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Syppre Berry : « le système innovant tire son épingle du jeu en 2024 »


TNC le 17/01/2025 à 05:02
SyppreBerryplateforme

Que les résultats soient positifs ou non, ces premières années d'expérimentation sur la plateforme Syppre Berry ont permis de générer des enseignements utiles pour la transition agroécologique en sols argilo-calcaires moyens, notent les équipes du projet. (© TNC)

Comme chaque année, les équipes du projet Syppre en sols argilo-calcaires du Berry visant la multiperformance (économique, environnementale et de productivité) dressent le bilan des résultats et des enseignements de la campagne écoulée. Retrouvez ceux de 2024, « année historiquement difficile pour les grandes cultures ».

« Le climat atypique de la campagne 2023-24, particulièrement pluvieux de l’automne 2023 à l’automne 2024, a fortement affecté les semis et les récoltes des cultures d’hiver comme de printemps dans la région. Dans le dispositif expérimental Syppre Berry, les objectifs de rendement ne sont pas atteints pour l’ensemble des cultures, du fait de ces conditions mais également de l’impact des lièvres et pigeons sur pois et tournesol, des dégâts liés aux ravageurs, de la grêle sur millet… », énumèrent les équipes de ce projet lancé en 2015.

« Cependant il faut noter que les rendements des céréales du système innovant testé sont très corrects au vu des conditions de la campagne, et sont bien supérieurs à ceux du système témoin : + 11 q/ha pour les orges et + 4 à 9 q/ha pour les blés. Le rendement du colza témoin dépasse en revanche celui de l’innovant de 2,8 q/ha. »

Ce dernier implanté en semis direct s’est montré « moins robuste, de croissance moins dynamique, que le colza témoin implanté en TCS, ce qui conduit à une sensibilité plus importante aux ravageurs (altise, charançon de la tige, méligèthe) et à un nombre de pieds avec port buissonnant à floraison plus important ».

Une campagne impactée par un contexte climatique pluvieux

Concernant l’implantation des cultures de printemps, « les conditions climatiques non favorables en mars et la reprise difficile du travail du sol ont empêché l’implantation de la lentille, remplacée par un tournesol. Les implantations de tournesol et millet ont été relativement satisfaisantes, en particulier dans les modalités où un couvert d’interculture avait été semé en semis direct ».

Pour la campagne 2023/24, la lentille a été remplacée par un tournesol dans le système innovant (pas de créneau de semis du fait des conditions climatiques). (© Syppre Berry)

Du côté des maladies, « malgré une forte pression en particulier sur colza (mycosphaerella) et céréales (septoriose, ramulariose), l’impact sur le rendement paraît plutôt limité. Le semis tardif des pois a permis une meilleure maîtrise du colletotrichum que les années précédentes, avec un impact, certes visible mais plus tardif que dans la plaine. Les ravageurs des cultures ont été bien maîtrisés sur la plateforme, à l’exception des pigeons et des lièvres qui pénalisent très fortement le rendement du pois et des tournesols. La présence de cécidomyies sur céréales est aussi à noter, bien que l’impact est resté limité sur le rendement dans quelques parcelles ».

Les équipes Syppre Berry observent aussi une incidence des conditions climatiques de l’année sur « la nutrition azotée de la majorité des culture, et ce dans les systèmes témoin comme innovant, avec des indices de nutrition azotée à floraison très faibles ».

La gestion des adventices

La gestion des adventices reste « la problématique majeure de la plateforme » : « elle s’est améliorée dans le système innovant sans être encore totalement satisfaisante malgré tout en 2024 , à l’inverse du système témoin où elle est non satisfaisante et se dégrade. Le système colza/blé/orge atteint ses limites », selon les équipes Syppre Berry.

Ils détaillent : « la campagne 2024 confirme les résultats des années précédentes, à savoir l’intérêt de la rupture avec des cultures d’été, en particulier du millet qui peut être semé mi-mai après les dernières levées de vulpins, mais également du tournesol (orge de tournesol très propre en 2024, avec un gain de rendement de 11 q/ha par rapport au témoin, qui s’explique notamment par la moindre concurrence avec les adventices) ».

À noter aussi : « l’intérêt de la stratégie d’évitement des levées de graminées (glyphosate puis semis en direct) lorsque les conditions le permettent. L’écart d’IFT de – 1,3 du colza innovant semé en SD par rapport au colza témoin semé en TCS l’illustre bien ».

« La stratégie mise en place pour réduire les IFT herbicide tout en maintenant une bonne maîtrise semble également pertinente, avec une impasse du traitement de pré-levée dans les situations les moins risquées (précédent propre, semis en SD et/ou semis tardif). Cela a conduit a réduire l’IFT herbicide en céréales par rapport à l’année dernière tout en maintenant une bonne maîtrise. Dans le système témoin, malgré la réalisation d’un labour avant l’implantation de l’orge, la situation n’est pas satisfaisante, ce qui illustre bien la difficulté de gestion des graminées dans les systèmes colza-blé-orge ».

Qu’en est-il de l’objectif de multiperformance ?

Sur ces 8 premières campagnes d’expérimentation, les performances du système innovant « en moyenne très bonnes en termes de réduction de l’usage des intrants et des impacts environnementaux, grâce à l’introduction de cultures de diversification peu exigeantes en intrants. Si l’apport d’azote minéral est stable depuis 2016 et conforme aux objectifs de réduction, l’objectif de réduction d’IFT de – 50 % par rapport à la référence régionale n’est pas atteint et l’IFT est même en augmentation ces dernières années. En 2023, il est supérieur au témoin, du fait des programmes herbicides chargés sur céréales, colza et tournesol. Cependant, les efforts de réduction des herbicides réalisés cette année contribuent à expliquer la baisse de l’IFT observée en 2024, qui est de 3,8 soit environ – 30 % par rapport à la référence régionale et au témoin », expliquent les responsables de Syppre Berry.

Performances du système de culture innovant Syppre Berry (et variation par rapport à l’objectif). (© Syppre Berry)

« En pluriannuel, on peut noter que l’atteinte des objectifs économiques est variable : les années à été humide (2017, 2021, 2023) sont favorables aux cultures de printemps et donc au système innovant. »

« Le gain de marge du système innovant par rapport au témoin n’a jamais été aussi important qu’en 2024 (+ 137 %), ce qui s’explique notamment par les très mauvaises performances du témoin en 2024. En moyenne pluriannuelle, les marges des deux systèmes sont équivalentes, mais celle du système innovant est plus variable, traduisant encore un manque de robustesse ».

« Que les résultats soient positifs ou négatifs », les équipes Syppre Berry estiment que « ces premières années d’expérimentations ont permis de générer des enseignements utiles à tous ceux qui souhaitent s’engager dans la transition agroécologique en sols argilo-calcaires moyens ».

Retrouvez leur synthèse dans le tableau ci-dessous :

Enseignements des 7 premières années d’expérimentation du système innovant du Berry. (© Syppre Berry)