Tereos lance un « sauté » à base de protéines de blé
Grandes cultures le 01/03/2017 à 12:25
Produire du « sauté végétal » à partir de protéines de blé : le géant français du sucre et des céréales Tereos, qui a inauguré mardi un site-pilote en Alsace, fait ce pari, se positionnant sur un marché mondial où les protéines animales risquent de manquer.
De l’unité-pilote inaugurée mardi à Marckolsheim (Bas-Rhin), où Tereos possède des amidonneries pour le blé et le maïs, sortent des petites bouchées composées de protéines de blé et de farine de pois chiches, à la texture assez ferme et au goût relativement neutre, relevé par un bouillon d’épices. Ce « sauté végétal », testé depuis peu auprès de clients de la restauration collective avant une éventuelle commercialisation à plus grande échelle, doit permettre à Tereos de valoriser les protéines qui restent après l’extraction de l’amidon du blé et représentent environ 11 % de la céréale, tout en se positionnant sur un créneau porteur.
Selon le Fonds pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les besoins en protéines vont en effet doubler dans le monde d’ici à 2050 et alors que 70 % de ces besoins sont aujourd’hui comblés par des protéines animales, celles-ci ne suffiront plus. « Il y a un vrai besoin au niveau international (de valorisation des protéines végétales, NDLR) et c’est maintenant qu’il faut innover, car dans 10 ans le marché sera peut-être stabilisé avec une nouvelle offre alimentaire autour des protéines végétales », estime Jean-Michel Chardigny, directeur de recherches à l’Institut national de la recherche agronomique.
En 2016, Tereos s’est engagé, aux côtés de six autres acteurs français du secteur réunis au sein du consortium « Protéines France » à développer cette filière en France. Le projet de « sauté végétal », lauréat en 2016 du prix de l’ambition « Protéines végétales » au Concours Mondial de l’Innovation, a bénéficié du soutien de la Banque Publique d’Investissement.
« Notre ambition, c’est de faire de la France un leader mondial des protéines », a insisté mardi le secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie, Christophe Sirugue, qui avait fait le déplacement à Marckolsheim.
Pour le président du directoire de Tereos Alexis Duval, la France devra toutefois surmonter un handicap, grâce à un effort de recherche : « la trop faible teneur en protéines de nos blés français », qui s’élève à 11 % contre 14 % dans certains pays d’Europe de l’Est. Alexis Duval a également souligné que l’autre grande source de protéines végétales, le soja, était essentiellement issue de la puissante industrie agroalimentaire américaine.
Premier producteur français et troisième producteur mondial de sucre, Tereos emploie 24.000 personnes dans le monde et transforme 44 millions de tonnes de betteraves, blé, maïs, canne à sucre et autre luzerne par an.