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Un retour à la stabilité « progressif mais fragile » sur les marchés européens


TNC le 10/10/2024 à 14:43
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Après plusieurs années de volatilité, la Commission européenne décrit une tendance à la stabilisation des marchés agricoles européens. (© manassanant, AdobeStock)

Les marchés agricoles européens retrouvent peu à peu une forme de stabilité, selon la Commission européenne. Les événements météorologiques, les conflits géopolitiques et les maladies animales et végétales apportent néanmoins leur lot d’incertitudes, et les trésoreries des exploitations européennes sont menacées.

La Commission européenne a publié mardi son rapport d’automne sur les perspectives à court terme des marchés agricoles de l’UE. Ceux-ci « se stabilisent progressivement » après plusieurs chocs et une forte volatilité ces dernières années, résume-t-elle, mais cette stabilité reste « fragile ».

Le rapport explique ces tendances positives à la stabilisation par la baisse régulière des coûts des intrants ces derniers mois, tandis que l’inflation des denrées alimentaires est revenue à un niveau modéré. Les prix des produits alimentaires restent néanmoins plus élevés de 32 % qu’en 2020, en moyenne.

Le rapport entre les prix des engrais et ceux des céréales (maïs, blé, orge) depuis juin 2023 a augmenté, indiquant que les engrais sont moins accessibles financièrement pour les agriculteurs européens. (© Commission européenne)

Vers une amélioration de la demande ?

« L’environnement macroéconomique général et celui des prix alimentaires laissent présager une amélioration possible de la demande de produits agroalimentaires dans la plupart des secteurs », note la Commission.

La croissance économique de l’UE a de fait été revue en légère hausse : les ménages continuent de fortement épargner, mais les effets du resserrement de la politique monétaire devraient se réduire, d’où davantage d’investissements et de demande.

Côté énergies, les prévisions n’anticipent pas de hausse des prix du pétrole. Ceux du gaz naturel ont été revus en hausse à l’approche de l’hiver, mais les réserves dans l’UE sont déjà quasi remplies et devraient permettre de répondre à la demande.

Ces perspectives de stabilité sont soumises aux événements météo, aux maladies animales et végétales, aux conflits mondiaux.

« Les évolutions macroéconomiques et énergétiques futures restent très incertaines, car les événements géopolitiques et les évolutions alternatives des prix des matières premières pétrolières et gazières auraient un impact significatif sur ces estimations », précise le rapport.

Baisse de production céréalière et oléagineuse

La Commission estime la production céréalière 2024 de l’UE à 260,9 Mt, soit 7 % de moins que la moyenne quinquennale et la plus faible production de la dernière décennie, due à une météo qui a affecté à la fois les surfaces et les rendements. Le blé tendre et le maïs ont été les plus impactés, tandis que la récolte européenne d’avoine, d’orge et de blé dur a augmenté.

La production européenne d’oléagineux devrait atteindre 29,7 Mt (- 8 % sur un an), en raison d’une baisse des superficies de colza et de conditions météo défavorables pour le tournesol. Mais la production de soja tirerait son épingle du jeu : + 8 % sur un an, reflétant une hausse des superficies (+ 11 % sur un an).

Notons aussi que la consommation d’huiles végétales de l’UE continue de se replier (14 % sous la moyenne quinquennale).

La production européenne de sucre en 2024 serait par ailleurs en hausse de 1 Mt par rapport à 2023, en lien avec l’augmentation des surfaces cultivées, entraînée par les prix record des prix du sucre. Cela pourrait « inciter les agriculteurs à abandonner d’autres cultures arables ». La consommation étant estimée stable, le rapport s’attend à une baisse des importations de sucre sur 2024/25.