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Manifestation « antibassines » : ambiance tendue et confuse à La Rochelle


AFP le 20/07/2024 à 14:35

La deuxième journée de mobilisation contre les bassines s'est tendue samedi à La Rochelle, plusieurs milliers de personnes se dirigeant vers le port de commerce, dont « plusieurs centaines d'individus radicaux » selon les autorités qui craignent des affrontements.

Peu avant 13h30, les très nombreux gendarmes mobilisés ont brièvement chargé à l’arrière d’un des deux cortèges, avec tirs de grenades lacrymogènes et coups de matraque, après que des dégradations eurent été commises contre des abribus, une agence d’assurance et un supermarché notamment. « On était dans la manif’, ils ont commencé à bloquer l’avant et l’arrière. Ils nous ont isolés sur le côté pour charger sur le reste », a témoigné Lilia, 25 ans, dans le cortège. Des journalistes de l’AFP ont vu un manifestant touché à la tête.

Cinq interpellations ont eu lieu selon le ministre de l’Intérieur, quatre personnes étant en garde à vue selon le parquet de La Rochelle – une pour rébellion et outrage, deux pour tentative d’intrusion dans le port et une pour rassemblement illicite.

Selon les organisateurs, dont le mouvement écologiste Les Soulèvements de la Terre, plus de 6 000 personnes sont présentes au total dans les cortèges partis d’un parc proche du Vieux-Port pour rejoindre le port de commerce, qu’environ 200 manifestants avaient brièvement occupé samedi matin avant d’en être évacués dans le calme.

Selon une source policière, un premier cortège, familial, est composé de 3 200 personnes, dont certaines encagoulées, le second, d’au moins 2 000 personnes, parmi lesquelles figurent 400 « black blocs ».

Le premier cortège a longé la côte et peu avant 14 h, des manifestants ont pris la mer sur des canots gonflables.

L’autre était à l’arrêt sur un axe de la ville dans une situation confuse, le cortège faisant demi-tour et une partie des manifestants quittant les lieux, alors que les gendarmes poursuivaient leurs actions de dissuasion en lançant des grenades assourdissantes.

Occupation

Après une première manifestation avortée vendredi dans un champ en feu près de Poitiers dans la Vienne, cette deuxième journée de mobilisation des opposants aux « bassines » se déroule à La Rochelle pour dénoncer les pratiques de l’agro-industrie qu’ils associent à la construction de ces réserves d’irrigation.

Les organisateurs, dont le collectif Bassines Non Merci (BNM), avaient annoncé un rassemblement dans une ambiance « de fête et de carnaval » mais la préfecture de Charente-Maritime, craignant des violences, avait interdit tout rassemblement dans la ville, très fréquentée par les touristes en cette période estivale.

Environ 200 premiers manifestants, dont des agriculteurs avec quelques vieux tracteurs, ont d’abord été évacués sans heurts, samedi matin, du terminal agro-industriel du port de La Pallice après une occupation symbolique.

Ils avaient réussi à y entrer à l’aube en arrivant « par surprise » de l’Île-de-Ré et ont occupé une rue dans le calme, avec musique et buvette, devant les bâtiments d’un important négociant en céréales, un site « sensible » selon la préfecture de Charente-Maritime.

« On n’avait pas pour objectif d’aller au contact des forces de l’ordre, c’est souvent les forces de l’ordre qui ont pour objectif d’aller au contact avec nous », a déclaré à l’AFP Juliette, membre du mouvement écologiste Les Soulèvements de la Terre.

« Ce qu’on voulait, c’était montrer à quel point il y a des intérêts au port à construire des méga-bassines dans l’arrière-pays », a-t-elle ajouté.

 « Accaparement »

Ces manifestations ont lieu dans le cadre du « Village de l’eau », un rassemblement militant organisé depuis mardi et jusqu’à dimanche à Melle (Deux-Sèvres) par le collectif « Bassines Non Merci », les mouvements écologistes Les Soulèvements de la Terre et Extinction Rébellion, l’union syndicale Solidaires et l’association altermondialiste Attac, avec la participation de 120 structures militantes.

Plus de 3 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés cette semaine par les autorités dans le cadre du dispositif de sécurité entourant ces manifestations, non déclarées et interdites par les préfectures concernées.

Il y a quinze mois à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), lors d’une précédente manifestation qui avait déjà réuni des milliers de personnes, autour du chantier d’une « bassine », de violents affrontements avaient opposé militants radicaux et forces de l’ordre, faisant de nombreux blessés de part et d’autre. Deux manifestants étaient restés plusieurs jours dans le coma.

Vendredi, une première manifestation – 3 800 personnes selon la police, 6 500 selon les organisateurs – a avorté dans la Vienne quand des grenades lacrymogènes lancées par les gendarmes ont mis le feu à un champ de paille près du cortège.