Londres défend son interdiction de pêche d’un petit poisson
AFP le 29/01/2025 à 14:30
Il y a « urgence » pour protéger des petits poissons dans les eaux britanniques de la mer du Nord, pêchés par les chalutiers de l'Union européenne, a déclaré Londres mercredi devant la plus ancienne instance d'arbitrage du monde.
Londres et Bruxelles se disputent devant la Cour permanente d’arbitrage (CPA), qui siège à La Haye, au sujet des droits de pêche du lançon, aussi appelé l’anguille des sables, qui constitue une source de nourriture importante pour d’autres animaux marins, notamment les phoques, les dauphins et les oiseaux.
L’UE a porté l’affaire devant la CPA, créée en 1899, après une décision prise par Londres en mars d’interdire toute pêche commerciale du lançon dans les eaux britanniques.
L’objectif du Royaume-Uni est de « rechercher un bon état environnemental pour l’écosystème de la mer du Nord », a déclaré Ben Juratowitch, l’un des représentants de Londres devant la CPA. « En conséquence, il est urgent d’agir pour protéger les stocks et l’écosystème » face aux « pressions croissantes », a-t-il affirmé lors d’une audience.
Bruxelles accuse Londres de ne pas avoir respecté l’Accord de commerce et de coopération entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, qui a donné à l’UE l’accès aux eaux britanniques pendant plusieurs années pendant une période de transition après le Brexit.
En vertu de cet accord, les pêcheurs de l’UE ont conservé l’accès aux eaux britanniques pendant une période de cinq ans et demi, se terminant à la mi-2026. Après cela, l’accès aux eaux respectives sera décidé lors de négociations annuelles.
Mais selon M. Juratowitch, l’affaire concerne « la capture de poissons dans des eaux qui ne sont pas les [leurs] ». « Il n’existe aucun droit d’entrer dans les eaux d’un autre État et d’en prélever les ressources naturelles vivantes, à moins d’y être autorisé, et seulement selon les conditions accordées », a-t-il déclaré.
Bruxelles soutient le Danemark, dont les navires s’approprient environ 96 % du quota de l’UE pour cette espèce, les prises de lançon s’élevant en moyenne à 49 millions d’euros par an.
L’affaire – première bataille commerciale judiciaire entre le bloc des 27 et le Royaume-Uni depuis sa sortie de l’UE en 2020 – est selon les experts un indicateur d’autres litiges éventuels à venir entre les deux parties dans le secteur de la pêche. Une décision est attendue d’ici fin mars.