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Guerre en Ukraine

L’Ukraine pourrait exporter à nouveau ses céréales par la mer Noire


TNC le 22/08/2023 à 14:00
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Depuis la fin de l'accord céréalier, mi-juillet, plus aucun vraquier de céréales n'a quitté les ports ukrainiens de la mer Noire.

Itinéraire alternatif, accord avec les assureurs : l’Ukraine pose les jalons d’une reprise de ses exportations céréalières depuis ses ports de la mer Noire, malgré la menace russe.

Alors que la Russie s’est retirée de l’accord sur les exportations en mer Noire, qui avait permis d’expédier 33 Mt de produits agricoles ukrainiens à travers le monde entre début août 2022 et juillet 2023 malgré la guerre, et qu’elle a menacé de considérer comme des cibles militaires tous les navires civils approchant les ports ukrainiens, l’Ukraine envisage de reprendre les exportations maritimes de ses céréales.

C’est ce qu’a indiqué hier un officiel ukrainien en charge de l’agriculture, relayé par l’agence Reuters. Le blocage de l’accord sur les exportations marquant l’arrêt du corridor sécurisé en mer Noire chapeauté par l’Onu et la Turquie, l’Ukraine a annoncé mettre en place un « corridor humanitaire » longeant ses côtes puis celles de la Roumanie et de la Bulgarie.

Le porte-conteneurs Joseph Schulte, chargé de marchandises ukrainiennes et bloqué dans le port d’Odessa depuis le début du conflit, a transité par ce couloir la semaine dernière sous couvert de l’armée ukrainienne, sans être attaqué par les forces russes.

De quoi susciter les espoirs de certains acteurs du commerce agricole. Denys Marchuk, président du groupe agroalimentaire « conseil agraire panukrainien », a ainsi évoqué la possibilité de faire passer par cet itinéraire alternatif des navires cette fois chargés de céréales et d’oléagineux.

D’autant plus que « l’Ukraine s’approche d’un accord avec des assureurs internationaux pour couvrir les navires céréaliers » approchant ses ports de la mer Noire, a annoncé le Financial Times.

Interrogé par le quotidien britannique, le vice-ministre ukrainien de l’Économie Oleksandr Gryban a expliqué que cet accord s’appuierait sur un partenariat entre banques locales ukrainiennes et groupes d’assurance internationaux, qu’il pourrait entrer en vigueur en septembre et qu’il couvrirait cinq à trente navires sous le coup des menaces russes.

Une perspective qui suscite les doutes de Mykola Gorbachov, président du syndicat ukrainien des négociants en céréales (UGA). Dans un communiqué relayé par Reuters, il doute que beaucoup d’armateurs s’engagent dans le corridor temporaire : « il faut au moins deux à trois jours pour charger un navire dans les ports du Grand Odessa. Si pendant ce temps l’infrastructure portuaire est à nouveau touchée par des attaques ennemies, il y a un risque d’endommagement des navires et de la cargaison ».

Il incite à assurer une meilleure sécurité des ports ukrainiens et des bateaux, en faisant par exemple appel aux navires de l’Otan.

En parallèle, la Russie serait en pourparlers avec la Turquie et le Qatar pour mettre en place un nouvel accord céréalier, dans lequel elle prendrait la place de l’Ukraine dans l’approvisionnement des pays les plus pauvres.

Parlant de « chantage perfide » et de « méga-complot », le tabloïd allemand Bild est revenu sur ce sujet il y a quelques jours, déclarant que l’accord était sur le point d’être signé en Hongrie, et que la Turquie avait demandé qu’il inclue des expéditions d’Ukraine et soit placé sous l’égide de l’Onu.