maïs qui a été réduite de 50 % sur 10 ans », indique l’académie d’agriculture.

L’agroécologie, condition à la création de réserves

C’est pourquoi, si l’avis encourage la création de réserves de substitution, dans un contexte de changement climatique, l’orientation vers l’agroécologie « doit conditionner la création de réserves », explique Chantal Gascuel, secrétaire perpétuelle de l’Académie d’agriculture, qui a présenté cet avis le 18 juin. « Les réserves ne doivent pas être un prétexte pour différer l’action », mais au contraire accompagner la transition, ajoute-t-elle.

Pour l’Académie d’agriculture, « au-delà de l’eau d’irrigation, il est impératif de mettre en œuvre des leviers complémentaires favorisant la sobriété de la consommation en eau, l’efficience des usages de l’eau et la résilience des systèmes de production ».

Plus globalement, l’appui financier à la création de réserves doit donc être conditionné au développement d’indicateurs relatifs à l’objectif de résilience des écosystèmes agricoles, à l’évolution des systèmes d’exploitation vers une gestion plus économe de la ressource en eau, mais également une diminution de l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires, « et vers une diversification des cultures, de nature à préserver non seulement la ressource en eau, en quantité et en qualité, mais aussi la biodiversité et la qualité des sols », estime l’académie d’agriculture.

En parallèle, la mise en place d’une gouvernance collective apparaît nécessaire pour limiter les conflits d’usage, assortie d’un système de suivi, « disposant d’indicateurs de surveillance, transparent au public le plus large », souligne l’avis.

L’avis manque néanmoins, précise l’Académie d’agriculture dans la postface, d’investigations complémentaires faute de données disponibles, notamment sur l’économie des projets à l’échelle territoriale, l’impact sur la biodiversité, ou encore le financement.