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Retour du froid

Quels risques pour les cultures ?


TNC le 01/04/2022 à 18:05
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La Chaîne météo prévoit « une intensification des gelées ce week-end et lundi devrait être la matinée la plus froide ».  (©TNC)

Du gel début avril, cela n'a rien d'exceptionnel. Ce sont plutôt les fortes fluctuations de températures qui inquiètent. Quels sont les risques pour les cultures ? S'il est encore trop tôt pour se prononcer, les experts nous font quelques rappels. Et l'évolution de la météo dans les jours à venir sera également à prendre en compte.

Neige et gel suite à une séquence poussante pour les plantes : ce scénario n’est pas sans rappelé l’épisode de froid des 5-6-7 avril 2021. « Si dans les grands lignes, les similarités sont évidentes, de petits détails doivent cependant être pris en compte pour anticiper les conséquences notamment sur les céréales à paille en 2022 », note Jean-Charles Deswarte d’Arvalis. 

« Le stade de la culture influence sa sensibilité »

« En premier lieu, le stade de la culture lors du gel influence sa sensibilité. Il a été confirmé qu’à température similaire, les cultures ou parcelles les moins avancées ont présenté moins de dégâts. Derrière la notion de précocité se cachent évidemment les différences régionales, les effets de date d’implantation et le facteur variétal (précocité à montaison) », précise l’expert. 

Au 28 mars, 76 % des parcelles de blé tendre ont, par exemple, atteint le stade épi 1 cm et 5 % le stade 2 nœuds selon l’observatoire Céré’Obs de FranceAgriMer. « Ces stades sont, au global, légèrement en avance par rapport aux tendances pluriannuelles, mais ils restent moins avancés que lors de l’épisode de gel d’avril 2021. Ce très léger décalage peut laisser espérer une moindre fragilité pour cette campagne », estime Jean-Charles Deswarte.

Niveau indicatif de résistance au froid d’une culture de blé tendre d’hiver (suite aux observations collectées au cours de l’épisode de gel en avril 2021). (©Arvalis-Institut du végétal)

Le colza, lui, devient sensible au gel « dès la montaison et particulièrement durant la floraison », rappelle Terres Inovia. Les températures négatives peuvent provoquer « des pertes de boutons (avortement), pouvant cependant être compensées. À partir de – 5 °C (température seuil), on peut observer des pertes de feuilles et de hampes, plus dommageables pour la culture ». Comme nous le précisait, l’an passé, Nicolas Latraye, ingénieur régional Hauts-de-France, il ne faut toutefois pas oublier aussi le « fort pouvoir de compensation du colza. Il faut voir au cas par cas, en fonction de l’état sanitaire de la parcelle ».

Face à la neige tombée dans certains secteurs, comme en vidéo ci-dessus dans le Pas-de-Calais, difficile de se prononcer aujourd’hui. « Dans l’ensemble, les colzas sont plutôt sains et beaux cette année : l’impact devrait donc être limité si le temps ne dure pas trop. À voir et à rediscuter quand ça aura fondu et que le week-end froid sera passé. S’il n’est pas trop avancé, des nouvelles fleurs sortiront et devraient donner les siliques suffisantes ! », avance l’expert.

Des différences selon les espèces

En céréales à paille, les niveaux de résistance au gel diffèrent aussi selon les espèces. D’après les observations faites en 2021, « les orges de printemps semées en automne et les blés durs sont les plus fragiles. En revanche, à milieu équivalent (observations réalisées en Auvergne), le triticale présente moins de dégâts que l’orge d’hiver, elle-même plus résistante que le blé tendre. Au passage, les orges de printemps en cours de levée « tiennent le coup » : les symptômes foliaires sont passagers », ajoute Jean-Charles Deswartes. 

La météo des prochains jours à suivre

« Les prévisions laissent présager que les températures descendront en dessous de – 4°C sur à peine 10 % du territoire, notamment dans des zones de relief (Massif Central, Vosges, centre des Alpes). » Compte-tenu de tous ces éléments, l’institut technique estime que « les céréales à paille devraient être peu impactées par la chute des températures ». Il faut toutefois noter que certains facteurs peuvent exacerber les effets d’un épisode de froid : « la microtopographie (cuvettes), l’exposition, la proximité de bois (maintien du froid le matin), les zones séchantes (effet précocifiant du stress hydrique)… ».

Vigilance aussi pour les parcelles en cours de levée, comme pour le lin et les betteraves sucrières par exemple. Selon la littérature, les variétés de lin fibre de printemps sont sensibles à des températures inférieures à – 5°C. Mais là encore, le diagnostic peut changer selon le stade de développement. Pour les parcelles de betteraves sucrières au stade crosse-cotylédons, on peut craindre des pertes de pied dès lors que l’on atteint les – 6/- 7°C.

Les conséquences pour les cultures dépendront aussi de l’évolution de la météo dans les prochains jours. Ce week-end, la Chaîne Météo prévoit une « intensification des gelées et lundi devrait être la matinée la plus froide », comme l’indiquent les cartes ci-dessous. Nous ne manquerons pas de suivre avec attention la suite des évènements.  

Retrouvez toutes les prévisions météorologiques de vos parcelles en vous connectant sur la météo Agri Mutuel.