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Moins de blé mais pas de flambée des prix du pain en France


AFP le 30/08/2024 à 09:50

La récolte historiquement basse de blé tendre en France en 2024 n'entraînera ni pénurie ni hausse spectaculaire des prix de la baguette de pain, rassurent les professionnels, des producteurs aux boulangers.

La récolte est estimée à 25,17 millions de tonnes par le cabinet Argus Media France, au plus bas depuis 40 ans, dans un pays produisant habituellement autour de 35 Mt, dont plus de 15 Mt destinés à l’exportation. En cette année de vaches maigres, la France sera servie.

« La production 2024 permettra de répondre à la demande nationale, la France produisant plus de blé tendre que les besoins de son marché intérieur. Notre pays ne manquera donc pas de pain et continuera de proposer des produits céréaliers de grande qualité grâce au travail mené en filière pour collecter, trier et transformer les céréales », a souligné mi-août Jean-François Loiseau, président de l’interprofession Intercéréales.

« Aucune pénurie à craindre », a renchéri Edward de Saint-Denis, de la maison de courtage Plantureux & Associés. « La France produit du blé en quantité, couvrant largement sa consommation et au-delà. Et même dans le cas totalement improbable où elle devrait importer, il y a ce qu’il faut en mer Noire, avec les qualités requises pour la panification », a-t-il ajouté.

A la Confédération nationale de la Boulangerie, son président Dominique Anract juge aussi la récolte « catastrophique pour les agriculteurs mais pas pour les boulangers ». « On a besoin de 5 millions de tonnes en boulangerie. On les aura », dit-il, précisant que la profession est aujourd’hui « plutôt rassurée sur la qualité meunière » des grains. « On a fait de premiers essais avec du blé récolté cet été : cela fait du pain de bonne qualité », a-t-il assuré.

Le prix du blé, indispensable céréale du pain, ne participe qu’à hauteur de 5 à 10 % au prix de la baguette, l’essentiel des charges du boulanger étant « la masse salariale à environ 40 % », puis son loyer, les dépenses d’énergie et d’eau, a rappelé M. Anract.

Après l’invasion russe de l’Ukraine, les cours des céréales avaient flambé, entraînant une hausse du prix de la farine et donc de la baguette, qui avait augmenté en 2022 de 10 à 30 centimes selon les commerces.

Mais depuis les prix ont beaucoup baissé, avec une tonne de blé tendre autour de 200 euros sur le marché européen, contre plus de 400 euros il y a deux ans. « Normalement, on devrait avoir une stabilité du prix du pain », pour M. Anract.

Pas de danger donc pour l’emblématique baguette française, inscrite fin novembre 2022 au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Six milliards de baguettes, premier pain aujourd’hui consommé dans le pays, sortent des fournils chaque année en France.