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Quels enseignements techniques de 2024 retenir pour réussir son pois d’hiver ?


TNC le 14/08/2024 à 14:40
REcoltedespois

Terres Inovia a regroupé dans un dossier technique les leviers agronomiques permettant de limiter la pression maladie et de sauvegarder le potentiel des pois d'hiver. (© Stéphane Leitenberger)

Après une campagne climatique hors norme, les pois d’hiver ont accusé une importante pression maladie, limitant fortement les possibilités de récoltes et le potentiel final. Dans un dossier technique, Terres Inovia rassemble les leviers agronomiques mis en évidence ces dernières années dans ses essais pour sauvegarder le potentiel de cette culture.

L’excès d’eau tout au long de la campagne a fortement pénalisé la culture du pois d’hiver en France, avec un complexe de maladies important (dominé par le champignon Colletotrichum). Au 24 juillet dernier, la Fédération des producteurs d’oléagineux (Fop) estimait à seulement 40 % les surfaces récoltables cette année.

« Si cet échec sanitaire peut décourager, il est important de recontextualiser cette pression face à un climat extrême et inattendu. […] Le contexte climatique 2024 reste très atypique et ne doit pas résumer le risque climatique et sanitaire des pois d’hiver pour les futures campagnes », met en avant Terres Inovia.

« Ces 10 dernières années climatiques ont même montré, en moyenne, de meilleurs rendements 7 années sur 10 pour le pois d’hiver à l’inverse du pois de printemps qui plafonne plus souvent avec les risques de printemps chauds et secs. »

L’institut technique a alors regroupé dans un dossier technique les leviers agronomiques permettant de limiter la pression maladie et de sauvegarder le potentiel des pois d’hiver. « Ces derniers ont d’ailleurs montré en 2024 de fortes différences dans la dynamique d’évolution de la maladie. »

Choix d’une parcelle adaptée

Premièrement, Terres Inovia rappelle l’importance du choix de la parcelle. « Les sols filtrants présentent souvent un plus faible risque de maladies que des sols hydromorphes où l’humidité stagne plus facilement. Vigilance aussi pour les sols à risque de battance, la pluviométrie fréquente en hiver peut limiter le taux de levée par l’apparition d’une croûte de battance. Dans les parcelles à risque, favorisez une préparation du lit de semence plus grossier (mottes de 3-5 cm) voire laissez les pailles du précédent ou du couvert si implantation en travail cultural simplifié (TCS). »

« Enfin, attention aux parcelles propices au déchaussement des plantes durant l’hiver, les exposant d’autant plus aux conditions telles que les craies. Dans ces situations, assurez une bonne profondeur de semis (6 cm) et n’hésitez pas à rouler à la suite du semis si les conditions le permettent et en l’absence de risque de battance. »

Choix d’une variété résiliente

Des différences de comportement variétal vis-à-vis du complexe maladies ont également été observées dans différents essais en 2023 et 2024. Ces différences semblent en partie liées aux critères suivants : 

– « La résistance au froid : elle permet de limiter les blessures, portes d’entrée des agents pathogènes ».

– « La précocité à la montaison en sortie hiver : plus la reprise de végétation est rapide et moins le couvert reste en contact avec l’humidité du sol, très favorable au développement des maladies ».

– « L’architecture du couvert : plus le couvert est aéré (variétés à entre-nœuds longs, peu ramifiantes, à bonne tenue de tige) et moins il maintient l’humidité ».

« La tolérance à la chlorose ferrique est un plus pour les sols calcaires et limons froid. Si cette carence passagère n’a qu’un faible impact direct sur le rendement, le stress et le manque de vigueur occasionnés sur la plante peuvent favoriser le développement des maladies.

En plus de ces critères, la résistance/tolérance génétique à l’un ou l’autre des pathogènes du complexe, non encore connue à ce jour mais à l’étude, joue certainement un rôle important.

Pour l’institut technique, « la semence certifiée est à privilégier car elle est moins susceptible de véhiculer une maladie. Pour l’usage des graines de ferme, Terres Inovia rappelle l’importance d’écarter les lots de semences touchées et/ou présentant un taux de germination anormalement faible ».

Maîtrise de l’implantation

Terres Inovia liste également les points clés pour une implantation réussie en pois d’hiver.

– Préparation du sol : « Evitez les problèmes de lissages et compactions limitant l’infiltration de l’eau ».

– Date de semis : « Préférez des semis de mi-novembre à mi-décembre, moins exposés au gel que les semis de début novembre ».

– Profondeur de semis : « Assurez un semis régulier à 5-6 cm (pas moins !) pour protéger le bas des plantes du gel, du déchaussement et de la maladie ».

– Densité de semis : « Respectez les densités de semis en connaissance du taux de germination. Les pois d’hiver ramifient plus qu’il y a 10 ans ».

– Association : « Privilégiez les associations en bio et conduites innovantes, la seconde espèce freine physiquement la propagation de la maladie. Préférez les implantations avec rangs distincts par espèces ».

Protéger tôt sa parcelle pour plus d’efficacité

Enfin, « en cas d’hiver favorable au complexe hivernal « douceur et humidité » », l’institut technique recommande « d’intervenir à partir du 20 février (stade 4/5 feuilles du pois) avec un fongicide : Sunorg Pro 0,8 l/ha, Prosaro 0,8 l/ha, Sunorg Pro 0,6 l/ha + Amistar 0,4 l/ha ou Prosaro 0,6 l/ha + Amistar 0,4 l/ha. »

« Protégez systématiquement à début floraison, ajoutent les experts Terres Inovia. C’est le dernier stade permettant d’atteindre le bas des plantes où très souvent, la maladie est installée. Privilégiez un volume de bouillie de 150 l/ha à 200 l/ha. Ne négligez pas le volume de bouillie pour permettre une bonne pénétration du traitement dans le couvert végétatif. Ensuite, le couvert se referme et les traitements fin floraison permettent seulement de protéger le dessus du couvert. »